La Voyageuse ☆☆☆☆

Iris (Isabelle Huppert), une Française, vit à Séoul des cours de français qu’elle donne à des Coréens déconcertés par sa méthode peu orthodoxe. Un jeune poète coréen lui offre un toit.

Dix ans après In Another Country (2012), cinq ans après La Caméra de Claire (2017), Isabelle Huppert tourne pour la troisième fois avec Hong Sangsoo. La star française s’est abondamment expliquée dans la presse sur l’étonnante méthode du réalisateur coréen et sur le plaisir qu’elle prenait à sa direction : «Moins Hong Sang-soo m’en dit et plus ça me plaît» a-t-ele confié à Libération.

Qu’Isabelle Huppert prenne plaisir à ses tournages – et se fasse payer ainsi des voyages sympas en Extrême-Orient, tant mieux pour elle. Le problème est le spectateur qui est le grand oublié de ces happenings improvisés entre le réalisateur et ses acteurs.

Hong Sangsoo tournant environ deux films par an, j’en ai chroniqué près d’une vingtaine depuis que je tiens ce blog car j’ai le masochisme d’aller les voir tous. Ces critiques sont assez drôles à lire dans leur ordre chronologique – si ce n’est que je m’y répète beaucoup de l’une à l’autre : j’y oscille métronométriquement entre un abattement défaitiste et un sursaut d’indulgence. Comme si j’essayais de me persuader, sans doute influencé par les critiques laudatives de la presse autorisée, que les films de Hong Sangsoo valaient décidément mieux que ce que j’en pensais.

Mais vient le moment de dire stop. Il est peut-être arrivé avec ce film de trop. Qu’y voit-on ? Trois scènes qui s’étirent interminablement (La Voyageuse dure quatre-vingt-dix minutes alors que les précédents films de Hong Sangsoo avaient l’élégance d’en durer quinze ou vingt de moins) entre lesquelles s’intercalent quelques plans de coupe filmés en extérieur. On y voit Isabelle Huppert, qui, dans tout le film, porte la même robe à fleurs et le même gilet vert, successivement dans trois appartements : face à une élève coréenne pianiste amateure, avec une autre plus âgée que rejoint son mari, enfin chez le jeune poète qui l’héberge avant que sa mère ne débarque.
Saute aux yeux la façon surréaliste dont ont été tournées ces scènes : avec deux mots d’indication sur leurs personnages, les acteurs ont été abandonnés à eux mêmes devant une caméra qui tourne sans interruption. On les sent mal à l’aise dans cet exercice d’improvisation qu’ils ponctuent de rires gênés qui masquent mal leur nervosité. On aurait aimé qu’ils se tournent vers la caméra et qu’ils aient le courage de dire : « arrêtons ce cirque ».

La bande-annonce

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