
Actrice de théâtre accomplie, Elizabeth (Isabelle Carré dans son propre rôle), la cinquantaine, revient à l’hôpital Necker à Paris où dans son adolescence, elle fut internée après une tentative de suicide. Elle se souvient.
Isabelle Carré porte à l’écran son premier roman, publié en 2018. Il est largement autobiographique. Elle y racontait l’enfance d’une fillette dans un bel appartement parisien du septième arrondissement entre un père (Pablo Pauly l’acteur principal de Trois nuits par semaine), créateur chez Cardin, qui fit tardivement son coming out, une mère (Judith Chemla toujours aussi border line) anorexique et un frère aîné (Alex Lutz) passionné de musique. Hypersensible, la jeune adolescente ne résiste pas à son premier chagrin d’amour, avale l’armoire à pharmacie et est internée à Necker à la demande de ses parents qui se déportent sur l’hôpital de la responsabilité de leur fille et de son équilibre. Elizabeth s’y retrouve au milieu d’une bande d’adolescents tout aussi originaux et attachants qu’elle. Elle se lie tout particulièrement avec Isker (Melissa Boros découverte dans Alpha).
Les Rêveurs est un film qui inspire une sympathie spontanée. Sa sincérité ne peut que nous toucher. L’histoire qu’il raconte ne peut que nous émouvoir. Les enfants et leurs traumatismes ne peuvent que nous attendrir.
Une exhortation sous-tend le film : exhortation à s’apitoyer sur le sort de cette enfant, à prendre fait et cause pour elle. Au-delà du cas individuel d’Élizabeth/Isabelle, c’est sur la situation des jeunes adolescentes en France que le film entend nous alerter avec son ultime carton, mentionnant l’augmentation alarmante des TDS et des séjours en hôpital psychiatrique alors que l’offre de soins peine à suivre cette inflation préoccupante.
Cette insistance à nous émouvoir à tout prix, à nous prendre en otage d’une sympathie forcée m’a mis mal à l’aise et m’a laissé à la fin du film divisé.