L’Attachement ★★★☆

Sandra (Valéria Bruni Tedeschi), quinquagénaire féministe, célibataire et indépendante, se retrouve bien malgré elle impliquée dans la vie de son voisin Alex (Pio Marmaï) dont l’épouse décède brutalement en donnant naissance à une petite fille. La défunte laisse à Alex un orphelin, Elliot, né d’un premier mariage avec un amour d’enfance (Raphaël Quenard). Elliot, traumatisé par la mort de sa mère, reporte son affection sur sa voisine tandis qu’Alex peine à se reconstruire.

Une bande-annonce qui nous promet « un hymne à la vie » est pour moi – et pour mon fils qui a hérité d’on-ne-sait-où une ironie mordante – un repoussoir immédiat. Celle de L’Attachement avait eu ce défaut-là. Aussi ai-je laissé passer son avant-première et ne me suis-je pas rué le voir dès le jour de sa sortie. Heureusement, je me suis rattrapé le week-end suivant et n’ai pas raté ce film auquel j’ai bien failli mettre ces fameuses quatre étoiles que j’octroie si chichement.

Car L’Attachement m’a brisé le cœur. Dès la première scène, celle de la mort de la mère d’Elliott, à laquelle pourtant la bande-annonce nous a préparés, j’ai sorti mon premier Kleenex. J’en ai sorti beaucoup d’autres, notamment lors d’une scène où Emilia (Vimala Pons), la pétulante pédiatre avec laquelle peut-être Alex refera sa vie, pleure derrière une porte fermée.

C’est peut-être cet excès de larmes versées qui m’a retenu de donner à L’Attachement sa quatrième étoile. J’ai essayé, à tort ou à raison, de mettre de côté l’émotion qu’il avait fait naître en moi pour le juger objectivement. La froide objectivité me conduit à dire que c’est un très bon film, mais que ça n’en est pas un qui marquera l’histoire du cinéma et qui restera dans les mémoires. D’où ces trois étoiles seulement – dont tu auras compris, ami lecteur qui me connais bien, que je les regrette.

L’Attachement est l’adaptation d’un livre d’Alice Ferney paru en 2020, L’Intimité. On pourrait s’interroger sur ce glissement. Il me semble bienvenu. L’attachement est en effet un sentiment précieux et rare, différent de l’amour et de l’amitié, sur lequel cette histoire nous invite à nous interroger. L’Intimité était l’oeuvre d’Alice Ferney, une écrivaine , diplômée de l’Essec (!), que j’aime énormément. Son dernier, Deux Innocents, fut même mon livre préféré en 2023.

L’Attachement peut se prêter à une lecture sociologique. Son histoire est emblématique des familles recomposées. Il n’y a aucun lien de sang entre le petit Elliot et Alex, qui rencontre sa mère alors qu’Elliot est nourrisson, qui l’épouse, qui conçoit avec elle un autre enfant, sa demi-soeur. Il y en a encore moins entre Elliot et Emilia, avec laquelle Alex fait son deuil de sa femme. Et que dire des liens entre Elliot et Sandra, la voisine ? Pourtant circulent entre eux un amour, une amitié, en un mot un attachement terriblement puissant.

Carine Tardieu est à la réalisation. Elle n’est pas célèbre. Pourtant tous ses films – L’Attachement est le cinquième en dix-huit ans – qui creusent à l’os les liens du cœur, visent juste : La Tête de Maman, Du vent dans mes mollets, Ôtez-moi d’un doute sur une amour contrariée par la découverte d’un lien de filiation inconnu, Les Jeunes Amants sur la liaison adultère d’un homme avec une femme plus âgée que lui…

Elle dirige un trio d’acteurs impeccables. Valéria Bruni-Tedeschi, Pio Marmaï et Vimala Pons ont la même qualité et le même défaut : ils ont de l’énergie à revendre et une fâcheuse tendance, lorsqu’ils sont abandonnés à eux-mêmes, au surrégime. ce qui frappe ici, c’est leur sobriété. Valéria Bruni Tedeschi, trop souvent abonnée aux rôles d’hystériques (si ce mot peut encore être utilisé), est parfaite de retenue. Mais c’est Vimala Pons qui, comme d’habitude, m’a transporté, même si sa dernière scène ne m’a pas semblé très crédible.

La bande-annonce

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