007 Spectre ☆☆☆☆

Le vingt-quatrième James Bond est un nanar qui tient la route trente minutes avant de sombrer corps et âme.

Une histoire sans intérêt. Un générique kitchissime et une BOF… beaufissime. Un méchant, même pas méchant. Une James Bond girl aussi sexy qu’un thon sorti du congélo. Un James Bond vieillissant qui rappelle le Sean Connery asthmatique des Diamants sont éternels. Des pays exotiques sans l’ombre d’une trame géopolitique.

Bref une grosse, grosse déception…

La bande-annonce

Ange & Gabrielle ☆☆☆☆

Ange & Gabrielle aurait pu être un des favoris des Gérard du cinéma 2015 qui désignent les plus mauvais films de l’année. Patrick Bruel y joue le rôle qu’il a déjà endossé mille fois du quinqua sexy sans attaches. Isabelle Carré joue, elle aussi, son rôle étendard de godiche qui déboule dans la vie d’Ange pour lui annoncer que son fils (à lui) a mis enceinte sa fille (à elle). S’ensuivent quelques dialogues convenus sur la paternité, quelques gags pas drôles sur la difficulté de l’assumer et un épilogue prévisible sur les vertus du mariage. L’alchimie entre les deux acteurs ne fonctionne pas une seule seconde et même Laurent Stocker, pourtant excellent, se ridiculise dans le rôle du meilleur ami… homo comme de bien entendu.

Ange & Gabrielle est une comédie romantique qui voudrait être de son temps alors qu’elle ne réussit tout au plus qu’à le caricaturer (« Un père, c’est un confident, un complice, un ami »). À fuir…

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Tarzan ☆☆☆☆

Tarzan – la suite. Après que ses parents ont trouvé la mort dans la jungle, qu’une maman-gorille l’a élevé, qu’il a rencontré et épousé la belle Jane, le jeune John Clayton III est rentré en Angleterre. L’histoire du Seigneur de la jungle, inventée par Edgar Rice Burroughs avant la Première Guerre mondiale, est universellement connue. Elle a déjà donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques.

David Yates, le réalisateur des quatre derniers Harry Potter, en imagine la suite. Nous sommes en 1890 au lendemain de la conférence de Berlin. Léopold II vient de mettre la main sur l’immense Congo. Il lorgne sur les mines de diamant dont l’accès est défendu par la tribu du chef Mbonga qui voue au jeune Tarzan une haine imprescriptible. Jouant de cette rivalité, le fielleux capitaine Léon Rom va tendre un piège au jeune lord et à sa ravissante épouse.

Le scénario de Tarzan n’est pas d’une particulière subtilité. D’un côté les gentils : le bodybuildé Alexander Skarsgård qui ne perd pas une occasion de quitter sa chemise pour dévoiler ses pectoraux, la sexyssime Margot Robbie qui, hélas, ne quitte pas sa chemise (le film est PG-13), Samuel L. Jackson en acolyte américain, habile tireur et anti-esclavagiste, et Djimon Hounsou en roi nègre moins cruel qu’il n’y paraît. De l’autre, le méchant : Christoph Waltz qu’on a un peu trop vu dans ce genre de rôles, de Inglorious Basterds à 007 Spectre en passant par Django Unchained, pour ne pas s’en lasser. Et au milieu, les gorilles, les lions et les éléphants, en images de synthèse, nettement moins réussis que l’ours de The Revenant.

On l’aura compris, Tarzan est d’une niaiserie abyssale et d’une laideur repoussante. Le scénario, d’une lourdeur éléphantesque, se traîne à un rythme d’escargot. Les scènes d’action, tournées dans la campagne anglaise sur fond vert, ne réussissent pas à réveiller le spectateur passablement endormi. Et la morale de l’histoire, qui voit un Blanc sauver les Noirs de la cupidité d’autres Blancs, charrie un racisme aussi primaire qu’involontaire.

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Knight of Cups ☆☆☆☆

J’avais beau avoir été prévenu, je suis allé voir le dernier film de Terrence Malick, plein d’impatience et de curiosité. Je savais depuis The Tree of Life et À la merveille que le génial réalisateur de La Ligne rouge et des Moissons du ciel avait versé dans un prêchi-prêcha panthéiste.

Ses films ne s’embarrassent plus d’un scénario, mais se résument à la juxtaposition prétentieuse de plans sans queue ni tête. Ils ne s’embarrassent plus non plus de dialogues, préférant recourir à une pesante voix off.

Knight of Cups suit Christian Bale dont on comprend qu’il est un scénariste en mal d’inspiration. Il se soigne en faisant l’amour à de sublimes blondes sylphides – ce qui donne quelques jolis plans. Mais, comme chacun sait, la chair est triste (oh là là c’est profond cette réflexion !) et le souvenir (ou peut-être le fantasme ?) du grand amour n’est jamais loin : s’agit-il de Cate Blanchett ou de Natalie Portman, qu’on croirait l’une et l’autre sorties d’une pub pour Chanel (ou Giorgio Armani ?) ?
On ne le saura jamais… et à la vérité on s’en fiche.

Knight of Cups est-il un sublime poème métaphysique auquel je n’ai rien compris ? ou un grand n’importe quoi d’un vieil érotomane paresseux ? Dans un cas comme dans l’autre, j’ai perdu mon temps et vous recommande de ne pas perdre le vôtre.

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Love & Friendship ★☆☆☆

Jane Austen a décrit mieux que quiconque l’Angleterre géorgienne au tournant du (XIXe) siècle, sa petite noblesse campagnarde, ses codes et la façon de les contourner. Whit Stillman s’est fait, lui, le portraitiste des bobos new-yorkais au tournant du (XXIe) siècle, de leurs égocentrismes, de leurs frustrations et de leurs aspirations. La rencontre de ces deux grands artistes était inéluctable. Ou pas.

On pourra se régaler de cette adaptation de Lady Susan, une nouvelle méconnue de Jane Austen (il fallut attendre 2000 pour qu’elle soit traduite en français) dont on vantera à l’envi les dialogues ciselés, les personnages hauts en couleur, la mise en scène rebondissante, les décors et les costumes impeccables. Ou pas.

Car je dois avouer, le rouge au front, avoir décroché au bout d’une demi-heure de cette histoire qui ne me parlait pas. Cette veuve sans scrupule qui cherche un époux pour sa fille et pour elle-même, au risque de troubler la quiétude des familles qui les hébergent, est trop manipulatrice pour être sympathique mais pas assez machiavélique pour être haïssable. Le rythme, sans être lent, est d’une uniformité qui produit l’ennui. Les dialogues, millimétriques, s’enchaînent à vive allure sur le même ton ironique. Une aussi courte nouvelle et un film aussi bref réussissent à mobiliser un si grand nombre de personnages qu’on finit par confondre Reginald, Sir James et Charles et à se désintéresser du sort de Lady Susan et de sa fille.

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Un homme d’État ☆☆☆☆

Longtemps le cinéma français s’est tenu éloigné du monde politique. Longtemps il fut de bon ton de s’en étonner, le comparant au cinéma américain qui, depuis toujours, n’a pas hésité à mettre en scène les sommets de l’État. La situation est en train de – lentement – évoluer : l’excellent La Conquête, le drolatique Quai d’Orsay, le surcoté L’Exercice de l’État, la série Les Hommes de l’ombre décrivent avec plus ou moins de succès les arcanes du pouvoir et les moyens de le conquérir.

Un homme d’État s’inscrit dans cette veine de plus en plus abondante. Librement inspiré de la campagne présidentielle de 2012, il raconte comment un président de droite sans scrupules, candidat à sa réélection, courtise un vieux leader de gauche dont le ralliement lui permettrait d’être réélu.

Hélas, comme souvent au cinéma, la reconstitution des cercles du pouvoir manque cruellement de crédibilité. Des acteurs, trop vieux ou trop jeunes, récitent sans naturel des dialogues trop écrits. Les rebondissements de l’intrigue sont trop grossiers. Les caractères sont trop machiavéliques ou trop naïfs et vivent dans un luxe indécent de limousines, d’hélicoptères, d’hôtels cinq étoiles, révélateur de l’image faussée qu’on se fait des élites politiques et des hauts fonctionnaires.

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L’Idéal ☆☆☆☆

Commençons ce coup de gueule par l’aveu d’un coup de cœur. J’adore Frédéric Beigbeder. Son dandysme revendiqué m’enchante, son horripilant nombrilisme me ravit, son autodérision m’amuse. J’ai lu tous ses livres. J’ai regardé pendant des années Le Cercle, l’émission de critique cinématographique qu’il anime de 2007 à 2015 sur Canal + Cinéma.

J’avais beaucoup aimé L’Amour dure trois ans, le film autant que le livre. J’avais moins goûté 99 francs. Pas de chance : L’Idéal louche plutôt vers celui-ci que vers celui-là. Comme dans 99 francs son héros, double autobiographique de l’auteur réalisateur auquel il emprunte la barbe et la chevelure, travaille dans la pub. « Model scout », il traque dans la Russie la nouvelle Claudia Schiffer, la moderne Gisele Bündchen. Il est employé par la firme L’Idéal – qui donne son nom au film – derrière laquelle on reconnaît sans peine L’Oréal dont le passé trouble durant l’Occupation est même lourdement évoqué.

Le film de Beigbeder, comme le roman Au secours pardon dont il est l’adaptation, regorge de jolies filles, de coke et de fêtards décérébrés. Mais le roman les décrivait avec une fascination ambiguë alors que le film les tourne en ridicule. Le film y perd en subtilité et verse dans une satire convenue : satire du monde de la mode, de la beauté artificielle, du capitalisme sans âme. Seule valeur de remplacement proposée : un éloge bien-pensant de la paternité.

Plus grave : Beigbeder n’est pas drôle, ses vannes tombent à plat, des situations censées faire rire provoquent une gêne embarrassante.

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Tout s’accélère ★☆☆☆

Un ancien trader, devenu instituteur, interroge ses élèves de CM2 sur l’accélération du monde.

Demain vient de toucher une audience exceptionnelle en jouant sur la corde sensible de l’inquiétude de nos sociétés pour leur environnement et pour leur futur. Tout s’accélère creuse la même veine du docu écolo, citoyen et responsable.

Il le fait avec de jeunes enfants, créant un double malaise.
Le premier est d’entendre des enfants évoquer « le bon vieux temps » et dire « c’était mieux avant ». Ce genre de propos amers se comprend dans la bouche de vieillards nostalgiques de mon âge. Il n’a aucune authenticité dans celle d’enfants de dix ans, décrédibilisant du coup son propos. Que le monde aille trop vite est une chose ; qu’il accélère en est une autre.
Le second est leur instrumentalisation : sous couvert de recueillir de leurs bouches un témoignage (forcément) authentique, cet enseignant n’est-il pas en train de leur inculquer sa propre idéologie ? Une idéologie qui interroge à bon droit la vitesse, la croissance, la cupidité. Mais aussi une idéologie malthusienne du moins, du petit, du contentement, du renoncement qui n’est pas celle sur laquelle l’humanité s’est bâtie et dont je doute qu’elle lui permette de relever les défis auxquels elle est aujourd’hui confrontée.

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The Nice Guys ☆☆☆☆

Mais quelle mouche a piqué Russell Crowe, l’acteur américain le plus sexy des années 2000, et Ryan Gosling, l’acteur américain le plus sexy des années 2010 ? Des impôts à solder ? Un divorce à négocier ? Une gynécomastie à financer ? Pourquoi être allés se compromettre dans ce sombre navet ?

The Nice Guys emprunte à trois styles, à trois époques. Premièrement, une intrigue policière passablement emberlificotée qui louche, sans leur arriver à la cheville, du côté des scénarios de films noirs des années 40.  Deuxièmement l’esthétique flower power des années 70, la musique disco funk, les voitures chromées et le libertarisme hippie. Troisièmement le buddy movie des années 80 qui a légué au cinéma mondial des nanars fatigués reposant uniquement sur leurs deux héros.

Pas étonnant qu’un tel mélange donne un résultat médiocre. Certes, la première demi-heure de The Nice Guys suscite vaguement la curiosité : l’histoire est suffisamment intrigante pour qu’on s’y intéresse, le tandem formé par Russell Crowe et Ryan Gosling suffisamment détonant pour amuser, la reconstitution des seventies suffisamment soignée pour retenir l’œil. Mais bien vite, le plaisir s’émousse. Le scénario s’étire, qui aurait pu aussi bien s’achever trente minutes plus tôt. Les acteurs se ridiculisent à force de pantomimes. L’esthétique seventies s’avère au mieux artificielle, au pire hideuse.

Oubliez The Nice Guys et préférez-lui un épisode de Starsky & Hutch !

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Café Society ★☆☆☆

Depuis que je vais au cinéma, je n’ai jamais raté un Woody Allen. À mon âge ça commence à faire. 1987 ? 1988 ? C’est devenu un rite saisonnier, en général automnal mais cette année printanier, Cannes oblige. Un rendez-vous immanquable. Un peu comme le raisin en septembre et les truffes à Noël.

Depuis quelques années, le maestro vieillissait. Mais on lui laissait encore le bénéfice du doute. Combien de fois a-t-on écrit qu’un mauvais Woody valait mieux qu’un bon navet ? Au milieu d’une longue liste de films oubliables (qui se souvient de Melinda et Melinda ou de Scoop ?), quelques pépites rappelaient que Woody était un génie : Match Point, Blue Jasmine

Mais aujourd’hui le roi est nu. Woody a atteint ses limites. S’il n’avait pas quatre-vingts ans passés, j’oserais dire qu’il a fini de creuser sa tombe. Tant (oh mon Dieu, j’ai déjà oublié le titre de ce film que je viens de voir) Café Society est un ratage complet.

La mise en scène si tonique, si vivante, est désormais d’une soporifique paresse. Le scénario surprenant et rebondissant est ici long comme un jour sans pain. Même les acteurs ont l’air de s’ennuyer. Restent des décors, des costumes, une lumière (l’Amérique des années 30), luxueux mais sans âme.

Pariant sur la réputation de son auteur, Café Society a fait l’ouverture du Festival de Cannes. Il y était projeté hors compétition.  Pour ne pas éclipser les autres films ? Ou pour ne pas leur faire de tort ?

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