Parthenope est née sur les bords de la Méditerranée, à Naples, au sein d’une famille fortunée, au début des années 50. Elle y passera sa vie.
La Grande Bellezza avait eu un tel succès que Paolo Sorrentino essaie de refaire pour Naples ce qu’il avait réalisé pour Rome : un film qui en capte l’essence et qui ralliera tous ceux – et ils sont nombreux – qui sont amoureux de la cité parthénopéenne. Car, à ceux qui, comme moi, l’ignoraient, ce film aura eu au moins le mérite de nous apprendre que Parthenope était le nom de la colonie grecque qui donna naissance à Naples.
Hélas, ce qui a marché une fois ne fonctionne pas deux. Comme sa bande-annonce le laissait augurer, qui ressemblait plus à une publicité pour Dior qu’à la bande-annonce d’un film, Parthenope s’égare dans ses belles images et dans la contemplation masturbatoire de sa splendide héroïne, l’ancienne mannequin Celeste Dalla Porta.
Le film raconte moins une histoire qu’il ne met en scène une série de rencontres. Avec John Cheever (Gary Oldman), le célèbre romancier américain dont Parthenope dévore tous les romans et qui finit sa vie à Capri. Avec une professeure de théâtre obsédée par son image. Avec une ancienne diva qui professe un mépris souverain pour sa ville de naissance. Avec un professeur d’anthropologie dont Parthenope fera à la fois son père de substitution et son mentor. Avec un mafieux terriblement séduisant. Avec un évêque ambitieux et libidineux… Le tout sur fond d’une musique envahissante qui fait alterner les grands airs classiques aux tubes dégoulinants de la pop italienne (les fans de Richard Cocciante – s’il en existe encore – en auront pour leur argent)
Ces rencontres sont autant de courtes saynètes qui, prises isolément, ont leur intérêt (la scène avec le mafieux est malaisante à souhait, l’évêque ne se laisse pas oublier de sitôt) ; mais, mises bout à bout, elles ne font pas grand sens. On aurait pu en rajouter quelques unes, en ôter quelques autres, sans que l’architecture de l’ensemble en soit modifiée. Parthenope reste identique à elle-même, n’évolue pas, clouée au drame séminal qui a endeuillé la fin de son adolescence.
L’autre reproche que je ferai à Parthenope est d’être un film sur Naples qui ne nous en montre presque rien sinon quelques rares vues du Vésuve ou de Capri, du Castell dell’Ovo ou de la Galleria Umberto I. Je n’exclus pas dans mon reproche une part de mauvaise foi : si on en avait plus vu, j’aurais peut-être regretté une imagerie de carte postale. Mais l’attrait de Naples étant le ressort puissant qui m’avait donné envie de voir ce film, j’en suis ressorti bien frustré.
Un film parfait. Comment peut-on bouder son plaisir face à une telle accumulation d’élégance et de beauté ? Parthénope, c’est surtout le nom d’une déesse, et qui mieux que Céleste Dalla Porta pouvait incarner cette héroïne surnaturellement belle ? Elle est brune, légèrement bouclée et subtilement rousse, ce qui est la moindre des choses pour une Italienne. Ce Naples n’est certes pas de carte postale, mais ses rues sont une toile de fond puissante à la mélancolie qui nimbe l’héroïne au fil de ses improbables et chastes rencontres. Vous avez dit frustration ? Sans doute celle-là même qui vous conduit à tremper votre plume dans l’acide.