Familia ★★☆☆

Luigi et son frère aîné Alessandro ont souffert de souffrances domestiques. Franco, leur père violent, battait Licia, leur mère. Emprisonné, tenu à distance de sa femme par une mesure d’éloignement après son élargissement, il n’exerçait pas moins sur elle une emprise maladive, qui le laissait se réinstaller au domicile familial où il reprenait vite ses vieilles habitudes. Par réaction à cette menace, Luigi s’est engagé dans un groupuscule fasciste.

Familia est l’adaptation d’u roman autobiographique de Luigi Celeste. Il y raconte son enfance traumatisante, son enrôlement et ses conséquences funestes.

Francesco Costabile, dont le premier film était inédit en France, réussit à recréer une atmosphère étouffante qui justifie largement l’interdiction de Familia aux moins de douze ans. La réussite du film doit beaucoup à l’interprétation de Francesco Di Leva (Dernière Nuit à Milan, Nostalgia) dans le rôle de ce père en apparence bonhomme. Elle lui a valu l’an dernier à Rome le David du meilleur second rôle, l’équivalent du César. Le reste du casting est au diapason, qu’il s’agisse de la mère (Barbara Ronchi), de Luigi (Francesco Gheghi, prix d’interprétation masculine de la section Orizzonti à la Mostra en 2024) ou même de sa petite amie (Tecla Insolia) qui essaie sans succès de l’arracher à l’atavisme auquel il semble condamné.

Familia est un film glaçant sur les violences familiales. Le sujet semble être en Italie encore plus d’actualité qu’en France si on en croit l’audience l’an passé de Il reste encore demain – un titre optimiste qui résonne avec celui du livre de Luigi Celeste Non sarà sempre così. Il rappelle aussi l’un de tes tout meilleurs films français de ces dix dernières années au succès mérité, Jusqu’à la garde, cinq César en 2019 dont celui du meilleur film.

Il évoque aussi le fascisme et la manière dont il enrégimente les plus fragiles. Le sujet n’est pas nouveau qu’on a vu traité aux Etats-Unis (American History X), au Royaume-Uni (This is England), en France ( Un français, Chez nous) et même en Italie (Dogman).

Familia utilise un matériau documentaire pour un thriller noir, tourné dans des lumières artificielles très contrastées, surligné par une musique oppressante. Il évite le piège du manichéisme : Luigi et sa mère ne se réduisent pas à être les victimes passives de la violence de Franco mais sont aussi celles de leurs choix malheureux.

La bande-annonce

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