Matthew, la quarantaine, quitte Montréal pour revenir à Winnipeg sa ville natale après la mort de son père pour s’occuper de sa mère vieillissante. Il y découvre une ville métamorphosée où l’anglais a été remplacé par le farsi. Son chemin croise celui de Massoud, un guide touristique, et de deux jeunes sœurs qui ont découvert un billet prisonnier d’un bloc de glace.
Jetez un oeil à la bande annonce de ce film hors normes, qui représentera le Canada à la prochaine cérémonie des Oscars (où il aura fort à faire face à Emilia Perez, Flow ou Les Graines du figuier sauvage). C’est un croisement étrange entre Jacques Tati, Wes Anderson, Roy Andersson, Abbas Kiarostami et Guy Maddin – l’autre cinéaste de Winnipeg et figure tutélaire du cinéma canadien.
Matthew Rankin filme une ville sans charme sous la neige, pour laquelle néanmoins il a la tendresse qu’on porte à sa ville natale. Sa caméra est statique et son film organisé en longs plans immobiles, dépourvus de lignes d’horizon, enfermant ses personnages dans des cadres dont ils semblent condamnés à ne pas sortir. Le tout baigne dans une ambiance loufoque sinon absurde dont on ne sait que penser : le farsi est devenu la langue véhiculaire de Winnipeg sans qu’on sache pourquoi, les dindes y sont l’animal domestique le plus familier, en lieu et place des chats et des chiens.
Le résultat est déconcertant. On pourra s’y laisser prendre, à condition d’aimer être surpris et de lâcher prise. On pourra tout au contraire n’y pas adhérer et considérer, comme l’écrit excellement Clarisse Fabre dans Le Monde, que ce film fait trop d’effort à « décréter le bizarre » pour être totalement convaincant.