Help ☆☆☆☆

Dans les montagnes de l’arrière-pays niçois, les crimes se multiplient. L’inspecteur Kaplan (Frédéric Cerulli) a perdu sa femme et ses deux enfants. Il est bien décidé à retrouver le tueur en série. Il croit l’avoir identifié après la mort d’une randonneuse qu’il suspecte son frère d’avoir tué. Mais l’assassin n’est pas celui qu’il croit.

La lecture du pitch ci-dessus ne laisse rien deviner de la calamiteuse nullité ni de l’hilarante maladresse de la nouvelle réalisation des Films à fleur de peau, la société de production de Franck Llopis. Pourtant, qui a vu Pas comme lui, sorti l’hiver dernier, aurait dû se méfier.

Help pourrait faire figure de cas d’école de tout ce qu’il ne faut pas faire derrière une caméra. Le jeu d’acteurs est affligeant, plombé par un son post-synchronisé qui leur fait perdre définitivement toute crédibilité et souligne l’artificialité des dialogues. Le réalisateur, qui s’offre le rôle principal, coproduit le film et dirige la photographie, semble avoir découvert avec un enthousiasme puéril la technologie du drone et les possibilités qu’elle offre. Du coup, à chaque plan, il fait décoller sa caméra en de longs plans vertigineux qui donnent le tournis. Et le scénario de s’étirer interminablement dans un film qui flirte avec les deux heures.

Bref tout est à jeter dans ce film navrant, candidat sérieux aux prochains Gérards du cinéma, sinon les éclats de rire que ses maladresses provoquent involontairement dans une salle hilare.

La bande-annonce

Climax ★☆☆☆

Une troupe de jeunes danseurs fête la fin des répétitions avant de partir en tournée. La soirée commence dans la liesse. Mais bientôt, le trip devient very bad. La sangria a semble-t-il été préparée au LSD plongeant les participants à la fête dans un état de transe anxiogène.

Gaspar Noé est l’un des réalisateurs français les plus marquants de sa génération. Il traîne derrière lui la réputation d’un cinéaste sulfureux et provocateur. Après Carne et Seul contre tous, Gaspar Noé a accédé à la célébrité en 2002 avec Irréversible, présenté à Cannes en compétition officielle. En treize séquences antichronologiques (en commençant par la fin), y était raconté un viol. Avec Monica Bellucci, Vincent Cassel (qui, à l’époque formaient un couple hypissime) et Albert Dupontel, le film, interdit aux moins de seize ans, fit scandale. Huit ans plus tard, Gaspar Noé revenait avec Enter the Void, l’histoire filmée en caméra subjective d’un dealer entre la vie et la mort abattu par la police. Son dernier film, Love, sorti en 2015, se frottait à la pornographie, filmant des scènes de sexe non simulé – qui lui valurent une interdiction aux mineurs de dix-huit ans par la justice administrative saisie par l’association Promouvoir. J’en avais fait à l’époque une critique débordante d’enthousiasme que je relis quatre ans plus tard, gêné par autant d’euphorie.

On comprendra donc mon impatience à voir Climax… et ma déception.

Gaspar Noé reste un cinéaste virtuose qui signe des plans séquence vertigineux. C’est, depuis l’origine, sa marque de fabrique. Et Climax nous en donne notre lot qui suit les danseurs dans leurs folles chorégraphies puis dans leurs déambulations erratiques dans cette maison sans fenêtre où ils passent la soirée. Les images sont d’autant plus puissantes que la musique est forte, produisant peu à peu un effet de transe pulsative, une sidération hypnotique.

Le problème est que cette forme somptueuse n’est au service de rien. On cherche en vain dans Climax des personnages ou une histoire. Parmi la troupe de danseurs, on ne s’attache à personne – sinon peut-être à Selva interprétée par Sofia Boutella qui creuse sa voie entre Paris et Hollywood. Quant à l’histoire, il n’y en a pas. Aucun des fils égrenés en début de film (ce drapeau tricolore de l’affiche, cette danseuse qui confesse sa phobie du noir…) n’est tiré.

Noé avait caressé le projet de faire un documentaire sur la danse. Il a finalement décidé de réaliser une fiction mais a oublié en chemin d’écrire un scénario. Si bien que Climax se réduit à un long clip. Certes bluffant. Certes trippant. Mais un clip rien de plus.

La bande-annonce

Papillon ★☆☆☆

Henri Charrière dit Papillon a été condamné pour un meurtre qu’il a toujours nié aux travaux forcés à perpétuité en 1931. Déporté en 1933 en Guyane, il réussit à s’évader en 1944.
Ses mémoires, publiées en 1969, sont un best-seller. Elles sont portées à l’écran en 1973 avec Steve MacQueen dans le rôle de Papillon et Dustin Hoffman dans celui Louis Delga, son camarade d’infortune.

Pourquoi diable avoir fait le remake du film culte de  Franklin J. Schaffner ? Qui ne l’a pas déjà vu à l’occasion de l’une de ses innombrables rediffusions télévisuelles ? Qui ne se souvient pas des yeux bleus de Steve McQueen qui incarnait si bien la révolte contre l’erreur judiciaire – au même endroit où quarante ans plus tôt le capitaine Dreyfus avait été lui aussi injustement déporté – et la soif inextinguible de liberté ?

Papillon 2018 est une pâle copie du Papillon 1973. Plutôt que de s’en écarter, Michael Noer, un réalisateur danois auteur de deux films coups de poing R et Northwest, dont il y a fort à craindre qu’il soit allé perdre son âme à Hollywood, se contente de le décalquer. Les deux acteurs, Charlie Hunman (le héros de Sons of Anarchy) et Rami Malek, semblent moins avoir été choisis pour leur talent que pour leur ressemblance avec Steve McQueen et Dustin Hoffman.

Particulièrement horripilant pour l’auditoire français est l’américanisation des héros et des décors. Le film commence par une calamiteuse reconstitution en carton-pâte du Paris de l’entre-deux-guerres qui tire plus vers Moulin rouge que vers Quai des brumes. Tous les héros, supposément français, y parlent un anglais parfait. Ensuite, c’est la déportation en Guyane, filmée dans les décors naturels de la Croatie et du Monténégro… Ceci étant dit, le film de 1973 avait été filmé à Hawaï et à la Jamaïque.

Le seul intérêt de ce film : nous donner envie de (re)revoir le chef d’œuvre de Franklin J. Schaffner.

La bande-annonce

Le Poirier sauvage ☆☆☆☆

Sinan vient d’obtenir son diplôme universitaire. Pour autant son avenir reste sombre. Écrivain amateur, il aimerait publier son premier ouvrage intitulé Le Poirier sauvage. Il tente sans conviction le concours d’instituteur en craignant, s’il le réussit, d’être muté dans l’est du pays. Si rien ne se passe, il devra bientôt partir faire son service militaire.
Le jeune Sinan n’a qu’une hantise : reproduire le destin de son père dont l’intelligence et le sens artistique ont été gâchés par le goût du jeu et qui s’est résigné à une vie médiocre.

Nuri Bilge Ceylan raconte l’histoire d’un fils ni vraiment prodige ni vraiment prodigue qui s’en revient chez lui, ses études achevées, et qui hésite sur le sens à donner à sa vie. Pendant tout le film la caméra le suit qui déambule dans son village au fil des rencontres plus ou moins fortuites qu’il y fait.

Une critique internationale pâmée a décrété que Ceylan était le plus grand réalisateur turc contemporain. Depuis Uzak et jusqu’à Winter Sleep consacré en 2014 par la Palme d’Or, elle a invoqué à chacun de ses films les mânes de Tchekov pour la finesse de la description des caractères, de Dostoievski pour leur ambition métaphysique, d’Antonioni pour la peinture des relations de couple et d’Angelopoulos pour la beauté hypnotisante de ses plans et leur longueur déroutante.

C’est beaucoup. C’est trop. Le dernier film en date de Ceylan, certes sélectionné à Cannes mais dont il est revenu bredouille à la différence des cinq précédents, dévoile les limites de l’exercice sinon la mystification dont il est coupable.

Pendant près de trois heures, une durée que rien ne justifie sinon l’orgueil démesuré du réalisateur-scénariste-monteur et son mépris de ses spectateurs, le même procédé est inlassablement répété : le héros solitaire, filmé en plongée pour mieux l’écraser, arpente la campagne turque en attendant de faire une rencontre qui plonge l’auditoire dans un tunnel logorrhéique d’une vingtaine de minutes.

Chaque face à face, quasiment filmé à l’identique a sa thématique lourdement soulignée. Avec le père ou le grand père qui le sollicite pour les aider dans les travaux agricoles, l’atavisme familial. Avec le maire ou l’entrepreneur de BTP auprès desquels Sinan mendie une subvention pour publier son livre, la corruption et la bêtise des classes dirigeantes. Avec l’ancienne amie de lycée qu’il embrasse sous un poirier sauvage, la nostalgie des vertes amours enfantines et des occasions à tout jamais perdues. Avec le jeune imam faussement moderniste, le dévoiement de l’Islam. Etc.

Les acteurs, à commencer par l’acteur principal qui a la tête d’un écrivain comme j’ai celle d’un champion de patinage artistique, sont si obnubilés par la diction de leur texte interminable filmé en longs plans-séquences qu’ils en perdent toute spontanéité.

La seule chose à sauver de ce Poirier sauvage serait la musique de Bach qui pare sa bande-annonce d’une élégance grave. Mais répétée dix fois, le thème tourne au jingle et finit par produire l’effet inverse de celui escompté : l’agacement plutôt que la fascination.

La bande-annonce

Trois contes de Borges ☆☆☆☆

Un vieil homme aveugle raconte à une jeune femme trois histoires : la rencontre au bord d’un fleuve du jeune Borges avec son double vieillissant, celle d’un mendiant prétendant détenir dans le creux de sa main un disque qui n’a qu’une seule face, celle d’un vendeur de bibles qui possède un livre infini.

J’ai découvert Borges très jeune quand un ami m’a mis Fictions dans les mains et, comme tant d’autres, j’ai été immédiatement emporté par ses courtes histoires qui posent, l’air de rien, d’insolubles questions métaphysiques. Son intelligence aiguë, son érudition, sa façon de jouer avec le lecteur m’ont dérouté, séduit, fasciné.

Aussi, trente ans plus tard, je n’ai pas voulu rater l’adaptation au cinéma qui était faite de trois nouvelles tirées du Livre de sable. Bernardo Bertolucci en 1970 et Carlos Saura en 1992 ont réalisé deux films que je n’ai pas vus inspirés de deux de ses nouvelles. Quelle ne fut ma déception !

Trois contes de Borges est un film prétentieux, bavard, mal joué dont les personnages s’apostrophent indifféremment en français, en espagnol, en portugais, en anglais ou en allemand – histoire d’illustrer le plurilinguisme de l’écrivain qui partagea sa vie entre l’Europe et l’Amérique latine. Chacun des trois contes, très courts (El otro, El disco, El libro de arena) est tour à tour mis en images et déclamé par le personnage principal, au cas où on ne l’ait pas compris du premier coup. Le tout voudrait « mettre en péril nos rapports au temps, à l’image, au langage » (sic). La seule chose mise en péril est notre résistance à l’ennui qui nous gagne, aussi bref soit ce film de soixante-dix-sept minutes à peine.

Le film de Maxime Martinot tourné en 2014 a mis plus de quatre ans à trouver le chemin des écrans. Encore n’est-il sorti à Paris que dans deux salles confidentielles. En deuxième semaine, une seule le programmait encore. On comprend pourquoi…

La bande-annonce

Les Affamés ☆☆☆☆

Zoé a vingt-et-un ans, un copain photographe, une licence en poche et des rêves plein la tête. Mais son copain la trompe, le marché du travail est bouché, le logement à Paris hors de prix.
Avec ses nouveaux colocataires, Zoé décide de faire bouger les lignes.

La bande-annonce des Affamés m’avait mis l’eau à la bouche. J’en escomptais l’histoire pleine d’allant et d’humour d’une bande d’amis unis autour de Louane Emera (la révélation de La Famille Bélier) dans un combat politique, celui d’une jeunesse prenant conscience de son identité de classe et bien décidée à changer son statut dans la société.

Las ! Les comptes n’y sont pas. Sur le terrain de la comédie comme sur celui du militantisme, là où par exemple Problemos réussissait à faire coup double, Les Affamés nous laissent sur notre faim.

Les Affamés est d’abord l’histoire d’une atterrante platitude d’une bande de potes. On se souvient avec quel brio, quelle tendresse et quelle intelligence, Cédric Klapisch avait réussi sur cette base à croquer le portrait-chorale de la jeunesse des années 2000 dans L’Auberge espagnole – dont le succès allait provoquer deux suites dispensables, Les Poupées russes et Casse-tête chinois.
Louane Emera a une belle énergie. Mais elle n’a hélas ni le charisme ni le charme de Romain Duris. Sa romance avec François Deblock ne fonctionne pas. Ses autres colocataires sont réduits à des caricatures : le rebeu dragueur, le geek à lunettes, la renoi lesbienne (sic)…

Mais c’est surtout sur le terrain du combat politique que j’attendais Les Affamés. Au départ, Léa Frédeval avait écrit non pas une fiction mais un essai, témoignant de la rage d’une génération sacrifiée. Ce témoignage largement autobiographique frappait juste. Il décrivait une jeunesse sans illusions, touchée par un chômage de masse contre lequel aucun diplôme ne l’immunise plus, surexploitée dans des stages ou des CDD, constamment renvoyée par des aînés volontiers paternalistes à son inexpérience.

Le passage à la fiction ne fonctionne pas. Car une fois que les « affamés » prennent conscience de leur état et parviennent à articuler des revendications, plus rien ne se passe. Le film s’arrête, faute d’enjeu dramatique. La dernière demie-heure, privée d’enjeu, est un naufrage embarrassant.

Les Affamés n’a pas été projeté à la presse. On comprend pourquoi.

La bande-annonce

Hérédité ☆☆☆☆

Dans la famille Graham, je demande la grand-mère Ellen. Pas de chance : elle vient de mourir. Sa fille Annie (Toni Collette) et son beau-fils Steve (Gabriel Byrne) ne semblent pas si affectés. On comprend que les dernières années d’Hélène, qui souffrait de schizophrénie et de démence sénile, n’ont pas été faciles. En revanche ses petits-enfants sont plus choqués : Peter qui tarde à sortir de l’adolescence et Charlie, la cadette, qui était la plus proche de sa grand-mère, qui vient d’y entrer.

Le premier plan de hérédité intrigue. La caméra se promène dans un atelier, au milieu de maisons de poupées – dont on comprendra plus tard que Annie les construit – avant de se rapprocher de l’une d’elle pour y filmer… le réveil de Peter le matin des funérailles de sa grand-mère.

Mais très vite (façon de parler car le film, interminable, se traîne pendant plus de deux heures), Hérédité retrouve les codes bien huilés du film de genre. Celui-ci emprunte les chemins compliqués du spiritisme. On découvre que Ellen le pratiquait pour communiquer avec les morts en compagnie de sa vielle amie Joan (interprétée par Ann Dowd qui depuis The Leftovers ou The Handmaid’s Tale semble se spécialiser dans les rôles de vieille dingue inquiétante) et qu’elle a transmis ce don à son petit-fils.
Ces découvertes affecteront la malheureuse Annie qui sombrera bien vite dans la folie.

Le film se termine par un épilogue complètement barré, limite grand-guignolesque, qui a achevé de m’en détourner. Vu les critiques dithyrambiques du Monde ou de Télérama, je suis manifestement passé à côté d’un chef d’oeuvre.

La bande-annonce

Ready Player One ★☆☆☆

En 2045, l’humanité se morfond dans des villes surpeuplées et polluées. Pour échapper au quotidien, les habitants se réfugient dans des mondes parallèles. L’Oasis est le plus populaire. L’inventeur de cette réalité virtuelle vient de mourir à la tête d’une immense fortune. Il propose de la céder à qui trouvera « l’œuf de Pâques » qu’il a caché dans un recoin du jeu.
Wade Watts est un jeune orphelin qui, sous les traits de Parzival, joue régulièrement. Avec quelques amis virtuels, Aech, le colosse bricoleur, Art3mis, la jolie motarde, Daito, le samouraï et Sho, le guerrier ninja, il se lance dans la quête de l’œuf de Pâques. Mais Sorrento, le puissant directeur de la multinationale IOS , entend bien mettre la main sur le magot le premier.

Ready Player One a été accueilli par des louanges dithyrambiques. Du Monde à Libération, en passant par Télérama et Les Inrocks, la critique fait preuve d’un unanimisme suspect. Et les spectateurs ont réservé un accueil triomphal à Ready Player One qui a fait près d’un million d’entrées en France durant sa première semaine d’exploitation.

Les critiques ont salué en particulier, dans des articles qui résonnaient parfois comme autant d’éloges funèbres, le génie de Steven Spielberg. Nul doute qu’il mérite ses éloges au regard de son impressionnante filmographie qui accumule les chefs d’œuvre et les succès. Cette filmographie compte deux veines principales. La première, à laquelle Spielberg semblait s’être abonné ces dernières années, sont les grands films sérieux tournés avec un classicisme efficace : Pentagon Papers, Le Pont des Espions, Lincoln, Cheval de guerre, Munich, Il faut sauver le soldat Ryan, La Liste Schindler… La seconde, qu’il semblait au contraire avoir abandonnée, est destinée à un public plus jeune : E.T., Indiana Jones et ses suites, Jurassic ParkReady Player One marquerait le retour de Spielberg à cette veine.

Et c’est bien là, à mon sens que le bât blesse. Car Ready Player One veut jouer sur les deux tableaux. D’un côté les références nostalgiques aux 80ies, aux jeunes années de Steven Spielberg (né en 1948… et qui n’était donc plus si jeune que cela) qu’on imagine volontiers fasciné par les premiers jeux Atari, par les films de Kubrick et les tubes de Van Halen, les Bee Gees, A-ha, Depeche Mode. De l’autre le film de science fiction, gonflé jusqu’à la gorge d’effets spéciaux et de combats épiques.

Ni l’un ni l’autre ne m’ont séduit. Je hais les années quatre-vingt – quand bien même elles coïncidèrent avec le vert paradis de mes amours enfantines – ses coloris marronnasses, ses musiques pop trop sucrées. Je hais les jeux vidéo d’hier et d’aujourd’hui auquel je n’ai jamais rien compris et auxquels je n’ai pas vraiment joué. J’ai trouvé par exemple la course automobile dont je lis qu’elle est « à couper le souffle » ennuyeuse à mourir, puis les allers-retours incessants entre le monde réel et l’univers virtuel d’Oasis incompréhensibles.

Que dire de l’histoire manichéenne au possible (un méchant très méchant dont on sait par avance que les sinistres machinations seront déjouées par des gentils très gentils) sinon qu’elle est d’une platitude achevée ? Cette chasse au trésor, découpée en trois étapes (trois clés doivent être découvertes pour accéder à l’œuf), fait irrésistiblement penser aux scénarios des jeux vidéo où il faut relever un défi pour accéder au niveau supérieur. Quant à la composition ethniquement équilibrée du « clan » de Wade/Perzival et à la romance téléphonée qui se noue entre le héros et la jolie motarde – dont les traits rappellent ceux des Minimoys de Luc Besson – soupirs…

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La Fille aux deux visages ☆☆☆☆

Clarisse suit Marc, un chirurgien, à son domicile pour une nuit d’amour. Mais Marc l’endort, la ligote et s’apprête à pratiquer sur elle une greffe de visage. On comprend que Marc entend donner à la blonde Clarisse les traits de sa femme défunte, la brune Hélène.

Tout est raté dans La Fille aux deux visages. Son noir et blanc esthétisant qui louche trop ostensiblement vers Les yeux sans visage, l’indépassable chef d’œuvre de Franju auquel le jeune Romain Serir a bien du culot de se frotter dans son premier film. Son scénario difficilement crédible. Sa durée bâtarde (soixante-quinze minutes) trop longue pour un court, trop courte pour un long. Son montage qu’une musique envahissante peine à cacher les maladresses. Son éclairage désastreux. Le jeu de ses acteurs affolant de nullité. Le dénouement inutilement compliqué.

On peine à comprendre qu’un tel film puisse se tourner – il est vrai avec un budget des plus modestes – et, pire, se diffuser – il est vrai dans une seule salle parisienne dont il y a fort à parier qu’il en quitte rapidement l’affiche.

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Les Garçons sauvages ☆☆☆☆

Cinq garçons de bonne famille commettent une crime sauvage sur leur ancienne professeure. Ils passent en jugement. Ils sont remis à un capitaine louche qui promet de les redresser. Commence pour eux une longue odyssée vers une île mystérieuse.

Les Garçons sauvages arrivent sur les écrans nimbé d’un parfum de scandale. Bertrand Mandico s’est fait un nom dans les courts et moyens métrages. Le nom d’un réalisateur au style unique, qui n’hésite pas à bousculer les genres, à transgresser les frontières. Son premier long est lesté de références aussi écrasantes qu’hétéroclites : Robert Louis Stevenson pour le récit d’aventures et le capitaine cruel,  William Golding pour cette histoire de jeunes garçons échoués sur une île déserte, William Burroughs pour l’onirisme halluciné, David Lynch pour le bizarre et le fantastique, Alain Robbe-Grillet pour l’esthétique érotique, Guy Maddin pour le noir et blanc satiné, etc.

J’ai tout détesté dans Les Garçons sauvages. Son esthétique prétentieuse qui se voudrait gothique et queer à la fois. Son maniérisme. Son noir et blanc chichiteux – entrelardé de quelques plans en couleurs d’une rare laideur. Son attachement fétichiste à une forme d’autant plus sophistiquée qu’elle peine à cacher un contenu totalement creux. Les giclées de sperme et les jets d’urine qui ponctuent son film et qui voudraient choquer le bourgeois – qui en a vu d’autres. Ses dialogues ridicules (« l’espérance est un bonheur presque égal au bonheur »). La fausse bonne idée qui consiste à faire endosser le rôle des ces cinq jeunes hommes par cinq actrices. Sa longueur interminable (près de deux heures) là où un format plus court aurait amplement suffi.

Mais mon opinion est personnelle et mon « coup de gueule » subjectif. Tout en détestant ce film et en m’y étant copieusement rasé, j’en reconnais de bonne grâce l’originalité sinon la qualité. Mon goût pour des formes de cinéma plus conventionnelles, moins audacieuses, ne doit pas me conduire à vouer aux gémonies celles qui s’en écartent pour explorer d’autres voies moins balisées et à reprocher aux critiques unanimes leur enthousiasme excessif pour un film surfait.

La bande-annonce