
Impossible d’ignorer le torrent de critiques enthousiastes qui a accompagné la sortie du dernier film des frères Coen ! « Hommage roboratif à l’âge d’or de Hollywood » ! « Malicieuse satire » ! « Distribution éclatante » ! « Fiévreuse déclaration d’amour au cinéma » ! N’en jetez plus, la coupe est pleine !
C’est du coup avec beaucoup d’humilité que je m’autorise un coup de gueule contre un film qui m’a fait ronfler d’ennui.
Pourquoi tant de somnolence ? Bon d’accord, parce que je suis vieux (et chauve), que la séance était tardive et ma voisine confortable. Mais pas seulement.
Ave, César ! est une aimable succession de vignettes que relie sans conviction un scénario sans intérêt : la star hollywoodienne Baird Whitlock (George Clooney plus grimaçant que jamais) a été kidnappé par une bande de pieds nickelés crypto-communistes et Eddie Mannix (Josh Brolin, la moustache au carré), l’homme à tout faire des studios Capitol Pictures, se charge de le libérer.
Sans doute, les frères Coen rassemblent-ils une cohorte de stars. Mais à quoi bon les montrer si peu ? On entraperçoit Scarlett Johansson, qui nage comme un poisson et parle comme une morue. Frances McDormand n’a droit qu’à une seule scène (je n’exclus pas qu’elle en ait eu plusieurs… mais je dormais). Seule exception notable : le méconnu Alden Ehrenreich qui crève l’écran dans un rôle drôlissime de cowboy forcé de jouer un bellâtre dans un drame cukorien.
Quant à la déclaration d’amour au cinéma des années 50, elle ressemble plutôt à l’accumulation kitsch de reconstitutions artificielles : western, péplum, comédie musicale (avec un numéro de claquettes de Channing Tatum délicieusement gay-friendly)… tout y passe. Rien à dire : c’est filmé au millimètre, brillant et drôle. Mais où est l’émotion ?
Mes réticences à l’égard de « Ave, César ! » s’expliquent largement par mon manque d’intérêt pour le cinéma des frères Coen. Je n’ai jamais compris la vénération dont ils font l’objet. Leurs films noirs me plaisent : Sang pour sang (1984), Miller’s Crossing (1990), No Country for Old Men (2007). Mais leurs bouffonneries parodiques peinent à m’arracher un sourire : je tiens O’Brother (2000), avec le grimaçant George Clooney, comme un des pires films jamais tournés.
Certains films provoquent chez moi une hypnose soporifique : L’Avventura, L’Année dernière à Marienbad, Les Ailes du désir, Solaris, Winter Sleep. Unanimement reconnus par une critique enthousiaste, couronnés de mille prix, ils ne me parlent pas. Leur beauté hiératique me reste irréductiblement étrangère. Leur faux rythme m’arrache des bâillements d’ennui. Pour autant, intimidé par tant d’éloges, je reconnais leur valeur et déplore ne pas y être sensible.
Autant le dire sans détour : j’ai détesté Steve Jobs. J’ai même réussi à m’y endormir. Pourtant, sur le papier, le dernier film de Danny Boyle (dont le méconnu Millions compte parmi mes films préférés pas très loin devant Slumdog Millionaire ou 28 jours plus tard) écrit par Aaron Sorkin (The Social Network, les sept saisons de West Wing) avait tout pour me séduire.
Je le confesse : c’est alléché par une
J’ai déjà dit ici combien la miniaturisation était en train de révolutionner le cinéma.