Ange (Arthur H.) est musicologue. Il accumule des témoignages de la musique tzigane : des enregistrements, des partitions, des ouvrages d’art… Dans son van orange, transformé en salon de musique, il traverse la France du nord au sud pour retrouver Marco (Mathieu Amalric) et solder avec lui une vieille dette. Solea (Suzanne Aubert), une fille en mal de père, l’accompagne.
La septantaine bien entamée, Tony Gatlif tourne des films depuis un demi-siècle. Il s’est trouvé une vocation qu’il n’a jamais reniée : être l’ambassadeur des Gitans, témoigner de leur histoire invisibilisée, exalter la richesse de leur culture. Avec Gadjo Dilo, en 1998, il livre son œuvre la plus accomplie. Depuis lors, son cinéma a tendance à bégayer, répétant ad libitum les mêmes motifs.
Ange encourt les mêmes critiques. Son scénario en forme de road movie n’est qu’un prétexte à un long clip vidéo consacré à la musique gitane. Il revendique d’ailleurs sa part de surréalisme : le van Mercedes d’Ange croise des trios et des quatuors qui se produisent sur le bord de la route, au milieu de nulle part comme sur l’affiche du film. Il sert aussi de prétexte à distiller quelques aphorismes aussi édifiants qu’ampoulés sur la condition tzigane, son amour irréductible de la liberté, les persécutions que la communauté s’est attirées.
Arthur H., le fils de Jacques Higelin, y tient le haut de l’affiche. Sa silhouette dégingandée, le galurin vissé sur le crâne, le gilet noir forment un personnage très crédible. En revanche, je ne supporte plus Mathieu Amalric, qui fait une courte apparition dans le dernier quart du film, ses yeux hallucinés, sa diction grandiloquente.