Conte nuptial ★★☆☆

Sami et Micka sont voisins, collègues de travail et les meilleurs amis du monde. Pour épicer leur quotidien monotone, ils décident, au nom de l’amitié qui les lie d’échanger leurs épouses. Pour que l’usurpation réussisse, ils doivent accentuer leurs ressemblances et copier les pratiques sexuelles de l’autre époux. Mais, Agathe et Mélissa ont vent du mauvais tour que leurs époux veulent leur jouer. Elles décident de leur en jouer un autre.

Conte nuptial est né, raconte sa réalisatrice, du choc que lui a causé que la lecture d’une nouvelle de Roald Dahl, un auteur bien connu pour ses livres pour enfants (Charlie et la Chocolaterie, Fantastique Maître renard), publiée en 1974 dans la revue Playboy. Sous couvert d’humour et de libertinage, La Grande Entourloupe racontait en fait la perpétration du double viol de deux femmes non consentantes par le meilleur ami de leur mari respectif.

On aurait pu craindre qu’un tel point de départ ne conduise à un film #MeToo à la morale sentencieuse. Heureusement, Claire Bonnefoy évite ce travers et livre plutôt un délicieux marivaudage filmé dans le cadre presque surréaliste d’une ville de province [je n’aurai pas réussi à l’identifier] et de deux villas hyper-modernes de sa banlieue cossue – si rien n’est dit du travail des quatre protagonistes, on peut déduire de leur cadre de vie qu’ils ont une belle situation.

Conte nuptial est charmant. Pourtant ses quatre interprètes forment un assemblage disparate. Par son abattage hors du commun, par sa célébrité grandissante, Raphaël Quenard écrase ce quatuor. Et Inas Chanti, découverte chez Antoine Desrosières (À genoux les gars) est trop jeune pour le rôle. Le charme de Conte nuptial vient plutôt de ses dialogues, de sa mise en scène, de ses décors décalés, de ses partis pris théâtraux – on imagine fort bien ce film-là au théâtre.

Cinquante ans ont passé depuis la publication de la nouvelle de Roald Dahl. Ce qui constituait à l’époque une blague potache apparaît aujourd’hui comme une perfidie intolérable. Dont acte. Pour autant, si on y regarde de plus près, la conclusion de la nouvelle et la conclusion du film sont étonnamment proches. [Attention spoiler] Dans la nouvelle, l’épouse de Vic, après que Terry s’est glissé dans son lit à son insu, confesse au réveil à son mari, marri, qu’il ne lui a jamais fait aussi bien l’amour que la veille. Dans le film, c’est exactement à la même conclusion qu’Agathe aboutit, qui a découvert dans les bras de Sami un plaisir que son mari ne lui avait jamais donné.

La bande-annonce

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