Lettres siciliennes ★★☆☆

Lorsque Catello Palumbo (Toni Servilio) sort enfin de prison après avoir purgé sa peine, ce vieux politicien sicilien, lié à la Mafia, a tout perdu : son honneur, sa richesse, sa position sociale… Les services secrets siciliens lui proposent un marché : pour éviter la destruction imminente du complexe hôtelier dont il est encore propriétaire, il doit les aider à retrouver le dernier caïd encore en liberté, Matteo (Elio Gennaro), qui vit claquemuré dans un appartement dont il ne sort jamais.

Lettres siciliennes s’inspire d’une histoire vraie. Son titre original est Iddu, le pronom par lequel était désigné Matteo Mesina Denaro, le capo arrêté en janvier 2023 après trente ans de cavale. Cette histoire aurait pu être traitée sur le mode du polar ; mais les deux réalisateurs, qui avaient déjà signé ensemble Salvo et Sicilian Ghost Story, empruntent une autre voie : celle de la farce grinçante.

Je sais que ses admirateurs vouent à Toni Servillo une admiration inconditionnelle. Je suis beaucoup plus réservé car je trouve son jeu très monotone. C’est précisément dans le registre de la farce grinçante qu’il excelle – et qu’il se cantonne depuis La Grande Bellezza qui lui a valu une tardive reconnaissance internationale. Politicien déchu, mari ridiculisé au sein de sa propre famille, poucave (merci à ma belle-soeur de m’avoir appris ce mot) pleutre, il excelle dans Lettres siciliennes. Dans un rôle plus ingrat, Elio Germano, méconnaissable, qu’on a vu il y a peu dans le rôle-titre de Berlinguer, est tout aussi impressionnant.

Mais Lettres siciliennes est bien long – il dépasse largement les deux heures. Tout y est pathétique : la mafia ou ce qu’il en reste, la police presqu’aussi corrompue que les criminels… Cette interminable farce amère, qui se serait peut-être mieux prêtée à une mini-série qu’à un film, fait long feu.

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Journal intime du Liban ★☆☆☆

Myriam El Hajj a filmé le Liban pendant quatre ans, de 2018 à 2022. Entre ces deux dates un événement traumatisant : l’explosion le 4 août 2020 de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium sur le port de Beyrouth, témoignage à la fois de l’incurie et de la corruption des autorités libanaises. Elle a mis ses pas dans ceux de trois personnages : Joumana, une militante, candidate malheureuse à la députation, Perla Joe, chanteuse et activiste, et Georges, un ex-milicien unijambiste.

La situation du Liban est déchirante. Depuis cinquante ans maintenant ce pays, qui fut la Suisse du Proche-Orient, est plongé dans une guerre civile qui n’en finit pas. Victime du clientélisme et du clanisme, il est devenu l’apanage de quelques grandes familles maronites, druzes et chiites qui l’exploitent sans considération pour l’intérêt général.

L’an passé, un documentaire, excellent, Danser sur un volcan, présentait l’état de déréliction dans lequel le Liban était englouti. Ce Journal intime, aussi bien intentionné soit-il, n’apporte rien de plus. L’idée de suivre trois personnages était bonne ; mais leur choix est boiteux. Les engagements de Joumana et de Perla Joe sont trop proches pour ne pas se ressembler. Quant à Georges, on nous en dit trop ou trop peu sur son passé, couvert d’un voile de mystère : faisait-il partie des phalangistes ? quels crimes a-t-il commis ? comment a-t-il perdu sa jambe ?

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Deux pianos ★★☆☆

Après un long exil au Japon, Mathias Vogler (François Civil), un pianiste de talent, revient à Lyon sa ville natale. Son agent (Hippolyte Girardot) a organisé pour lui une série de concerts en compagnie de sa mentor (Charlotte Rampling). Dès le premier jour de son retour, Mathias tombe nez à nez avec Claude (Nadia Tereszkiewicz) dont il fut éperdument amoureux et qui partage désormais la vie de son ami Pierre. Dans un parc, Mathias croise un enfant dans lequel il croît reconnaître son propre double.

Arnaud Desplechin a creusé un sillon à nul autre pareil dans le cinéma français. Il aime à raconter des familles divisées par de lourds secrets indicibles, des histoires d’amour aussi intenses qu’impossibles, des reminiscences fantomatiques.

Deux pianos ne s’inscrit pas tout à fait dans cette ligne-là. Une nouvelle génération d’acteurs y fait son apparition, remplaçant Mathieu Amalric ou Emmanuel Devos auxquels Desplechin était fidèle depuis plus de trente ans. Le film se déroule à Lyon, loin de Paris ou de Roubaix qui formaient le décor traditionnel de ses films.

Deux Pianos peine à se mettre en branle. Le film tarde à démarrer et se lance sur de mauvais rails. L’erreur de casting que constitue François Civil, trop énergique, trop solaire pour un rôle aussi tiraillé, trop éperdument désireux de nous montrer à tout prix qu’il sait tout jouer, constitue un handicap qu’on craint d’être insurmontable. Mais, dans sa seconde moitié, Deux Pianos trouve sa voix et son rythme. On se laisse emporter par sa splendide musique, loin des scies que l’on entend si souvent dès que le cinéma filme la musique classique. On comprend les grandes questions existentielles qu’il pose : doit-on être fidèle à son passé ? faut-il partir ou faut-il revenir ? a-t-on le droit de sacrifier sa vocation à son bonheur ? son bonheur à sa vocation ?

J’ai bien failli ne pas aimer Deux Pianos, au motif que j’aime rarement les films de Desplechin, trop intellectuels et trop graves à mon goût. Et, parce que j’étais de bonne humeur peut-être, parce que quelque chose vers le mitan du film m’a touché (le corps-à-corps fiévreux de deux amants qui se sont jadis aimés), je me suis laissé emporter.

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Disco Afrika ★☆☆☆

Kwamé, un jeune malgache parti prospecter des saphirs, revient chez lui à Tamatave, avec la dépouille de son ami, tué par les militaires. Il retrouve sa mère qui accepte enfin de lui parler de son père, mystérieusement disparu quand Kwamé était encore enfant. Alors qu’il mène l’enquête sur les causes de son décès, Kwamé est entraîné par Idi, un ami d’enfance, dans un trafic lucratif.

Les films qui nous viennent de Madagascar sont trop rares pour être ignorés. J’avais vu en 2005 Mahaleo, un documentaire musical, et j’ai bêtement cru que Disco Afrika en serait un lui aussi. Or il n’en est rien. Disco Afrika est un film de fiction dont le titre renvoie au passé du père de Kwamé, chanteur et bassiste d’un petit groupe de musique.

Le titre, décidément piégeux de ce film, n’est pas son seul handicap. La direction d’acteurs est trop lâche. Si le personnage principal, interprété par Parista Sambo, sort son épingle du jeu, les rôles secondaires sont caricaturaux : la mère éplorée, le père de substitution, le petit malfrat aux cheveux calamistrés…. Le scénario aussi est bien faiblard, qui retarde d’une bonne demi-heure le début de l’histoire alors que le film pourtant ne dure qu’une heure vingt à peine. Enfin la mise en scène manque de rythme, ce qui se ressent dans les scènes d’action.

Restent néanmoins cette langue malgache aux sonorités si étonnantes, une BOF très riche et des paysages exotiques et délicieusement dépaysants.

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La Petite Dernière ★★★☆

Fatima est la « petite dernière » d’une fratrie de trois sœurs d’origine algérienne qui vivent dans le 9.3 avec leur père et leur mère. Le bac approche qui lui ouvrira – car elle est bonne élève – les portes de la faculté de philosophie. Fatima est pieuse et fait ses prières. Elle a des copains au lycée et même un petit ami qu’elle retrouve en cachette pour se protéger des ragots. Mais au fond d’elle-même, Fatima se sent plus attirée par les filles que par les garçons.

Adapté du roman autobiographique de Fatima Daas, La Petite Dernière (Noir sur blanc, 2020), le dernier film de Hafsia Herzi, en sélection à Cannes, raconte la lente et douloureuse émancipation d’une jeune lesbienne musulmane, prisonnière des préjugés et des tabous religieux.

Le sujet fait évidemment écho à celui de La Vie d’Adèle. Et ce film-ci souffre de la comparaison avec ce film-là. Pour le résumer en une phrase, j’ai trouvé que La Petite Dernière, c’était La Vie d’Adèle… en juste un peu moins bien.

Comme dans La Vie d’Adèle, j’ai été profondément touché par la sensibilité avec laquelle La Petite Dernière prenait à bras le corps le thème de la sexualité féminine, sans tomber dans le double écueil du voyeurisme ou du sentimentalisme. La Petite Dernière trouve le ton juste pour décrire les affres amoureux de la jeune Fatima, inhibée par sa propre timidité, coincée entre une famille aimante à laquelle pourtant elle ne peut rien avouer et des autorités religieuses qui condamnent sans appel sa « déviance ». Elle sait pour autant pouvoir compter sur un environnement permissif, qu’elle découvre lorsqu’elle met le pied à l’Université, et sur des amis sincères et fidèles.

Fatima rencontre l’amour en la personne de Ji-Na, une jeune infirmière d’origine coréenne. L’actrice qui l’interprète tenait le rôle principal d’un film franco-coréen que j’avais beaucoup aimé, Retour à Séoul. Sa grâce, sa sincérité m’ont profondément ému.

Au contraire, j’ai détesté l’actrice principale, pourtant récompensée par le prix d’interprétation féminine à Cannes. Je lui ai trouvé le même jeu buté et antipathique que je reproche à Hafsia Herzi qui la dirigea. On pourrait considérer que cette hostilité cache sa timidité. Mais l’excuse vaudrait si on voyait Fatima s’ouvrir. Or, du début à la fin, elle conserve la même mine renfrognée qui me fait hautement douter de son talent et questionner sa récompense.

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Berlinguer, la grande ambition ★★☆☆

Enrico Berlinguer a dirigé le Parti communiste italien de 1972 à sa mort en 1984. Ce biopic d’Andrea Segre (L’Ordre des choses, La Petite Venise) se concentre sur les années 1973-1978. Au début : le voyage piégeux de Berlinguer en Bulgarie où il manque d’être assassiné par les sicaires de Todor Jivkov. À la fin : l’assassinat sordide d’Aldo Moro, le chef de la Démocratie chrétienne par les Brigades rouges. Entre ces deux dates, un double mouvement : Berlinguer s’emploie à s’affranchir de la tutelle de l’URSS et à conclure avec la Démocratie chrétienne, dont le début du déclin lui avait fait perdre sa majorité à la Chambre, un « compromis historique ».

Andrea Segre  a ressuscité une figure oubliée de la politique italienne, celle du secrétaire général du Parti communiste à l’époque où celui-ci était le plus puissant d’Europe occidentale, au point d’arriver aux portes du pouvoir, au grand dam des Américains. N’oublions pas qu’en France, à la même époque, Georges Marchais signait avec François Mitterrand le Programme commun qui permit la victoire du leader socialiste aux élections présidentielles de 1981… ce qui marqua le début de l’inexorable déclin du PC qui quitta le Gouvernement dès 1984.

Ce biopic a remporté un succès étonnant en Italie où il est sorti l’an dernier. Il a valu à Elio Germano (Suburra, Alaska, America Latina…) le Donatello mérité du meilleur acteur, pour son interprétation habitée.

Berlinguer est un film d’atmosphère et de sensation. Les décors, les maquillages nous font profondément ressentir les situations : les couloirs immenses du Kremlin et la corpulence taurine de Brejnev écrasent le frêle Berlinguer, les airs de chattemite d’Andreotti laissent augurer les compromissions dans lesquelles le PCI risque de se laisser entraîner….

Hélas, pour un film sur la politique, Berlinguer en parle peu. Il nous la montre ; il nous la fait ressentir à travers les effets palpables que l’engagement politique a sur l’homme Berlinguer (à l’instar du documentaire consacré à Laurent Berger sorti la semaine d’après le Dernier Compromis). Mais il échoue à nous faire comprendre, dans toutes ses subtilités, les enjeux de « l’eurocommunisme ».

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Chien 51 ★★☆☆

Dans un futur proche – comme il est désormais de règle de dater les films dystopiques – Paris est divisé en trois zones quasiment hermétiques les unes aux autres, les plus nantis ayant seuls le droit de vivre dans les îles Saint-Louis et de la Cité et les plus pauvres se trouvant relégués au-delà du périphérique. Grâce aux progrès de l’Intelligence artificielle, la sécurité est assurée par un système panoptique dénommé ALMA, qui peut s’appuyer sur la reconnaissance faciale des individus, obligatoirement munis d’un bracelet géolocalisable, et sur une armée de drones.
Quand Kessel, l’inventeur d’ALMA, est froidement abattu, deux policiers, Zem (Gilles Lellouche) et Salia Malberg (Adèle Exarchopoulos) sont chargés de mener l’enquête.

Chien 51 n’est pas sans qualités. Il se déroule dans un Paris dystopique à la Blade Runner avec un mélange visuellement éblouissant de technologies futuristes, de luxe et de crasse. Son scénario testostéroné multiplie, de la première à la dernière minute, des courses-poursuites qui ne laissent pas le temps de s’ennuyer. Il est porté par une sacrée pléiade d’acteurs, à commencer par ses deux têtes d’affiche, très convaincantes, sans oublier sa kyrielle de seconds rôles : Louis Garrel, Valéria Bruni Tedeschi, Artus, Daphné Patakia… Avec toutefois une seule objection pour Romain Duris, caricatural et peu crédible dans le rôle du ministre de l’intérieur.

Mais hélas, Chien 51 a au moins autant de défauts. Le premier est de trahir le roman de Laurent Gaudé – qui se déroulait à Athènes et était autrement plus complexe que le blockbuster simpliste qu’en a tiré Cédric Jimenez. On a l’impression – et on peine à l’en blâmer – que le réalisateur de Bac Nord et de Novembre fait ce qu’il sait faire : du cinéma d’action. Grâce à lui – et à quelques autres – le genre n’est plus aujourd’hui un monopole hollywoodien. Mais on peut regretter qu’il applique au livre de Laurent Gaudé la même méthode que le restaurateur peu consciencieux au steak tartare : passer son matériau à la moulinette pour en tirer un produit certes comestible mais aseptisé.

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Marcel et Monsieur Pagnol ★☆☆☆

Sur la suggestion du petit-fils de Marcel Pagnol, Sylvain Chomet raconte la vie de ce Marseillais de génie, auteur de la trilogie Marius, Fanny, César, de Jean de Florette et de Manon des sources, de La Femme du boulanger, et qui rédigea au crépuscule de sa vie alors qu’il pensait que l’inspiration l’avait quitté ses souvenirs : La Gloire de mon père, Le Château de ma mèreLe Temps des secrets et un quatrième tome qu’on omet souvent, Le Temps des amours.

On retrouve dans son film d’animation toute la chaleur et la truculence des oeuvres précédentes de Sylvain Chomet. Elles étaient muettes. Celle-ci est parlante. Mais pas sûr qu’on y gagne, l’accent méridional forcé des personnages frôlant souvent la caricature. On y perd surtout la fantaisie presque surréaliste qui faisait tout le piment des Triplettes de Belleville ou de L’Illusionniste.

Ce biopic trop sage raconte la vie de Marcel Pagnol de sa naissance en 1895 jusqu’à sa mort en 1974, comme le ferait une notice Wikipédia. Rien n’y manque de son attachement à la Provence qui nourrit toute son oeuvre, de l’énumération de la quasi-totalité de ses pièces et de ses films, depuis les plus connus jusqu’aux plus méconnus (Les Marchands de gloire, Jazz, Fabien…), des détails de sa vie privée (le décès prématuré de sa mère qui le laisse orphelin, la tutelle étouffante de son père, son exil à Paris, sa vie sentimentale très agitée, la mort de sa fille…)…

Ceux qui connaissent bien l’oeuvre de Pagnol – et c’est mon cas car, en bon méridional, j’ai été biberonné à ses livres en Presses Pocket durant mon enfance – auront le sentiment d’un survol trop superficiel. Je me demande ce qu’en retiendront ceux qui ne la connaissent pas. Quant au procédé, dont le titre se fait l’écho, consistant à ressusciter la figure tutélaire du jeune Marcel pour aider le vieux monsieur Pagnol à rédiger, à la demande d’Hélène Lazareff, ses souvenirs (qui seront la matière de sa célèbre tétralogie), il semble un peu capillotracté et échoue à susciter l’émotion.

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Le Dernier Compromis ★★☆☆

La documentariste Anne Fonteneau a suivi pas à pas Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, la première centrale syndicale de France, pendant les six derniers mois de ses fonctions début 2023. La période coïncide avec la discussion au Parlement de la réforme des retraites et le bras de fer engagé avec le Gouvernement.

À quoi vous fait penser l’affiche de ce documentaire ? À celle du Parrain avec Marlon Brando ? J’ai interrogé Anne Fonteneau hier soir à la sortie de la salle du Quartier-Latin où elle était venue présenter son film pour savoir si cette ressemblance était voulue ou fortuite. Elle m’a répondu que le maquettiste auquel avait été passée la commande de cette affiche avait reçu le film comme un thriller politique et avait conçu l’affiche à partir de ce point de vue.
Je ne partage pas ce ressenti. Le Dernier Compromis n’est pas un thriller et Laurent Berger n’est pas un chef de clan.

C’est un homme totalement investi dans son travail, qui s’y consacre corps et âme. Anne Fonteneau a manifestement voulu entrer dans son intimité alors que l’homme s’affirme pudique et le restera tout du long. Tout au plus découvre-t-on son goût pour le baby-foot et la chanson française qui lui permettent de décompresser. Mais de l’homme Laurent Berger, on n’apprend rien ou pas grand-chose sinon qu’il a hérité de ses parents son engagement syndical et qu’il a fait ses premières armes dans une humble section de la CFDT à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique.
Le documentaire le filme à la fin d’un mandat long de onze années. On ressent à la fois une grande lassitude, un profond épuisement et aussi une anxiété, chez cet homme de cinquante-cinq ans à peine, pour la « vie d’après » : il se sait hyper-actif et redoute une brutale décompression (depuis septembre 2023 Laurent Berger travaille au Crédit mutuel… et reconnaît ouvertement s’y ennuyer un peu).

Le Dernier Compromis est l’occasion de revivre de l’intérieur le conflit des retraites qui a rythmé tout le début de l’année 2023. Ce bras-de-fer s’est piteusement terminé par l’utilisation du 49.3 qui a permis le passage en force de la réforme. On mesure rétrospectivement l’erreur stratégique commise par Emmanuel Macron et sa première ministre. En refusant d’aller au bout du débat parlementaire, il s’est privé de la meilleure issue possible (soit la réforme était votée, démontrant ainsi que le Gouvernement bénéficiait du soutien d’une majorité de parlementaires, soit elle ne l’était pas et le Gouvernement aurait été vaincu la tête haute) et a préféré donné l’image de l’entêtement et de la surdité.

Le défaut de ce Dernier Compromis est de rester à la surface des choses. Il échoue à percer la carapace décidément trop épaisse de Laurent Berger ; il échoue à décortiquer les tenants et aboutissants de la réforme des retraites de 2023. Dommage…

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Together ★★☆☆

Tim est un musicien raté qui n’a jamais percé, Millie une enseignante dont le salaire fait bouillir la marmite. En couple depuis une dizaine d’années, Tim et Millie n’ont toujours pas décidé de franchir le pas du mariage et de la p/maternité. La nouvelle affectation de Millie les conduit à déménager à la campagne, loin de la ville et de leurs amis. Un jour, ils s’égarent dans la forêt, se réfugient dans une grotte et en sortent le lendemain avec de curieux symptômes.

Je ne suis vraiment pas adepte des films d’horreur. J’en ai vu tout mon saoul à la présidence de la commission de classification, les ai trouvés souvent mauvais et répétitifs…. et horriblement angoissants. Mais l’affiche de Together m’a fait de l’oeil (!) Ne la trouvez-vous pas intrigante ? horrifiante ? J’ai jeté un oeil (bis !) au pitch et ai acheté mon billet.

Je connais mal les films d’horreur. Mais je crois que les meilleurs sont ceux qui filent une métaphore, qui, au-delà des images horrifiques qu’ils montrent, racontent en filigrane autre chose qui résonne avec notre moi profond. The Substance par exemple raconte le corps féminin, la hantise de sa décrépitude, le diktat du rajeunissement…

Together est un film sur le couple. Sur la « bonne » distance entre les  deux membres d’un couple. Sur le désir paradoxal – et souvent asynchrone hélas – de se rapprocher de l’autre ou au contraire de s’en distancier. On y entend 2 Become 1With or Without You de U2 aurait été bien adapté aussi… mais peut-être le budget du film avait déjà été englouti dans l’achat des droits du tube des Spice Girls. L’interprètent Dave Franco et Alison Brie, partenaires à la scène et à la ville.

Comme souvent dans les films d’horreur, Together tangente le grand-guignol. Certaines de ses scènes sont à la fois horribles et hilarantes. Mais, il relève le défi de cet exercice d’équilibriste jusqu’à son tout dernier plan qui nourrit les interrogations des spectateurs au sortir de la projection.

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