The Big Short ★☆☆☆

« The Big Short » a le cul entre deux chaises.
C’est un documentaire qui ambitionne de rendre compréhensible la crise financière de 2008. Sauf qu’on n’y comprend rien, noyés sous la complexité des termes techniques (CDS, CDO, hypothèques…) sans que les efforts désespérés du réalisateur pour nous les rendre intelligibles, par des caméos désopilants (ah ! Margot Robbie !), n’y puissent rien.
C’est une fiction servie par un casting plaqué or (Christian Bale, Brad Pitt, Steve Carell, Ryan Gosling…) de banquiers, plus ou moins immoraux, qui parient contre les marchés et vont s’enrichir de leur écroulement. Sauf que l’enjeu de cette fiction une fois posé, le spectateur attend patiemment et sans suspense – puisque la fin de l’histoire nous est connue – le krach inéluctable qui rendra nos héros riches de la misère des autres.
Trop compliqué dans ses détails, trop simple dans ses grandes lignes, « The Big Short » échoue sur tous les terrains.

La bande-annonce

Béliers ★★☆☆

On a découvert récemment avec Arnaldur Indriðason le polar islandais.
On ne connaît guère le cinéma islandais sinon à travers quelques pépites signées Dagur Kari (« Noi Albinoi ») ou Baltasar Kormakur (« 101 Reykjavik », « Jar City ») qui vient d’être débauché par Hollywood pour y signer Everest.

C’est en veine d’exotisme qu’on ira voir Béliers, primé à Cannes et en lice pour l’oscar du meilleur film étranger. Dans une vallée quasi déserte de l’est de l’Islande, deux frères élèvent des moutons. Ils ne s’adressent plus la parole pour un motif qu’on ignore et se disputent la première place aux comices agricoles. Lorsque la tremblante menace d’éradiquer leurs troupeaux, ils doivent remiser leurs vieilles rancœurs.

Ce pitch peut laisser craindre un film lesté de bons sentiments, une fable sur fond de grands espaces enneigés, un hymne aux liens du sang.
Il n’en est rien. Le film n’emprunte pas les chemins balisés de la comédie, mais bifurque vers le drame pour culminer dans un épilogue poignant.

La bande-annonce

L’attente ★★☆☆

Dans une grande propriété sicilienne, Anna (Juliette Binoche) pleure la mort de Giuseppe, son fils. Débarque Jeanne, la petite amie du défunt, qui ignore tout du drame qui vient de se jouer.
Le scénario de « L’attente » n’est guère crédible. Comment imaginer que Jeanne arrive chez Giuseppe sans être alertée par son silence ? Comment croire qu’elle ne se doute de rien lors de son installation et qu’elle ne croise personne qui lui vende la mèche ?
Cette incohérence constitue un vice originel dont « L’attente » a du mal à se relever.
Et c’est bien dommage.
Car « L’attente » s’essaie à filmer un silence. L’incapacité, l’impossibilité d’une mère accablée de chagrin, à annoncer la mort de son fils à son amoureuse. Elle pourrait accueillir Jeanne avec une simple phrase « Giuseppe est mort ». Cette phrase qu’on attend pendant 1 heure 40.
C’est cette attente qui fait tout l’intérêt du film. Qui en fait aussi toute la longueur qu’on pourrait estimer excessive.
On touche ici à une différence irréductible entre le roman et le cinéma. Une attente en littérature peut être analysée, expliquée : « Anna n’annonça pas à Jeanne la mort de Giuseppe parce que… ». C’est plus difficile au cinéma.
Piero Massina, le jeune réalisateur de « L’attente » n’y parvient pas. Mais on lui saura gré d’avoir essayé.

La bande-annonce

À peine j’ouvre les yeux ★★★☆

Il y a plein de bonnes raisons d’aller voir « À peine j’ouvre les yeux » qui nous raconte l’émancipation d’une adolescente dans la Tunisie de Ben Ali.

La première est le charme et la voix de Baya Medhaffar qui campe Farah, 18 ans, bachelière brillante (elle vient de décrocher la mention TB) mais moins intéressée par entamer des études de médecine que par chanter avec Bourhene, son amoureux, dans un groupe de rock.
La deuxième est sa mère, jouée par Ghalia Benali. Tunisienne moderne, elle sait ce que coûte l’émancipation aux femmes et veut protéger sa fille. Quitte à renouer avec un ancien soupirant qui travaille au ministère de l’Intérieur.
La troisième est la musique folk-rock de Khyam Allami, mélange de rythmes orientaux et d’électro, qui n’est pas seulement un enjolivement mais un personnage à part entière du film.
La quatrième est l’arrière plan social. Ce n’est pas seulement celui d’un pays (la Tunisie) et d’une époque (le régime autoritaire de Ben Ali) car les atteintes aux droits des femmes et les restrictions aux libertés que décrit le film de Leyla Bouzid ne se résument pas à la Tunisie. Elles valent aussi en Égypte (« Les femmes du bus 628 ») ou au Maroc (« Much loved ») et elles n’ont pas miraculeusement disparu le 14 janvier 2011 avec le départ des Ben Ali.

La bande-annonce Allocine