
Amin (Shaïn Boumedine) a abandonné ses études de médecine pour se consacrer à la photographie et au cinéma. Il est revenu passer quelques jours à Sète chez sa mère et y retrouve ses amis. Ophélie (Ophélie Bau), la plus proche d’entre eux, est sur le point de se marier avec Clément, un soldat parti outre-mer, mais vient de tomber enceinte de Tony (Salim Kechiouche), le cousin d’Amin. Deux riches Américains, une starlette (Jessica Pennington) et son mari, un vieux producteur hollywoodien (André Jacobs), louent une luxueuse villa sur les hauteurs de Sète et se régalent du couscous préparé par la mère d’Amin.
Plus de sept ans après son premier volet nous parvient enfin le deuxième de Mektoub, my love. Le deuxième ou le troisième ? Car entretemps avait été monté un « intermezzo », projeté à Cannes en 2019 sous les lazzis et jamais distribué. Etaient reprochés en vrac à Abdellatif Kechiche son « male gaze » désormais inadmissible à l’ère #MeToo et la maltraitance de ses acteurs sur ses tournages. La liquidation judiciaire de sa société de production compromettait définitivement la diffusion d’Intermezzo.
Aussi, tous ceux qui avaient adoré le Canto Uno – et j’en fus plus qu’à mon tour – se sont-ils réjouis d’apprendre que le Canto Due serait projeté au festival de Locarno avant de sortir en salles, même si son réalisateur, affaibli par un AVC, n’a pas pu assister à sa première. Il fut tourné dans la foulée du premier en 2018 et aura donc mis plus de sept ans à nous parvenir.
L’éblouissement ressenti devant le premier volet se reproduirait-il ? hélas non.
La raison première est que l’effet de surprise est passé. On avait été troublé, désorienté par les scènes très longues de Mektoub my love qui étaient venues à bout de la patience de plus d’un spectateur, les autres finissant au contraire par trouver dans ce faux rythme une respiration autrement plus authentique que celle, artificielle, hachée, à laquelle le cinéma nous a habitués. Si le deuxième volet dure seulement deux heures vingt – le premier approchait les trois heures – il a le même rythme, les mêmes gros plans qui caressent les peaux si belles de ses acteurs – en évitant toutefois cette fois-ci les gros plans complaisants sur les fesses des jeunes femmes qui lui avaient valu tant de reproches. La caméra de Kechiche a le don de prendre la lumière. C’est une qualité qu’il faut lui reconnaître. Mais c’est à cette qualité rare qu’on peut se raccrocher faute de trouver dans ce second volet rien de bien neuf par rapport au premier.
Le premier ne racontait pas grand-chose. Le second a le mérite de narrer une histoire dont ce couple d’Américains bizarrement délocalisé à Sète (quel Américain vient passer ses vacances à Sète ?) est le héros. Cette histoire hélas est bien mince. Elle ressemble à un mauvais roman-photo, à une comédie adultère à la Feydeau où le mari trompé vient interrompre les joyeuses galipettes du couple adultère (Jessica Pennington a fait ses premières armes dans le X). Elle instille certes un petit suspens dans ce film languissant mais qui se termine en queue de poisson. Porte ouverte à un troisième opus ?








