Une mère célibataire et ses deux filles reviennent s’installer à Taipei. La mère, Shu-Fen, ouvre un stand de nouilles dans une échoppe d’un marché de nuit et tire le diable par la queue pour en payer le loyer, alors que son ex-mari sans ressources se meurt à l’hôpital. Sa fille aînée, I-Ann, est bilang girl dans un magasin qui vend des cigarettes et des noix d’arec. Sa cadette, I-Jing, une charmante gamine de cinq ans, découvre son nouvel environnement avec ravissement. Seule ombre au tableau pour elle : son grand-père s’est fâché en découvrant qu’elle était gauchère.
La bande-annonce de Left-Handed Girl ne m’avait pas inspiré confiance. J’augurais un film puéril filmant à hauteur d’enfant une gamine adorable mais horripilante façon chatons kawai. je me trompais lourdement et ai eu bien raison de passer par-dessus mes préjugés.
C’est que ce film est signé Shih-Ching Tsou, la compagne à la ville de Sean Baker qui a travaillé auprès de lui dans tous ses films depuis vingt ans, Sean Baker étant crédité comme coscénariste, coproducteur et monteur de Left-Handed Girl. On y retrouve tout ce qui faisait le sel des premiers films quasi-documentaires du réalisateur américain, Palme d’or 2024 pour Anora : des plans filmés à l’Iphone au plus près des acteurs et de leur respiration, un soin jaloux apporté aux personnages, à leurs ambiguïtés, à leur milieu, un scénario ciselé (alors qu’il est souvent le laissé-pour-compte de ce cinéma naturaliste, comme on l’a vu récemment par exemple dans Ciudad sin sueño).
Car Left-Handed Girl ne se borne pas à suivre une gamine sautiller joyeusement entre les étals chamarrés du marché de nuit de Taipei. Il raconte aussi une histoire avec un début, un milieu, une fin. Cette histoire nous réserve, lors de la soirée d’anniversaire qui en constitue l’acmé, une sacrée surprise. Mais, dans mon désir de vous mettre l’eau à la bouche, j’en ai déjà trop dit…