Une petite fille est kidnappée, laissant ses parents fous d’inquiétude. Quelques mois plus tard, ils reçoivent des images volées par une caméra cachée, épiant les moindres gestes de leur vie privée. Leur auteur se révèle être un voisin qui vit seul avec sa mère aveugle.
Nous vient de Singapour un petit film étonnant dont on se demande – et dont je me demande encore – à quel genre il ressortit. S’agit-il d’un film policier, comme son pitch, son affiche et son titre l’annoncent ? Ou est-ce plus que cela ? Il s’inscrit prétentieusement dans la filiation du Fenêtre sur cour de Hitchcock. Pari osé et écrasant. Il ne se hisse pas bien sûr à son niveau. Mais il en a la même structure. Sa trame policière n’est que le prétexte à autre chose, comme dans le célèbre film du « maître du suspense ».
À autre chose ? Oui… mais à quoi ? Stranger Eyes ne cesse de nous déconcerter. Nous est très vite révélé l’auteur des mystérieux DVD déposés en cachette sous la porte du couple éploré, alors qu’on aurait pu légitimement penser que son indentification consisterait tout l’enjeu de l’enquête. Dès lors, le film prend un autre tour : il quitte le couple pour s’intéresser à ce mystérieux voyeur qui travaille dans un supermarché dont il a la charge de la sécurité. Puis, tout aussi soudainement, l’enfant disparu est retrouvé. Le film est-il terminé ? Non. C’est là que commence son dernier tiers, qui explique les motifs du comportement de ce mystérieux voisin.
J’en ai sans doute trop dit et on pourra légitimement me reprocher ce divulgâchage. Mais hélas, mis à part cette structure bizarre, qui ne respecte pas les canons du genre, Stranger Eyes n’a pas grand intérêt. En tous cas, la soi-disant mise en abyme de nos sociétés panoptiques où rien n’échappe aux caméras de surveillance est un sujet trop éculé pour justifier à lui seul l’intérêt.
Que penser de l’idée que le père négligeant serait finalement le voisin voyeur séparé de sa fille depuis des années? Grâce au mouvement des doigts derrière le dos.