
Retour au pays est le troisième volet d’une trilogie monstre, d’une durée totale de près de dix heures. J’avais vu le premier volet à sa sortie en janvier 2024, mais avais renoncé au deuxième en avril dernier.
La raison en était que j’avais trouvé le premier certes intéressant mais trop long (3h32). La durée du deuxième m’avait rebuté (3h47). C’est seulement parce que celle du troisième était plus comestible (2h32) et que les critiques étaient si élogieuses que je me suis fait violence pour le voir.
Je n’ai pas grand-chose à en dire de plus que je n’aie déjà dit dans ma première critique. Wang Bing a filmé pendant cinq ans, entre 2014 et 2019, les ouvriers d’une cité-dortoir du Zhejiang, près de Shanghai, spécialisée dans l’industrie textile. Souvent originaires de la « Chine de l’intérieur », ils sont employés dans une myriade de petits ateliers indépendants, répondant à la commande au plus bas prix.
Jeunesse dresse un portrait très dur de cette jeunesse-là, rude à la tâche, obsédée par le maigre salaire qu’un travail harassant lui permet de gagner, et par les moyens de ne pas le gaspiller trop vite, dans la boisson ou le jeu. Jeunesse a les qualités des grands documentaires : réussir, à partir de petits faits quotidiens captés sur le vif, à parler de l’universel, ici la condition ouvrière dans une société hyper-capitalistique.
Mais, à mes yeux, Jeunesse souffre d’un handicap rédhibitoire : sa durée. Je ne vois pas en quoi ses dix heures le servent. Je vois au contraire trop bien en quoi elles le desservent : pousser à bout la résistance du spectateur qui, passée la première heure, s’ennuie ferme, s’impatiente et/ou s’endort.
Une famille bourgeoise de New Rochelle, dans l’Etat de New York, au tout début du vingtième siècle, dont l’un des membres s’est amouraché d’une midinette, découvre dans son jardin un bébé noir abandonné. Le père du bébé, Coalhouse Walker Jr., un pianiste de ragtime, revient bientôt le chercher. Mais la Ford-T qu’il conduit est bloquée près d’une caserne de pompiers et endommagée. Coalhouse ne se remet pas de cet affront. Il exige réparation et s’engage dans une folle spirale de violence qui le conduira, avec une bande de complices, à se retrancher dans la Pierpont Morgan Library et à menacer de la faire exploser si le chef des pompiers qui l’a insulté ne lui présente pas des excuses.




