En lice pour les Oscars, Spotlight arrive sur les écrans précédé d’une critique flatteuse. Il la mérite amplement.
Les faits sont connus : en 2001-2002 une équipe de journalistes du Boston Globe enquête sur les actes pédophiles reprochés à des prêtres catholiques et sur le silence complice gardé par leur hiérarchie.
Comme Les Hommes du Président, Spotlight est un film sur le journalisme d’investigation. Le sujet de cette investigation importe peu : Spotlight n’est pas – et c’est tant mieux – un film sur la pédophilie. Pas plus que Les Hommes du Président n’était un film sur le président Nixon.
Le film de Tom McCarthy est admirable par son refus du sensationnalisme. On imagine sans peine avec quels rebondissements un vulgaire faiseur hollywoodien aurait assaisonné son scénario : des journalistes obsédés par leur enquête au point d’y sacrifier leur vie privée, des révélations théâtrales recueillies entre chien et loup d’un indicateur patibulaire, des menaces de mort, une course-poursuite, etc.
Rien de tout cela dans Spotlight qui filme un sujet terriblement peu cinématographique : une équipe de cinq journalistes qui fait son travail. Scrupuleusement. Méthodiquement. Ennuyeusement ? Pas du tout ! Je n’ai pas vu passer les deux heures que dure le film – même si j’entends certaines critiques s’élever contre cette durée excessive. Quand bien même on connaît l’issue de cette enquête, l’absence de suspense ne prive pas le film d’intérêt.
Qu’il fasse l’éloge (funèbre ?) d’une presse écrite condamnée à disparaître face aux médias électroniques et à la tyrannie de l’instantanéité n’importe pas tant que ça… mais ne fait pas de mal non plus.