Katia Reiter (Marina Foïs) vit depuis plusieurs années en Guadeloupe et y dirige l’Observatoire de volcanologie. Un jeune thésard, Aimé (Théo Christine) l’assiste. Ils voient avec inquiétude les signes avant-coureurs d’une explosion volcanique à la Soufrière. La prudence leur dicte-t-elle de recommander au préfet l’évacuation ? ou le risque est-il trop faible pour prendre une mesure si radicale qui pourrait s’avérer inutile ?
Les films catastrophe sont construits sur un schéma immuable. Un volcan menace d’entrer en éruption (ou un tsunami de ravager le littoral ou un requin vorace d’y dévorer les baigneurs). Un scientifique (ou un garde-côte) alerte en vain du danger imminent les autorités qui, par incompétence ou par malhonnêteté, lui font la sourde oreille. La catastrophe fatalement intervient : le volcan entre en éruption (le tsunami dévaste le littoral ou le requin carnivore passe à table). Le valeureux scientifique sauve la moitié du village d’une mort certaine, tandis que le maire/député corrompu et incompétent meurt en refusant d’emporter son coffre-fort dans sa fuite.
Magma est l’inverse d’un film catastrophe. Il met très concrètement en scène, comme on l’a tous vécu au moment du Covid, les dilemmes qui se posent aux scientifiques et aux dirigeants politiques face à une catastrophe qui vient. Quelle est la réaction pertinente face à un risque ? Si la science n’offre aucune certitude, si elle est incapable de prédire l’avenir sans risque d’erreur, quelle est la bonne attitude à adopter ? Ne risque-t-on pas, au nom du principe de précaution, de sur-réagir en grossissant un risque dont on n’est pas sûr qu’il se concrétise, par exemple en Guadeloupe en ordonnant une évacuation inutile qui bouleverserait la vie de milliers d’habitants ? Ne risque-t-on pas au contraire de sous-réagir en ne prenant pas en temps utile les mesures nécessaires pour prévenir une catastrophe qui risquerait d’être meurtrière si elle venait à se réaliser ?
Le sujet est passionnant. Il se double dans Magma d’une réflexion sur la situation coloniale dans laquelle vit encore aujourd’hui la Guadeloupe, sur les tensions qui opposent les métros aux créoles, sur la confiance érodée dont jouissent les autorités (Mathieu Demy y joue le rôle d’un préfet bien trop dépenaillé pour faire un préfet crédible)
Mais hélas, Magma souffre de son handicap initial. Le film catastrophe hollywoodien est organisé autour d’une catastrophe, qui en constitue l’horizon et le point d’orgue, et remplit la promesse d’images impressionnantes. Construit autour de l’attente d’une catastrophe qui ne vient pas et de l’anxiété que cette attente fait naître, Magma se prive par construction du feu d’artifice pyrotechnique que ladite catastrophe aurait permis.