Renoir ★☆☆☆

La petite Fuki a onze ans à peine. Elle est particulièrement précoce. La vie n’est pas simple pour elle dans cette petite ville japonaise de province en 1987 : son père se meurt lentement d’un cancer incurable et sa mère ne lui montre aucune tendresse.

Réalisatrice de l’intrigant Plan 75, la réalisatrice Chie Hayakawa, née en 1976, tourne un film dont on imagine la part d’autobiographie qu’il contient. Il met en scène une fillette confrontée à la perspective de la mort de son père. Il rappelle les trois gamins de Jardin d’été, leurs interrogations morbides sur la mort de la grand-mère de l’un d’entre eux et la candeur de leurs réponses glanées auprès d’un vieil homme solitaire dont ils débroussaillent le jardinet. Il rappelle aussi l’énergie débordante de l’héroïne de Déménagement, un autre film japonais qui mettait en scène une fillette perturbée par la séparation de ses parents.

Il est significatif que Jardin d’été et Déménagement aient été réalisés au début des années quatre-vingt -dix. C’est d’ailleurs à la même époque que se situe l’action de Renoir. Mais Renoir, lui, a été tourné de nos jours. Comparer ces trois films, qui traitent du même sujet, c’est réfléchir à l’évolution du cinéma japonais sur trente ans.
Il y a d’abord des différences techniques : la qualité du son, de l’image…
Il y a ensuite une façon bien différente de monter un film. Jadis un film était la succession platement chronologique de plusieurs scènes, d’une durée à peine inférieure à celle d’une scène d’une pièce de théâtre, avec ses champs et ses contre-champs. Aujourd’hui, le montage est beaucoup plus serré [Je serais curieux de connaître le nombre moyen de plans dans un film contemporain comparé à celui d’un film des années quatre-vingt-dix] et autorise des allers-retours temporels. Le flashback est bien sûr une invention ancienne, Citizen Kane ou Eve constituent des exemples célèbres ; mais désormais il n’est guère de films qui n’en contiennent quelques-uns.

Reste le fond. Et, sur le fond, la vérité oblige à dire que rien n’a vraiment changé. Jardin d’été, Déménagement et Renoir traitent du même sujet quasiment de la même façon. Je ne sais pas si c’est un point à charge pour le plus récent des trois. Le cinéma connaît-il le « progrès » ? les films d’aujourd’hui devraient-ils être « meilleurs » – à supposer qu’on s’accorde sur la définition de ce terme – que ceux d’hier ?

La bande-annonce

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