Le Fils de Jean ★★★☆

Parisien, la trentaine, Mathieu reçoit un appel du Canada. Son père biologique, dont sa mère a toujours refusé de lui dévoiler l’identité, vient de mourir. Mathieu saute dans un avion pour assister aux funérailles et rencontrer sa famille. Mais Pierre, le meilleur ami de son père, l’accueille à l’aéroport et essaie de l’en dissuader.

On connaît la patte de Philippe Lioret, un des rares réalisateurs français dont le nom constitue désormais le meilleur argument de vente. Welcome, Je vais bien, ne t’en fais pas, D’autres vies que la mienne sont autant de drames émouvants aux scénarios parfaitement maîtrisés, servis par des acteurs remarquables.

Le Fils de Jean ne déroge pas à la règle. Il a pour sujet la relation père-fils. Le cinéma lui préfère la relation mère-fille ou pire père-fille, qu’il dépeint avec force larmes.  La relation père-fils est trop bourrue, trop silencieuse pour être montrée.

Philippe Lioret surmonte cet écueil avec son immense sensibilité. Il s’inspire librement d’un livre déjà ancien de Jean-Paul Dubois – qui est décidément souvent adapté ces temps ci au cinéma (La nouvelle vie de Paul Sneijder est également tiré d’un de ses romans). Il s’appuie sur des acteurs impeccables : Pierre Deladonchamps confirme les espoirs suscités par sa composition dans L’Inconnu du lac, Gabriel Arcand sait être dur et doux dans le rôle de Pierre, Catherine de Léan a l’accent québécois et le minois qui va avec. L’intrigue est sur le point de trop s’étirer lorsqu’un twist final lui redonne tout son intérêt.

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La vie est belge ★★★☆

Deux fanfares, l’une wallonne, l’autre flamande, sont sélectionnées pour représenter la Belgique à la finale européenne. Uniront-elles leur force ou s’affronteront-elles dans un combat stérile ?

Vous pensez connaître d’avance la réponse à cette question ? Vous vous trompez. La moindre des qualités de La vie est belge (jolie traduction du titre originel Brabançonne qui n’aurait en effet pas été immédiatement compris d’un public français) n’est pas de sortir du chemin tout tracé qu’annonçait ce scénario prévisible. À cause du décès du soliste flamand, à cause des rêves de gloire du soliste wallon, l’histoire de ces deux fanfares avance sans un temps mort vers une conclusion aussi joyeuse qu’inattendue. Et elle le fait, sous la forme réjouissante de la comédie musicale, soutenant la gageure d’agrémenter le film de jolies chansons sans ralentir l’action. Rajoutez à cela le second rôle de Erika Sainte, une jolie espoir belge revue depuis dans Baron noir et vous comprendrez que ma joie a été totale.

Dans les festivals européens du cinéma organisés aux quatre coins du monde, chaque pays d’Europe a son film fétiche, censé donner de lui l’image la plus positive. Ce fut longtemps Amélie Poulain pour la France, Good Bye Lenin! ou La Vie des autres pour l’Allemagne, La Grande Bellezza pour l’Italie. Si j’étais ambassadeur de Belgique je proposerais sans hésiter La vie est belge.

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Édouard, mon pote de droite ★★☆☆

Laurent Cibien et Édouard Philippe ont usé leurs fonds de culotte sur les mêmes bancs d’école. Vingt-cinq ans plus tard, le premier, devenu documentariste, filme la campagne électorale du second, candidat à sa succession à la mairie du Havre en mars 2014.

J’ai moi aussi usé mes fonds de culotte sur les mêmes bancs d’école que le député-maire du Havre. Nous avons obtenu la même année le diplôme de Sciences Po – où Édouard militait chez les jeunes rocardiens – puis l’ENA et le Conseil d’État. Sauf que nos destins ont ensuite divergé : pendant que je passais mes journées au cinéma, Édouard Philippe s’est engagé en politique aux côtés d’Alain Juppé qu’il a secondé dans la création de l’UMP. Conseiller municipal du Havre en 2001, conseiller général en 2008, maire du Havre et président de la communauté d’agglomération en 2010, député de la 7ème circonscription de Seine-Maritime en 2012, Édouard Philippe gravit une à une les marches du pouvoir et deviendra probablement ministre si son mentor remporte la prochaine présidentielle.

Le documentaire de Laurent Cibien s’inscrit, nous dit le réalisateur dans un « travail au long cours sur la fabrique du pouvoir dans la France contemporaine ». Le résultat n’est hélas pas à la hauteur de ce programme ambitieux.

Édouard, mon pote de droite hésite entre deux projets : la description d’une campagne municipale qui réhabiliterait le politique dans ce qu’il a de plus modeste et le portrait d’une « bête » politique, maire aujourd’hui, ministre demain.

La caméra de Laurent Cibien ne cherche pas à piéger son sujet. On est loin des documentaires décapants de Yves Jeuland sur Georges Frêche ou de Stéphane Bron sur Christoph Blocher. Le député-maire y apparaît toujours à son avantage. Sa bonne humeur est insubmersible. Le doute jamais ne l’effleure. Il travaille en musique, sans donner l’impression que cette campagne lui demande un effort ou lui impose un sacrifice. Il ponctue chacune de ses interventions de petites blagues promptes à susciter la sympathie. Est-ce un air qu’il se donne ou le portait fidèle de sa personnalité ? Pour le connaître un peu, je pencherai pour la seconde option.

Laurent Cibien nous parle de la politique : la constitution de la liste municipale, l’organisation des meetings de campagne, la tournée des bureaux de vote le jour du scrutin, la victoire dès le premier tour… Mais à aucun moment ne sont évoqués les sujets de fond : quel projet Édouard Philippe et ses co-lisitiers proposent-ils pour Le Havre ? comment cette campagne s’inscrit-elle dans le contexte national (le nom du président de la République n’est pas prononcée une seule fois) ? Sans doute, comme le dit le député-maire, l’enjeu est-il local : « Il n’y a pas de tramway de gauche ou de tramway de droite ». Sans doute le documentaire de référence de Raymond Depardon 1974, une partie de campagne n’évoquait-il guère plus les sujets de fond de la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing. Pour autant on regrette la superficialité d’un portrait qui reste à la surface d’un homme et de ses convictions.

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Divines ★★★★

Dounia et Maimounia sont « deux mouflettes de banlieue » – pour reprendre la jolie expression de Télérama dont elles font la couverture. Dounia est une beurette poids plume à la langue bien pendue qui vit misérablement dans un bidonville avec sa mère pute et alcoolo ; Mamounia est une renoi poids lourd dont le père est l’imam de la salle de prière. L’une et l’autre sèchent les cours du BEP, maraudent au centre commercial, rêvent d’argent facile.

Ainsi pitché, Divines ne justifiait à mes yeux de critique ni la Caméra d’Or qu’il a obtenu à Cannes ni les critiques dithyrambiques de la presse. Critique blasé, quarantenaire et vaguement réac, je me disais que cette semaine était décidément trop politiquement correct après le Nocturama de Bonello dont j’ai fait mon coup de gueule. Je ne voyais a priori aucune originalité dans Divines, ressassant le thème de la banlieue et de sa jeunesse sans repères exploré avec succès par Abdellatif Kechiche (L’Esquive), Laurent Cantet (Entre les murs) ou Céline Sciamma (Bandes de filles). Et j’ai été franchement rebuté par les interviews de la réalisatrice Houda Benyamina qui enfonce les portes ouvertes à coup de formules creuses

Coup de cœur. Toutes mes préventions ont disparu en deux scènes. La première sur des images sans dialogues de la cité anonyme où Douna et Maimouna chahutent au son paradoxal et inattendu du Nisi Dominus de Vivaldi. Mais surtout la deuxième : Dounia est en classe et joue le rôle d’une hôtesse d’accueil pour préparer l’examen qui sanctionnera son BEP et lui permettra peut-être de décrocher un emploi humiliant et sous-payé. La jeune élève se rebelle ; le ton monte ; elle injurie l’enseignante vite débordée. Je suis scotché. Dans quel film suis-je tombé ?

Certes, Divines n’est pas exempt de défaut. Il hésite entre le réalisme documentaire et la fable sans arrêter son parti. Dounia et Mamounia se disent matérialistes, prêtent à tout pour « faire du fric », rêvant de conduire une Ferrari à Phuket et hurlant de joie dans une décapotable sur les Champs-Elysées ; et elles sont en même temps émues au tréfonds d’elle-même par les chorégraphies du ballet de danse contemporaine dont elles espionnent en cachette les répétitions. Le caïd de la cité est Rebecca, une aînée qui renverse les codes de l’hypervirilité ; mais le personnage manque de crédibilité et en perd plus le film avance.

Pour autant, j’écarte les réserves que Divines peut inspirer et lui accorde, conscient de la subjectivité de ma notation, les quatre étoiles que sa contagieuse vitalité mérite.

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Colonia ★☆☆☆

Lena (Emma Watson) est anglaise et hôtesse de l’air ; Daniel est allemand et photographe. Ils se rencontrent au Chili, à la veille de l’assassinat de Salvador Allende et sont emportés dans le coup de filet de la junte d’Augusto Pinochet. Lena est rapidement libérée ; mais Daniel, membre des jeunesses socialistes, est transporté à Colonia Dignidad, une colonie agricole sectaire fondée par un gourou allemand pédophile qui y fait régner un ordre de fer et qui abrite une prison secrète de la junte. Pour libérer Daniel, Lena décide de s’y enrôler.

« Basée sur des faits réels », Colonia utilise les recettes éculés du drame. Deux héros incarnent le Bien : beaux, jeunes, animés de valeurs humanistes et prêts à mourir l’un pour l’autre. Face à eux le Mal est incarné par Paul Schäfer (Michael Nyqvist) qui fut en effet, après sa participation à la Seconde guerre mondial dans les rangs de la SS et ses démêlés judiciaires en RFA, le fondateur de cette colonie en 1961.

Entre le Bien et le Mal une lutte à mort s’engage. Daniel est passé à la gégenne, Léna à tabac. Le statut de stars des deux protagonistes nuit à la crédibilité de leurs personnages : on a du mal à oublier Harry Potter en regardant Emma Watson et Good Bye Lenin! Daniel Brühl. L’histoire pourrait être bouleversante ; mais l’issue en est trop prévisible pour rendre le suspense haletant. Et si même la dernière scène nous tient en suspens, elle n’atteint pas le niveau d’intensité de l’épilogue de Argo qui lui ressemble beaucoup.

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Man on High Heels ★★★☆

L’inspecteur Ji-wook est un policier redoutable, passé maître dans les arts martiaux, qui terrifie les caïds les plus chevronnés. Mais l’inspecteur Ji-wook est aussi un homme animé, depuis son enfance, du désir inavouable de changer de sexe.

Imaginez d’un côté un polar coréen agrémenté de combats chorégraphiés par John Woo ou Wong Kar-wai (l’inspecteur Ji-wook et son parapluie rappellent furieusement  le héros de The Grandmaster). Imaginez de l’autre un film sur le transgenrisme : Tangerine, Transamerica ou The Danish Girl. Mélangez les deux ! Impossible me direz-vous ! Et vous aurez raison ! Quoi de plus macho que ces films de kung-fu où des mâles bodybuildés dérouillent des méchants à la douzaine.

Mais, à la réflexion, le mélange a plus de sens qu’il n’y paraît. L’imagerie du kung fu charrie en effet, sous couvert d’une glorification très macho de l’hypervirilité, une dimension profondément homo-érotique. Le même paradoxe s’appliquait aux combats de gladiateurs des années 60 – ou à Charlton Heston, le héros de Ben Hur, promu icône gay à son corps défendant.

C’est sur cette ambiguïté à la fois totalement paradoxal et parfaitement sensée que joue le film de Jan Jin, honnête faiseur coréen qui compte déjà à son actif quatre polars inédits en France. Sans doute le fait-il parfois sans subtilité. Les flashbacks, s’ils donnent au personnage de Ji-Wook une épaisseur psychologique, sont filmés dans une lumière inutilement radieuse. La conclusion, certes inattendue, s’allonge inutilement à force de rebondissements. Mais Man on High Heels (puissamment traduit Le Flic aux talons hauts) est suffisamment original pour mériter le détour.

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Nocturama ☆☆☆☆

Sept jeunes gens organisent une série d’attentats simultanés dans Paris. Leurs crimes commis, ils se retrouvent à la nuit tombée dans un grand magasin de la capitale.

Nocturama démarre bien. Pendant sa première demie-heure, Bertrand Bonello filme sans paroles sur fond de musique électro l’arrivée des protagonistes sur les lieux de leurs méfaits : la Bourse de Paris, la Tour Global (sic) de La Défense, le ministère de l’Intérieur (bizarrement situé rive gauche), l’appartement du PDG de HSBC France… Comme dans un film de Melville ou « 24 heures chrono », la nervosité des poseurs de bombes est contagieuse. On s’interroge : quels sont leurs cibles ? quels sont leurs motifs ? parviendront-ils à leurs fins ?

Hélas, Nocturama n’est pas un film d’action. Les bombes explosent en split screens – manifestement le budget effets spéciaux a été réduit à la baisse. Et le film s’encalmine dans un grand magasin (La Samaritaine ?  Le Grand Marché ?) où les jeunes gens ont l’idée particulièrement peu avisée de se regrouper (pourquoi diable ne rentrent-ils pas tranquillement chez eux ?).

Des motivations de ce groupe, on ne saura pas grand’chose si ce n’est à travers quelques flashbacks patauds où on en voit les membres s’initier au maniement du Semtex. Dans ce grand magasin, on les voit céder aux sirènes de la grande consommation et du luxe, contre lesquels pourtant ils viennent d’orchestrer des actions terroristes. Ils forment un groupe hétérogène venant d’horizons variés : le 9-3, Sciences Po (un jeune con encravaté parlant d’égal à égal à un ministre ami de son père) ; mais Bertrand Bonello ne brosse pas un portrait de groupe.

Si Nocturama n’est ni un film d’action, ni un portrait de groupe, alors qu’est-ce ?

De deux choses l’une. Soit Nocturama est une pure œuvre d’art. Mais où est passée l’élégance du réalisateur de L’Apollonide aussi maladroit à éclairer ses jeunes acteurs qu’à les diriger ? Soit Nocturama est une prophétie politique, annonçant l’inéluctable basculement d’une jeunesse nihiliste dans la violence aveugle. Pour radical qu’il soit, ce point de vue se révèle d’une navrante pauvreté faute d’être exploité.

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Déesses indiennes en colère ★★☆☆

Freida, photographe surdouée, convie dans le plus grand secret ses meilleures amies à son mariage dans une belle maison portugaise à Goa. Mad, la chanteuse, Pam, la bourgeoise mal mariée, Nargis, la militante, Jo, l’actrice métisse, Su, la businesswoman, et même Laxmi, la bonne, sont chacune à leur façon des « déesses indiennes en colère ».

Le film de Nan Palin est indien à 200 %. 100 % de vitalité, de musique, de rires et de larmes. 100 % d’académisme à sa façon de consacrer une saynète à chaque personnage, qui incarne une des facettes des violences faites aux femmes en Inde : le viol, l’homophobie, la violence de classe, l’exploitation capitaliste, la phallocratie triomphante, le mariage arrangé…

Le sujet est grave. Et, par un tournant que rien n’annonçait, il bascule aux deux tiers du film dans le drame, sauvant Déesses indiennes en colère de la guimauve très girly dans laquelle il s’était gentiment installé. Pour autant ce film qui se prétend féministe défend avec une touchante maladresse la cause des femmes : avec des top models longilignes filmées dans des décors de rêve, une domestique traitée comme une sœur mais rappelée régulièrement à sa condition ancillaire et une working girl qu’on culpabilise de délaisser son rôle de mère. Dans le même registre La Saison des femmes de Leena Yadav était autrement plus subtil.

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Toni Erdmann ★★☆☆

Depuis sa sortie à Cannes où il avait reçu un accueil enthousiaste, Toni Erdmann divise les spectateurs. La majorité salue une œuvre hors nome, loufoque et attachante. La minorité crie à l’imposture. De quel côté vous classerez-vous ?

Il faut sans doute reconnaître à Toni Erdmann une certaine originalité. Moins dans le sujet qu’il traite que dans sa manière de le faire.

Le sujet ? Il y en a deux : la relation père-fille et le capitalisme en Roumanie.
La relation père-fille file a priori sur un chemin tracé d’avance. Winfried, la soixantaine, professeur de musique dans un collège allemand, n’a plus guère de contacts avec Ines, sa fille partie travailler comme consultante en Roumanie. Sans crier gare, il va l’y rejoindre, déboulant dans sa vie comme un chien dans un jeu de quilles sous l’identité d’un fantasque Toni Erdmann, tour à tour coach, ambassadeur d’Allemagne, peintre sur œufs et consultant dans l’industrie pétrolière.
La peinture du capitalisme sans âme qui corrompt à la fois un pays et l’âme de ceux qui l’exploite constitue, lui aussi, un thème rabattu.

Mais c’est dans la façon de traiter ces deux thèmes que Maren Ade, jeune et prometteuse réalisatrice allemande, surprend et émeut.
Résumer la relation de Winfried et d’Ines à leur réconciliation serait appauvrir un couple père-fille dont deux heures quarante de film permettent de comprendre la complexité. Il n’y a pas d’un côté un père loufoque et de l’autre une fille droguée de travail. L’un et l’autre ont leurs qualités et leurs défauts. Winfried cache derrière sa bouffonnerie une compréhension très fine de l’état de sa fille ; la dureté d’Ines se fissure au fil du film.
C’est peut-être la peinture de la Roumanie moderne qui m’a le plus intéressé dans ce film, d’autant qu’elle est passée sous silence dans les critiques que j’ai pu lire. Toni Erdmann la décrit comme le terrain de chasse d’une faune cosmopolite de consultants plurilingues (on parle beaucoup de langues dans Toni Erdmann – l’allemand, l’anglais, le français – mais quasiment pas le roumain). C’est un pays qui est à la fois dans l’UE – les directives s’y appliquent et un personnage annonce qu’il a remercié Van Rompuy d’avoir permis son adhésion – mais qui se situe encore à ses marches. J’ai particulièrement été émue par le personnage d’Anca, la jeune assistante d’Ines, multidiplômée et ravissante, prête à accepter toutes les humiliations pour conserver son emploi.

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Rester vertical ☆☆☆☆

Il est facile de critiquer les bons films qu’on a aimés et les mauvais films qu’on a détestés. Mais que dire des bons films qu’on déteste ?  Et des mauvais qu’on aime ?

« Rester vertical » est peut-être un bon film. Mais je l’ai détesté.

Je n’ai pas été touché par cette histoire filandreuse d’un réalisateur (double autobiographique d’Alain Guiraudie ?) errant entre la Lozère – où il croise une bergère et lui fait un enfant – Brest – où son producteur s’inquiète du retard pris sur son prochain film – et le Marais poitevin – où le héros consulte une naturothérapeute dans une curieuse cabane. Je suis resté sourd à la beauté des paysages et des lumières. Je n’ai pas compris la métaphore lourdement pesante du loup qui traverse le film, bête effrayante et attirante à la fois. J’ai été décontenancé par l’artificialité des caractères parce que je manque peut-être d’imagination ou parce qu’il s’agit peut-être aussi de grossières caricatures sans épaisseur.

J’ai été choqué par les gros plans répétitifs de sexe, de pénis plus ou moins tumescents, de vagins plus ou moins ouverts. Mon dégoût a culminé avec la scène de sodomie/gérontophilie/euthanasie qui est soi-disant destinée à « briser un tabou » mais qui a plongé la salle dans un silence embarrassé.

Peut-être Alain Guiraudie a-t-il un talent bien à lui. Il en avait donné la preuve avec L’Inconnu du lac. Mais ce talent m’est totalement étranger.

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