Dans une Amérique dystopique ravagée par la guerre civile, les autorités organisent une épreuve cruelle. Elles rassemblent une cinquantaine de jeunes hommes tirés au sort et promettent à celui qui marchera le plus longtemps sans jamais ralentir le rythme une fortune colossale et la réalisation d’un vœu.
The Long Walk est le tout premier roman de Stephen King, publié en 1979 sous pseudonyme. C’est une métaphore à peine voilée de la guerre du Vietnam. Stephen King condamne l’enrôlement forcé de jeunes bleus envoyés à une mort certaine par un pouvoir militariste incarné par la figure monstrueuse du Major (interprété par un Mark Hamill méconnaissable) et oppose à cette barbarie la force de la fraternité humaine.
Francis Lawrence, le réalisateur de la série Hunger Games – dont le point de départ présente une grande similarité avec celui de Marche ou crève – ressuscite ce livre méconnu du « maître du suspense » (sic) américain cinquante ans plus tard. Il résonne différemment dans l’Amérique trumpienne. Lawrence se lance un défi redoutable : se concentrer sur la marche et sur elle seule, comme s’il filmait un long traveling de plusieurs centaines de kilomètres pendant lequel ses personnages ne feront qu’une seule chose : marcher jusqu’à l’épuisement.
Une fois ce défi lancé, on se demande avec gourmandise comment le scénario va le relever. Hélas, la surprise est vite éventée. Une fois les principaux personnages introduits, le film les verra les uns après les autres être éliminés dans des circonstances que les règles du jeu condamnent à être répétitives : celui qui ralentit est, après trois avertissements, exécuté d’une balle sans sommation. Comme de bien entendu [et je ne divulgâche pas grand chose en l’écrivant] ce sont les deux principaux protagonistes, en tête – ou plutôt en pied – d’affiche qui survivent les derniers, le seul suspens [que je ne divulgâcherai pas] étant de savoir lequel des deux survivra le dernier.
Si l’idée de départ de Marche ou crève est sacrément alléchante, son traitement insipide est décevant. Francis Lawrence semble prendre un plaisir malsain à filmer la violence que le roman de Stephen King dénonçait. Pour autant, on voit mal ce qui a poussé la commission de classification à interdire ce film aux moins de seize ans.