Black Dog ★☆☆☆

À sa sortie de prison, Liang revient dans sa ville natale. Il peine à la reconnaître : l’ancienne cité minière, quasiment vidée de ses habitants, est hantée par des hordes de chiens sauvages. La police l’assigne dans une brigade chargée d’en débarrasser la ville. Liang prend sous sa garde un corniaud décharné suspecté d’être enragé. Son père se meurt lentement. Un cirque fait escale dans la ville.

Prix « Un certain regard » au dernier festival de Cannes, Black Dog était projeté en avant-première au festival de Vesoul du cinéma asiatique le mois dernier. Son action se déroule dans des paysages post-apocalyptiques, à la Mad Max, en lisière du désert de Gobi. Comme dans White God, ce film hongrois sorti en 2014 qui m’avait durablement marqué, des chiens ramenés à un état sauvage y jouent un rôle essentiel, laissant imaginer combien le tournage fut périlleux et difficile.

Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris de Black Dog qui part dans trop de directions pour que chacune des métaphores qu’il dessine fasse sens.
La plus évidente est sans doute celle du statut de paria que partagent ce repris de justice taiseux et ce corniaud décharné. L’un et l’autre, frappés d’infamie, sont ostracisés, marginalisés. L’un avec l’autre vont retrouver ensemble la fraternité que la société leur refuse.
Autre métaphore : celle d’une société policière qui poursuit inlassablement ses éléments déviants et les parque dans des camps. Une telle position politique était-elle tenable dans un film qui a franchi la censure et qui a été diffusé en Chine continentale ? D’autant que, dans la dernière partie du film, quasiment fellinienne, tandis que la population s’assemble pour regarder une éclipse solaire, l’ordre établi cède, les animaux sont remis en liberté.
Un dernier sous-texte : la filiation. Liang retrouve son père en piteux état, rongé par l’alcoolisme et l’amertune, installé dans un zoo désaffecté. [attention spoiler] Il le veillera sur son lit de mort jusqu’à son dernier soupir. Comme il veillera ce chien qu’il a pris sous son aile. Et il adoptera le chiot que son protégé a engendré, laissant planer l’augure qu’il en prendra plus de soin que son propre père n’en a pris à son éducation.

Nous avons eu un vif débat à la sortie du film, avec les amis qui nous accompagnaient. Ils étaient tous beaucoup plus enthousiastes que moi insistant sur la majesté des décors, sur l’originalité du scénario, sur sa richesse. J’étais le moins emballé. Je reproche à Black Dog son inutile longueur (il dure près de deux heures et sa dernière demi-heure est interminable) et les thèmes trop nombreux qu’il esquisse à peine (qu’advient-il de cette entreprenante actrice de cirque qui s’entiche du héros et qui le demande même en mariage ?)

La bande-annonce

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