Pattaya ☆☆☆☆

Trois kaïra de banlieue – un idiot bodybuildé, une fashion victim et un nain pieux – s’inscrivent à un championnat de boxe thaï pour gagner trois billets pour Pattaya, la capitale thaïlandaise de tous les vices. Leur supercherie les entraîne dans une successions de mésaventures.

Après le succès des Kaïra en 2012, Franck Gastambide a voulu remettre le couvert. Les chiffres ne lui donnent pas tort : avec près de deux millions d’entrées, ce Pattaya a été l’un des plus grands succès commerciaux en 2016.

Pourtant ce succès public ne manque pas d’interroger. D’autant que la critique calamiteuse qui avait accompagné sa sortie aurait pu ou dû dissuader quelques spectateurs de prendre le chemin des salles. Elles m’avaient dissuadé à l’époque de le faire ; mais, un énième confinement, l’offre bien faiblarde de Amazon Prime Video et le désir paresseux de passer un bon moment m’ont conduit, avec quelques années de retard à le regarder sur mon ordinateur.

Je m’en suis vite mordu les doigts. Certes, le premier quart d’heure renoue avec la banlieue des Kaïra. On, y retrouve l’humour irrespectueux de Franck Gastambide qui fait souvent mouche. Mais bien vite, le film prend la tangente, direction la Thaïlande et ses clichés. Il ne devient le prétexte qu’à des blagues vulgaires sinon scatologiques dont les nains et les transsexuels font les frais. On ne rit pas. Pire, on est vite mal à l’aise face à une telle surenchère de mauvais goût et on se demande si ce genre d’humour stigmatisant serait encore, en 2022, accepté et acceptable.

La bande-annonce

L’Horizon ★☆☆☆

Adja va sur ses dix-huit ans. Elle suit, sans passion des études de puéricultrice et effectue un stage dans un EHPAD. Son frère aîné est une vedette de football dont une blessure va bientôt hypothéquer l’avenir. Sa meilleure amie ne vit que par les réseaux sociaux où elle a une petite notoriété.
Adja a le béguin pour Arthur, un ami de classe qui, avec une bande de militants, occupe une ZAD constituée sur les terres de son père, un agriculteur bio menacé d’expropriation.
Adja considère d’abord avec méfiance l’engagement d’Arthur ; mais elle va bientôt le rejoindre dans son combat.

L’Horizon est un film qui entrelace deux thématiques. D’une part, celle bien connue du « film de banlieue » avec pour héros, ses immigrés de deuxième génération qui cherchent leur place  dans une France pas toujours hospitalière (Les Misérables, Shéhérazade, Divines, Tout ce qui brille….) ; d’autre part, celle plus originale, même si elle est vouée à un bel avenir (on pense à l’hilarant Problemos, à l’ambigu Autonomes ou à l’inquiétant Le Grand Jeu), du film social sur la défense de l’environnement.

La mayonnaise pourrait prendre : ouvrir les banlieues bétonnées aux campagnes verdoyantes qui les entourent, les filmer selon des lignes d’horizon différentes de celles qu’on a l’habitude de voir est un pari stimulant. Hélas ici elle ne prend pas. La faute à des acteurs sans doute charmants, mais mal dirigés dont les scènes ont parfois le ridicule empesé des pires télénovelas mexicaines. La faute aussi à un scénario faiblard qui certes ne nous fait pas mourir d’ennui mais qui, pour autant, peine à susciter l’intérêt d’un film qui dure pourtant à peine quatre-vingt quatre minutes.

La bande-annonce

My Kid ★★☆☆

Aaron a sacrifié sa vie à Uri, son fils autiste. il lui a sacrifié sa carrière de dessinateur. Il lui a sacrifié son couple qui a éclaté. Il a organisé son quotidien autour de routines mille fois répétées et rassurantes. Mais Uri a vingt ans à présent et sa mère exige qu’il soit placé dans une institution spécialisée. Uri, que toute nouveauté effraie, n’y est pas prêt et Aaron, après avoir vainement tenté de le convaincre, n’a d’autre solution que de prendre la tangente avec lui.

Je suis allé à reculons voir My Kid, sorti depuis la fin décembre et presque disparu des écrans après quelques semaines d’exploitation. Je craignais d’y voir une démonstration dégoulinante d’amour paternel pour un enfant autiste, enchaînant les crises, testant les limites de l’incommensurable patience de son père, sous les yeux de tiers consternés, effrayés ou attendris.

Je me trompais à moitié. My Kid ne nous trompe pas sur la marchandise et vante les trésors d’amour infini qu’il faut posséder pour élever un enfant autiste. Mais il ne verse pas pour autant dans le sentimentalisme qu’on avait redouté. Certaines situations malaisantes sont ébauchées (Uri se roule par terre sur le quai d’une gare, Uri se perd dans une fête foraine, Uri a une érection à la piscine devant une bande de jolies filles) ; mais la pudeur du réalisateur le retient de les exploiter jusqu’à la corde.

Je n’ai pas d’enfants autistes autour de moi. Je n’ai pas eu la lourde responsabilité d’avoir à en élever. Je ne sais d’ailleurs pas si j’en aurais été capable. Je n’ose pas recommander aux amis qui en ont de voir ce film – de peur qu’ils voient à tort ou à raison dans cette recommendation une assignation identitaire. Mais je serais curieux de connaître leurs réactions.

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J’ai le droit de vivre (1937) ★★★☆

Déjà condamné à trois reprises pour de menus larcins, Eddie Taylor (Henry Fonda) sort de prison désormais bien décidé à rester dans le droit chemin. Son épouse aimante (Sylvia Sidney) va l’y aider. Mais la société refuse à Eddie une seconde chance : les propriétaires de l’hôtel où le couple passe sa lune de miel le mettent à la porte après avoir reconnu Eddie, le patron de l’entreprise où Eddie a réussi à trouver un poste de livreur le licencie sans motif. Plus grave : lorsqu’un braquage tourne mal, tous les soupçons se portent sur Eddie qui risque la chaise électrique s’il est reconnu coupable.

En 1937, Fritz Lang fuit l’Allemagne nazie et arrive aux Etats-Unis, après une courte escale en France. J’ai le droit de vivre (dont je me demande si le titre original, You Only Live Once, a directement inspiré les producteurs de James Bond) est le deuxième film qu’il y tourne. Dix ans avant que le genre acquiert ses lettres de noblesse, c’est l’un des tout premiers films noirs dont il contient déjà tous les ingrédients : l’usage envoûtant du noir et blanc pour des scènes presqu’exclusivement nocturnes, la figure du héros maudit, le couple en cavale, la force inéluctable du destin…

Le scénario est inspiré de la fuite de Bonnie et Clyde qui avait défrayé la chronique quelques années plus tôt. Il est mené à un train d’enfer au point qu’on se demande, au bout d’une heure à peine, si le film ne touche pas déjà à sa fin. Sa dernière demi-heure est moins convaincante.

J’ai le droit de vivre donne à Henry Fonda un de ses premiers grands rôles. Il y incarne déjà la figure héroïque de l’Américain vertueux et courageux, seul contre tous, qui constituera sa marque de fabrique dans Les Raisins de la colère ou Douze Hommes en colère.

Un extrait

A Perfect Enemy ★★☆☆

De passage à Paris pour une conférence, le célèbre architecte polonais Jeremiasz Angust (Tomasz Kot) accepte, sur le chemin de Roissy, de prendre dans son taxi une jeune touriste néerlandaise qui répond au nom étrange de Texel Textor (Athena Strates). Le duo rate son avion et doit patienter deux heures au salon VIP. Le dialogue s’engage, de plus en plus troublant, entre les deux voyageurs.

Amélie Nothomb est probablement l’une des romancières les plus célèbres et les plus vendues en France. À chaque rentrée littéraire depuis bientôt trente ans, son dernier livre prend place parmi les meilleures ventes. Pourtant, elle a été très peu adaptée au cinéma : Hygiène de l’assassin est sorti en 1999 avant qu’elle ait acquis la célébrité qu’elle a aujourd’hui, Stupeurs et Tremblements en 2003 a eu plus de succès, Tokyo Fiancée, adaptée de Ni d’Ève ni d’Adam, est passé inaperçu.

Il est à craindre que cette adaptation de Cosmétique de l’ennemi subisse le même sort. Ses droits, après bien des péripéties, ont été rachetés par plusieurs sociétés de production espagnole, allemande et française. Un réalisateur espagnol fut choisi. Le casting est très international : Tomasz Kot (Cold War) est polonais, Aretha Strates sud-africaine, Marta Nieto (l’héroïne de Madre) espagnole. On reconnaît le Français Dominique Pinon dans un second rôle. Le film a évité de justesse la sortie directe en DVD mais n’a fait l’objet que d’une distribution minimaliste : une seule salle parisienne l’a programmée pendant deux semaines à peine fin 2021.

Le résultat reste fidèle au court roman et met en scène une logomachie entre les deux principaux protagonistes, une joute verbale qu’une mise en scène rythmée réussit à ne pas rendre monotone. Elle est ponctuée de flashbacks qui éclairent progressivement l’enjeu du film et permettent de comprendre sa première image énigmatique. À équidistance du navet et du chef d’œuvre, on se laisse gentiment porter par une histoire dont on est curieux de connaître le dénouement.

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Traverser ★☆☆☆

Inza est un jeune « brouteur » ivoirien que le réalisateur Joël Akafou avait rencontré au début des années 2010 à Abidjan où il tournait un documentaire sur ces internautes persuasifs qui arnaquent des Occidentaux crédules. Inza a décidé de quitter l’Afrique pour l’Eldorado européen. Emprisonné en Libye, il a appelé au secours Joël Akafou, qui lui est venu en aide et a tiré de cet épisode un premier documentaire, inédit en salles, Vivre riche.
Quelques mois plus tard, Inza recontacte Joël. Il a réussi à traverser la Méditerranée, au péril de sa vie. Il est maintenant à Turin, en Italie. Mais faute d’avoir accepté de demeurer en camp de transit, il a versé dans l’illégalité et est sous le coup d’une mesure de reconduite. Son seul espoir : passer en France en traversant les Alpes.

Traverser a une immense qualité : il nous fait vivre et ressentir de l’intérieur la condition d’un immigré clandestin en Europe, ses espoirs d’une vie meilleure, sa crainte de la police et surtout l’attente émolliente et dégradante d’une régularisation, sans possibilité de travailler. La situation de Inza le contraint à une vie oisive et sédentaire, enfermée entre les quatre murs de l’appartement de sa compagne, une Ivoirienne, mère de famille, installée en Italie depuis quelques années.

Traverser a une autre qualité dont on se demande s’il ne s’agit pas d’un défaut : il a pour personnage principal un sacré bonimenteur, un être solaire, plein d’énergie, mais aussi hypocrite, paresseux et infidèle. Il use de son charme pour séduire les femmes et vivre à leur crochet. Sa demande d’asile, en Italie comme en France, ne vaut rien. Quel est son avenir en France où il est parvenu à entrer mais où il vit aujourd’hui sans papiers, dans la même situation que celle où il vivait hier en Italie ? Quelle nouvelle « traversée » entreprendra-t-il ? vers quel Eldorado ?

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The Cloud in Her Room ☆☆☆☆

Une jeune femme de vingt-deux ans, Muzi, revient passer les fêtes du Nouvel an lunaire à Hangzhou sa ville natale. Elle s’installe dans l’ancien appartement désaffecté de ses parents qui se sont séparés. Son père, batteur dans un orchestre de jazz, a pris une nouvelle femme. Sa mère, de plus en plus alcoolique, enchaîne les amants. Muzi retrouve à Hangzhou un ami d’enfance et vit avec lui une aventure. Elle sympathise aussi avec le propriétaire d’un établissement de nuit.

La réalisatrice de The Cloud in Her Room est photographe de formation. C’est la raison qui explique le soin porté à l’image, sous toutes ses déclinaisons. C’est là, de mon point de vue, l’unique intérêt de ce film qui donne, par ailleurs, la désagréable impression de se moquer de ses spectateurs.

On a un peu l’impression que la réalisatrice a filmé, au fil de l’eau (car il pleut beaucoup dans ce film hivernal et froid), quelques scènes et nous les jette façon puzzle à la vue, à charge pour nous d’en restaurer la chronologie et la logique.

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La Leçon d’allemand ★☆☆☆

Avant d’être interné dans un centre de redressement pour jeunes délinquants, Siggi Jepsen passa son enfance avec sa famille dans le nord de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père, Jens Ole Jepsen, un homme inflexible, guidé par le respect aveugle de la discipline, y dirigeait le minuscule poste de police. Son père avait un ami d’enfance, le peintre expressionniste Max Ludwig Nansen, dont les œuvres avaient été interdites par le régime nazi.

La Leçon d’allemand est d’abord un roman écrit à la fin des années soixante et bientôt devenu un classique de la littérature allemande, même s’il n’est guère connu hors des frontières. Une première adaptation en fut filmée pour la télévision en 1970. Christian Schwochow, qui avait déjà tourné en 2016 dans les mêmes paysages du Schleswig-Holstein une biographie de Paula Modersohn-Becker, s’est donné les moyens d’une adaptation léchée pour le cinéma. Sortie en octobre 2019 en Allemagne, elle a mis plus de deux ans à franchir le Rhin.

La Leçon d’allemand rappelle irrépressiblement Le Tambour. Le roman de Günter Grass avait été écrit en 1959. Son adaptation par Volker Schlöndorff, auréolée de la Palme d’Or, était sortie en 1979. Il racontait, comme La Leçon d’allemand après lui, la chape de plomb du nazisme à travers les yeux d’un enfant.

La Leçon d’allemand le fait dans les paysages sublimes de la mer du Nord, à l’extrême nord du Danemark. C’est le principal atout d’un film qui, hélas, pour le reste, ploie sous un académisme hors d’âge.

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Michael Cimino, un mirage américain ★★☆☆

Michael Cimino a marqué de son empreinte le cinéma américain avec des chefs-d’œuvre comme Voyage au bout de l’enfer ou La Porte du paradis. L’abyssal gouffre financier creusé par la production de ce film-là lui a à jamais attaché la réputation d’un cinéaste maudit que les succès ultérieurs de L’Année du dragon ou de Desperate Hours n’ont pas réussi à l’en débarrasser.
Le critique et historien du cinéma Jean-Baptiste Thoret avait rencontré Michael Cimino en 2010, six ans avant sa mort. Il avait avec lui effectué un improbable road trip sur les lieux mêmes du tournage de La Porte du Paradis, au Montana et au Colorado. Il en avait tiré un livre publié en 2013. Il est revenu début 2020 aux Etats-Unis pour y retrouver les lieux de tournage des films de Cimino, notamment ceux du Voyage en Ohio.

Le documentaire que Jean-Baptiste Thoret consacre à Michael Cimino est passionnant. Il passionnera ceux qui ont vu et aimé les films de ce cinéaste maudit autant qu’il excitera la curiosité de ceux qui ne les ont pas (encore) vus.

Mais il souffre d’un grave problème de construction. Toute sa première heure se déroule à Mingo Junction, une ancienne cité sidérurgique de l’Ohio où a été tourné Voyage au bout de l’enfer. C’est autant un documentaire sur le film et son tournage que sur une ville désindustrialisée de l’Amérique profonde et de ses white trash – dont il y a lieu de craindre qu’ils aient encore donné leurs suffrages à Trump en 2020. À lui seul ce sujet là aurait pu faire l’objet d’un documentaire. Mais Thoret ressent le besoin d’en tourner un second, à l’autre bout des Etats-Unis, dans les paysages enneigés et majestueux du Montana, en y mixant la voix enregistrée en 2010 de Michael Cimino.
Le film en sort boiteux, trop long d’une bonne quarantaine de minutes.

Thoret a réussi à interviewer quelques grands témoins. Parmi eux Quentin Tarantino replace en quelques phrases l’œuvre de Cimino dans l’histoire du cinéma américain, dans celle du Nouvel Hollywood. Il souligne sa filiation au cinéma de Ford, auquel Cimino vouait une admiration révérencieuse, et de Visconti, dont il avait la même élégance.
Thoret interviewe aussi Oliver Stone. Sous couvert de faire le panégyrique de son collègue défunt, le réalisateur de Platoon lui décoche quelques flèches vipérines. On pourrait reprocher à Stone cette mauvaise manière ; mais force est de reconnaître que les critiques qu’il fait à Cimino (son intransigeance, son refus de tout compromis, son manque de sociabilité) ne sont pas sans fondement et participent aussi de son identité.

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The Lost Leonardo ★★★☆

Le Salvator Mundi, attribué à Léonard de Vinci, a été vendu aux enchères en 2017 par Christie’s à New York pour la somme de 400 millions de dollars. C’est le tableau le plus cher jamais mis aux enchères. Pourtant son authenticité reste douteuse.

Quelques mois après le documentaire diffusé sur France 5, celui réalisé par le Danois Andreas Koefoed revient sur cette rocambolesque histoire.

La toile, très endommagée, a été dégottée par un sleeper hunter, un « chasseur d’oeuvres dormantes » dans une vente aux enchères à La Nouvelle-Orléans en 2005 pour la modeste somme de 1175 dollars. Considérablement restaurée par Dianne Modestini, une des plus grandes spécialistes de la renaissance au monde, elle a été authentifiée par un panel d’experts réunis à Londres et présentée à la National Gallery à une exposition consacrée à Leonardo en 2011. L’oligarque russe Dimitri Rybolovlev en fait l’acquisition en 2013 pour 127,5 millions de dollars, laissant à l’intermédiaire suisse Yves Bouvier une marge confortable. Quatre ans plus tard, après une campagne marketing d’une redoutable efficacité sur le thème du « dernier Leonard » ou du « Leonard perdu », Christie’s en réussit la vente historique. L’identité du mystérieux acheteur est révélée quelques mois plus tard : il s’agit du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce remarquable documentaire a trois éminentes qualités.
La première est de nous raconter une histoire digne des thrillers les plus palpitants. Sans doute, la lecture de la notice Wikipedia consacrée au Salvator Mundi ainsi que celle de quelques articles auxquels elle renvoie nous en aurait appris tout autant – et même un peu plus s’agissant par exemple de la « provenance » de l’oeuvre sur laquelle le documentaire est peu disert. Mais il le fait avec un tel talent dans le montage et dans le découpage que The Lost Leonardo, malgré son format très classique, s’élève au rang des meilleurs documentaires.
La deuxième est de nous faire réfléchir à la notion d’oeuvre d’art et aux difficultés de les authentifier. La difficulté est d’autant plus grande à la Renaissance où les peintures étaient exécutées en ateliers par des compagnies d’artistes. Beaucoup d’oeuvres attribuées à Leonardo ou dont l’attribution reste polémique n’ont, dans une certaine mesure, qu’en partie été exécutées par lui, le maître laissant à ses élèves les tâches subalternes. À partir de quel moment une oeuvre de l’atelier de Leonardo peut-elle être attribuée au maestro ou à ses disciples ?
La troisième est de replacer cette polémique dans une perspective plus vaste. Le documentaire est en effet divisé en trois parties. Seule la première concerne à proprement parler la question purement artistique de l’authentification du tableau. Les deux autres, qui ne sont pas moins intéressantes, s’intéressent aux enjeux d’argent et de pouvoir qu’il a suscités. Comme son histoire le montre, des sommes vertigineuses ont été versées pour ce tableau qui devient, dans le capitalisme du XXIème siècle, un placement sûr, faiblement taxé et hautement spéculatif. Il devient aussi un enjeu de pouvoir comme en atteste son acquisition, encore mystérieuse, par le futur leader saoudien qui veut peut-être en faire le joyau du musée qu’il érige en plein désert pour y attirer des touristes.

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