Libertate ★★☆☆

Décembre 1989, Sibiu en Transylvanie. Le régime autoritaire de Ceaucescu vient de tomber. La foule en colère manifeste et exige l’arrestation des anciens communistes. Les forces de l’ordre ne savent comment réagir ni à quel saint se vouer. Les militaires sont les premiers à retourner leur veste et à arrêter les policiers accusés d’être les exécutants des basses oeuvres de l’ancien régime. Ils sont entassés pêle-mêle dans une piscine vidée de son eau.

Trois semaines seulement après Ce Nouvel An qui n’est jamais arrivé sort sur les écrans français un nouveau film roumain. Il a le même thème, la révolution roumaine de 1989, preuve s’il en fallait qu’elle a marqué les esprits. Libertate commence exactement au moment où Ce Nouvel An… se terminait : l’un racontait les hésitations de Roumains ordinaires avant la chute du régime, l’autre décrit le chaos qui s’en est suivi. Il faudrait, si ce n’est pas déjà fait, écrire un article ou un livre sur la révolution roumaine vue à travers son cinéma.

Libertate a une grande vertu historique. Il décrit ce moment précis où le pouvoir vacille, s’écroule et change de main, laissant les acteurs dans le brouillard. Les livres d’histoire en rendent rarement compte, qui rationalisent et éclairent a posteriori une succession d’événements rapides et confus. Ici, les catégories morales traditionnelles volent en éclat. les policiers de la Securitate deviennent les victimes d’un ordre inique qui au nom de la purge anticommuniste les accusent de « terrorisme ». Faute de certitudes, on se raccroche aux rumeurs les plus fantaisistes qui circulent : la police a tiré sur la foule, l’eau est empoisonnée…

Le problème est que cette ambiance là n’est guère cinématographique. Tout est flou dans Libertate, surtout dans sa première moitié où on peine à comprendre qui est qui, à distinguer les bons des méchants, à reconnaître les personnages principaux aux pas desquels on va s’attacher tel ce policier, père de famille, qui veut à tout prix être relâché pour le baptême de son fils le 7 janvier. Un oeil plus familier de la Roumanie identifierait peut-être les protagonistes ; mais le spectateur français que je suis s’est perdu dans ce jeu de dupes illisible (je n’ai pas compris qui était la femme à toque qui sillonne la ville avec sa fille : l’épouse d’un prisonnier ? une policière elle-même ?).

La bande-annonce

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