Belle Enfant ★☆☆☆

Emily (Marine Bohin), la vingtaine, a mis de la distance avec ses deux sœurs et sa mère, Rosalyne (Marisa Berenson), une femme artiste et bohême. Emily reproche à sa mère de ne s’être pas assez consacrée à elles. Atteinte d’un cancer incurable, Rosalyne a annoncé par une video qu’elle a mise en ligne son désir de mettre fin à ses jours. La décision et le procédé révoltent sa fille. Seul un subterfuge la conduit à rejoindre ses sœurs, sa mère et son oncle (Albert Delpy) pour une ultime réunion familiale. En chemin, à Gênes, son chemin croise celui de Gabin (Baptiste Lecaplain).

Belle Enfant est le premier film de Thierry Terrasson alias Jim, un auteur de bandes dessinées. Il met en scène des acteurs peu connus dans un cadre idyllique : Gênes et la côte ligure, plongeant à pic dans la Méditerranée. On aimerait connaître l’agent immobilier qui a dégoté l’incroyable villa où se retrouvent les protagonistes…

Le film commence bien. Le premier tiers est l’occasion de camper les personnages, à commencer par l’héroïne Emily, jouée par une débutante, Marine Bohin, sacrément talentueuse. Son naturel, sa fraîcheur font merveille. La spontanéité et la drôlerie de ses échanges avec ses sœurs, Salomé la frigide et Cheyenne la nymphomane, font mouche. Le deuxième tiers du film voit l’arrivée de l’autre personnage principal, Robin. Il est joué par l’humoriste Baptiste Lecaplain, On sait par avance que ces deux-là finiront par tomber dans les bras l’un de l’autre ; mais les détours qu’ils prennent avant d’y parvenir n’en sont pas moins hilarants.

Le film est gâché par son dernier tiers. Une réunion familiale qui tourne au règlement de comptes et à la réconciliation prévisible larmoyante de tous les membres de cette famille dysfonctionnelle. D’autant que cette dernière partie s’étire par des fins à tiroirs, comme si Jim n’avait pas su tirer un trait sur cette histoire. Dommage…

La bande-annonce

We Are Zombies ★☆☆☆

Dans un monde où les zombies se multiplient mais ne constituent aucune menace pour les humains, une geek, ex-employée de Coleman, la multinationale chargée du contrôle des zombies, son frère et leur meilleur ami, vivotent grâce au trafic de corps. Mais quand leur grand-mère est kidnappée par deux employés de Coleman, dont le nouveau responsable fourbit un plan diabolique, ces trois sympathiques bras-cassés doivent faire preuve d’imagination pour rassembler la rançon exigée.

Les zombies sont gentils. Le film de zombies – dont La Nuit des morts-vivants de Romero, avec ses cadavres en haillons, cannibales et contaminants, a défini en 1968 les règles du genre – a rapidement connu son sous-genre parodique : Le Retour des morts-vivants (1985), Shaun of the Dead (2004), qui m’a fait mourir de rire, Bienvenue à Zombieland (2009)…

Oeuvre du collectif canadien RKSS, We Are Zombies se revendique de cette veine. Son scénario est particulièrement rocambolesque. Il l’est à tel point qu’il s’approcherait dangereusement du foutage de gueule s’il n’était pas l’adaptation d’une bande dessinée. On comprend vite qu’il n’est qu’un prétexte à un enchaînement de blagues potaches de plus ou moins bon goût. On s’en amuse pendant la première demi-heure avant de réaliser qu’on n’en a plus l’âge. Même si le film a la délicatesse de ne durer qu’une heure et vingt minutes à peine, on se dit en en sortant que, passés quinze ans, on y a perdu son temps.

La bande-annonce

Tigresse ★★☆☆

Vera est vétérinaire dans une petite ville des Carpates. Elle vient de perdre son fils à la naissance et ferraille avec le clergé orthodoxe pour lui donner une sépulture chrétienne. Elle découvre que son mari la trompe avec une jeune lycéenne. Enfin, son zoo a récupéré une tigresse dont Vera, troublée par les drames qui viennent de s’abattre sur elle, laisse par inadvertance ouverte la porte de sa cage.

Le titre et l’affiche de Tigresse sont trompeurs. On imagine volontiers un film animalier de Pixar ou de Jean-Jacques Annaud façon Deux Frères, prêtant à sa féline héroïne un comportement anthropomorphe, qui attirerait les ados amateurs de peluches. Tout au contraire, Tigresse nous vient de Roumanie, un pays dont le cinéma âpre se situe aux antipodes des afféteries sucrées hollywoodiennes. Ce cinéma raconte souvent, avec un grand talent, des histoires sordides d’avortement dans des résidences étudiantes, de viol dans des couvents retirés ou de corruption.

Tigresse n’est pas un film sordide ; mais c’est assurément un film grave. Son héroïne est une femme en pleine crise. On aura compris que cette cage laissée ouverte est un acte manqué, un désir inconscient de Vera de libérer le fauve qui dort en elle. Heureusement la métaphore, qui serait vite devenue pesante, n’est pas poussée trop loin. Tigresse, une fois les caractères dessinés, raconte la traque de cette bête, d’abord dans la forêt qui entoure le zoo, puis dans la ville médiévale de Târgu Mureș où elle s’est glissée.

Pareil sujet aurait pu donner lieu à bien des traitements possibles. Le thriller, la comédie voire l’errance poétique ou métaphysique. Le réalisateur Andrei Tănase, dont c’est le premier film, choisit un juste milieu bien sage. Son film, inspiré d’un fait divers, dure une heure et vingt minutes à peine et ne contient guère de rebondissements. Cette modestie en fait le prix mais en limite aussi l’ambition.

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Trap ★☆☆☆

Pour la féliciter de ses bons résultats scolaires, Cooper (Josh Hartnett), un honnête père de famille de la banlieue de Philadelphie, offre à sa fille deux billets pour le méga-concert de sa star préférée Lady Raven et, le jour venu, l’y accompagne. Il y comprend bientôt que la police, informée de la présence parmi les spectateurs d’un dangereux tueur en série, a déployé un impressionnant dispositif de sécurité pour l’y piéger.

M. Night Shyamalan fut, à ses débuts, le wonder kid du cinéma américain avec Sixième Sens, Incassable, Signes et Le Village. Ce nouveau maître du thriller a popularisé une recette éprouvée : un twist final renversant qui donne à toute l’histoire que le spectateur vient de voir un parfum différent et surprenant. Mais, depuis cet âge d’or, M. Night Shyamalan n’a jamais tout à fait retrouvé la même vista. Il a accumulé les échecs commerciaux et critiques (PhénomènesLe Dernier Maître de l’air, After Earth). Ses trois derniers films (Split, Glass, Old) restaurent son aura sans le réhabiliter tout à fait. Aussi, allait-on avoir avec une particulière impatience ce Trap, audacieusement vendu comme le croisement entre « un concert de Taylor Swift et Le Silence des Agneaux » et programmé au cœur d’un été bien avare en bonnes surprises.

Trap met face à face deux figures légendaires de notre temps : la rock star et le serial killer [on dirait que j’essaie de caser dans cette critique le plus d’anglicismes possibles]. On découvre bien vite – et on l’aura déjà découvert en regardant la bande-annonce – que l’affable Cooper, le si parfait père de famille, le si sympathique pompier toujours prêt à rendre service à son prochain, est en fait le tueur en série que la police recherche. L’action se déroule quasiment en temps réel. Elle a pour cadre le stade de Philadelphie où se déroule le concert de Lady Craven, un rôle interprété par la propre fille de M. Night Shyamalan qui poursuit une carrière de chanteuse solo.

Josh Hartnett, qu’on avait connu au tournant des années 2000, à peine sorti de l’adolescence, dans des personnages de jeunes bellâtres  (Virgin Suicides, Pearl Harbor, la Chute du Faucon noir), endosse avec un plaisir communicatif un rôle schizophrène. Il est en même temps un meurtrier machiavélique qui mobilise toute son intelligence pour se sortir du piège que lui a tendu la police et un père de famille enamouré, ravi de faire plaisir à sa fille et inquiet qu’elle découvre sa face cachée.

Cette ambiguïté est intéressante. Le film est construit sur elle, quelque part entre thriller asphyxiant et comédie familiale gentillette. Mais hélas, le pari n’est pas tenu. La recette ne marche pas. La faute peut-être à une erreur de scénario qui, dans son dernier tiers, quitte le stade où il aurait dû rester pour respecter l’unité de lieu. La faute surtout à un dénouement qui ne nous donne pas la scène qu’on attendait : la confrontation du père et de sa fille, négatif chimiquement pur d’Incassable qui, on s’en souvient, mettait en scène un agent de sécurité de Philadelphie découvrant, sous les yeux admiratifs de son fils, ses dons de super-héros.

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Highway 65 ★★☆☆

Daphna est inspectrice de police. Elle vient d’être mutée à Afoula, une petite ville de province, loin de Tel Aviv et s’y morfond. Elle s’émeut de la disparition d’Orly, une ancienne reine de beauté, veuve d’un soldat tombé au front, et suspecte un crime sur fond d’adultère.

Grand Prix du dernier festival Reims Polar, Highway 65 nous vient d’Israël. Mais son sujet est universel. Son ambiance moite m’a rappelé le bayou de Louisiane de True Detective. La loi du silence à laquelle Daphna se heurte m’a quant à elle rappelé l’Andalousie de La Isla Minima.

Comme tous les bons polars, Highway 65 vaut d’abord par son héroïne. La quarantaine, bougonne et solitaire, le visage mangé par ses lunettes, incapable de manger un falafel sans en étaler la sauce sur son corsage, Daphna n’a rien d’aimable. Pourtant, on s’attache à elle et on partage vite son entêtement à résoudre l’énigme à laquelle elle est confrontée.

Cette énigme trouve peut-être sa solution dans une vidéo que Daphna découvre sur le portable d’Orly. Des indices se révèlent progressivement, mettant Daphna sur la piste de la belle-famille d’Orly, les Golan, qui ont pris sous leur protection la jeune femme après la mort de son mari. Les soupçons de Daphna se resserrent : le père, qui peut-être a entretenu une liaison avec Orly ? la mère qui se tait pour protéger les siens ? le fils cadet qui exerce sur Daphna une attirance vénéneuse ? Mais les Golan, riches entrepreneurs, jouissent à Afoula d’une réputation sans tache et Daphna ne peut pas compter sur sa hiérarchie pour mener à bien ses investigations.

Highway 65 est un polar canonique, respectueux des règles du genre qui ne révèle guère de surprises, jusque dans les surprises qu’il révèle.

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Gondola ★☆☆☆

Dans des montagnes reculées de Géorgie, un téléphérique hors d’âge traverse la vallée pour relier deux villages isolés. Lorsque son conducteur trépasse, une jeune femme est embauchée pour le remplacer par le superviseur autoritaire et libidineux. Elle fait la rencontre de l’autre cabinière qu’elle croisera désormais en plein ciel à chaque rotation. Entre les deux femmes qui partagent la même créativité et le même humour, l’attirance est immédiate.

Veit Helmer est un réalisateur allemand qui tourne partout dans le monde des comédies burlesques quasiment sans paroles. Absurdistan (2008) se déroulait en Azerbaïdjan, Baikonur (2011) au Kazakhstan. Il a décidé cette fois ci de poser sa caméra en Géorgie et d’y faire tourner des inconnus.

Le cinéma burlesque peut se revendiquer d’une longue histoire. Sans remonter aux glorieux ancêtres (Charlie Chaplin, Buster Keaton…), Jacques Tati, ou plus près de nous Wes Anderson, son presque homonyme suédois Roy Andersson ou Aki Kaurismäki s’en revendiquent avec un immense talent.

Dans Gondola, le pari culotté est tenu. Pas une seule parole n’y est prononcée. À défaut de dialogues, le sens doit passer par d’autres canaux moins utilisés : l’expression des visages, le cadrage, le montage…. Cette audace stylistique est séduisante. Surtout quand elle se met au service d’une ode à la vie et à l’amour.

Mais hélas, Gondola se réduit très vite à une succession de saynètes. Chaque rencontre des deux cabines, au-dessus du vide, est l’occasion pour les deux conductrices de faire assaut d’inventivité, par exemple de se lancer dans un numéro de claquettes, de transformer leur cabine en vaisseau pirate ou d’improviser quelques accords de musique. Prise séparément, chacune de ces saynètes est un petit bonbon ; mais montées à la file, elles deviennent vite répétitives et ennuyeuses. Le film na beau ne durer qu’une heure vingt-deux à peine, on a l’impression qu’il se traîne interminablement.

La bande-annonce

Comme le feu ★★☆☆

Blake (Arieh Worthalter), un riche réalisateur, invite son vieil ami Albert (Paul Ahmarani) à passer quelques jours dans un chalet qu’il possède au cœur de la forêt québécoise. Albert fut longtemps le scénariste des films de Blake avant que les deux hommes prennent des chemins différents. Albert est accompagné de sa fille, Aliocha et de son fils, Max, et du meilleur ami de celui-ci, Jeff, qui se consume d’amour pour Aliocha.

Un dîner entre amis qui dégénère, les contentieux passés pas encore tout à fait soldés et les secrets enfouis remontant sournoisement à la surface, les convives qui par convenance feignaient de s’apprécier s’affrontant de moins en moins courtoisement. La formule a été utilisée jusqu’à la corde au théâtre comme au cinéma. Elle l’a été pas plus tard que le mois dernier avec Dîner à l’anglaise ou le mois d’avant avec Et plus si affinités.

Philippe Lesage, le réalisateur québécois de Genèse, la recycle dans son deuxième film. À la structure-type du dîner entre amis, il apporte trois variations. La première est que l’action se déroule non pas en un seul repas, mais l’espace de trois journées ponctuées par plusieurs repas, filmés en longs plans-séquences, et entrecoupés par plusieurs activités de plein air : une journée à la pêche, une autre à la chasse, une descente en canoë… La deuxième est que ce huis-clos étouffant entre « amis » se déroule dans un environnement aussi majestueux qu’angoissant : l’immense forêt canadienne, coupée du monde, ses lacs et ses rivières, qu’on imagine volontiers couverte de neige l’hiver venu. La troisième est que ce film dure deux heures quarante.

Rien ne justifie cette durée hors normes. Le tout premier plan le montre. On y voit, sur une route déserte , la Mercedes que conduit Albert et les trois ados vers le point de rendez-vous où les attend l’hydravion de Blake, seul moyen d’accès à sa cabane. Le plan aurait pu durer dix secondes à peine. Il s’étire inutilement sur plus d’une minute sans que l’utilité d’une telle longueur saute aux yeux.

Mais cette durée hors normes a néanmoins un avantage. Elle permet de creuser jusqu’au malaise les relations entre les convives. D’un côté, les adultes, Albert et Blake, bientôt rejoints par un couple d’amis parisiens (Irène Jacob & Laurent Lucas en guest stars françaises) s’abîment dans des querelles rances. De l’autre, les adolescents, brûlants de désir, s’attirent et se repoussent. Jeff se révèle être le personnage clé du film, à l’intersection des deux mondes : sa passion pour le cinéma le rapproche de Blake dont il admire  les films ; ses sens en émoi en font la proie idéale du charme incandescent exercé par la séduisante Aliocha.

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Dos Madres ★☆☆☆

Vera (Lola Duenas) est sténotypiste à Madrid. Vingt ans plus tôt, son fils lui a été arraché à la naissance. Elle a décidé de le retrouver par tous les moyens.
À Saint-Sébastien vivent Cora (Ana Torrent) et son fils adoptif Egoz. À l’enfant, la mère a raconté l’histoire qu’on lui avait servie : sa mère biologique serait morte à sa naissance.

Dos Madres documente un scandale politique : la disparition sous le régime franquiste et jusque dans les années 90 de 300.000 enfants déclarés mort-nés et adoptés selon des procédures opaques. Le sujet est suffisamment tragique pour se prêter à un film-dossier édifiant. Mais telle n’est pas la voie que choisit Victor Iriarte, un réalisateur basque qui signe son premier film.

Dos Madres mélange bizarrement les genres. Les scènes de Vera, à Madrid, louchent du côté du film noir, du faux polar, façon Trenque Lauquen ou La Flor, ces films argentins au climat si particulier. Les scènes de Cora au Pays basque sont plus naturalistes. Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris de l’intrigue, filandreuse à souhait. Au risque de la divulgâcher, il m’a semblé que Vera retrouvait Cora et Egoz, que le trio partait ensemble au Portugal et planifiait le hold-up du musée d’art et d’histoire de Porto dont les coffres conserveraient le produit du trafic des enfants disparus. Mais je n’ai pas compris si ce hold-up était finalement mené à bien. Pas plus n’ai je compris le trafic auquel se livre Vera au début du film.

La nonchalance avec lequel le réalisateur maltraite son scénario a peut-être ses raisons. L’essentiel serait ailleurs, dans les retrouvailles de ces « deux mères » – pour reprendre le titre français qui a été substitué au titre original espagnol fort obscur, Sobre todo de noche, qu’on pourrait traduire part « surtout la nuit ». Tout est dit dans l’affiche du film : la réconciliation apaisée de deux femmes qui, chacune à leur façon ont follement aimé le même enfant et possèdent un droit légitime à sa filiation.

Le sujet est grave ; la morale est belle ; mais le traitement est trop alambiqué pour convaincre.

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Mon parfait inconnu ★★☆☆

Ebba a dix-huit ans à peine. La jeune femme solitaire et mythomane vient de quitter sa mère et sa sœur pour prendre son autonomie. Premier boulot pour une société d’entretien sur le port d’Oslo, première voiture, premier appartement dans le sous-sol d’une grande demeure d’un quartier huppé, dont les propriétaires lui confient les clés pendant leurs vacances. Quand, une nuit, son chemin croise celui d’un Bulgare, blessé et amnésique, elle le ramène chez elle en lui faisant croire qu’elle est sa petite amie.

Mon parfait inconnu est le premier film d’une réalisatrice finno-suédoise, dont il n’est pas facile de faire la critique. Son intérêt réside en effet dans de ce qu’y passe, dans ce qu’on imagine qu’il va s’y passer… et dans ce qui ne s’y passe finalement pas.

Cher lecteur, si vous avez l’intention d’aller voir ce film, ne lisez pas ce qui suit. Cette lecture risquerait de gâcher votre plaisir.

Parce qu’on a déjà vu des films aux scénarios très tordus, on en imagine un plus tordu encore. On imagine que le bel inconnu que Ebba recueille feint l’amnésie pour tromper la jeune fille et abuser de son besoin incompressible d’être aimée. Mais le scénario est moins retors qu’on l’avait cru. Le « parfait inconnu » était bien amnésique ; mais il exerçait dans sa vie passée un commerce sordide et la page blanche qu’Ebba lui propose d’écrire avec elle donne au bel inconnu l’occasion d’un nouveau départ riche d’espoirs.
Mais – et c’est là que le scénario comporte un troisième niveau de lecture déroutant – un doute naît chez le spectateur grâce à un habile effet de mise en scène : cette rencontre, cet été passé à deux ont-ils réellement eu lieu ? ou sont-ils le produit de l’imagination fertile d’Ebba ?

Ce troisième niveau de lecture est certes très malin. Mais il n’en reste pas moins un peu « facile ». Il ressemble à ces scènes incroyables qui se terminent par le réveil en sursaut du protagoniste, dont on comprend qu’il vient de faire un rêve. J’aurais aimé un scénario plus retors, similaire à celui que j’avais pressenti, dans lequel Ebba se serait retrouvée victime d’un homme encore plus manipulateur qu’elle. Mais, j’ai du mal à objectiver ce reproche : ne trouve-t-il pas uniquement son origine pour le motif que j’ai vu la première moitié de ce film avec ce soupçon en tête ?

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MaXXXine ★☆☆☆

Six ans après la tuerie, racontée dans X, dont elle a réchappé de justesse au Texas, l’actrice porno Maxine Minx (Mia Goth) décroche enfin un rôle dans une production à gros budget à Hollywood. Il s’agit de la suite d’un film d’horreur dont la réalisatrice (Elizabeth Debicki) a une réputation exécrable. Mais, alors que le tournage se prépare, Los Angeles est agité par des crimes en série, mis en scène comme des rituels sataniques. Les victimes se multiplient autour de Maxine, conduisant le duo de policiers chargés de l’enquête à soupçonner que le jeune femme est liée à l’auteur de ces crimes sanglants.

Deux ans après X et Pearl (directement sorti en vidéo), Ti West clôt la trilogie porno-horrifique construite autour de l’actrice britannique Mia Goth. Il s’agit d’un slasher, un sous-genre du film d’horreur, mettant en scène un tueur psychopathe commettant des crimes atroces. Si X se déroulait dans le huis clos d’une ferme isolée, MaXXXine a pour cadre le Hollywood, crade et poisseux des années 80, avec ses impasses miteuses et ses toilettes nauséabondes.

Mia Goth paie de sa personne dans un personnage de femme puissante, symbole du female empowerment. Elle est très convaincante, comme elle l’était déjà dans X. Mais sa seule performance ne suffit pas à sauver le film qui s’enlise dans une intrigue mollassonne, ponctuée par une série de crimes tous plus sordides les uns que les autres. La résolution de l’enquête et la découverte du criminel tournent au grand n’importe quoi.

On voit mal, hors du cercle étroit des amateurs du genre, quel public cette série B oubliable pourrait séduire.

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