Les critiques n’ont pas épargné le film de Maïwenn : trop impudique, trop hystérique, trop tout. Je n’y souscris pas. J’ai été touché. Maïwenn n’esthétise pas. Elle ne fictionnalise pas. Elle filme cash.
La relation entre Georgio et Marie-Antoinette (alias Tony) est juste de bout en bout. Leur première fois est filmée sans l’afféterie des embrasements romantiques et les lumières tamisées qui n’existent qu’au cinéma. On couche. On rit. On parle. C’est cru, mais vrai.
Leur relation est très moderne. Le couple en 2015 ne se vit plus – et ne se filme plus – comme avant. On est loin de Roméo et Juliette ou de César et Rosalie. L’amour fou vire vite à la folie. Excessifs dans le coup de foudre, les amants deviennent hystériques dans leur déchirement entrecoupé de réconciliations solaires.
Le film repose sur ses acteurs. Emmanuelle Bercot est le double de Maïwenn à l’écran. Elle en a l’énergie, les éclats de rire… les dents. Elle mérite haut la main sa Palme d’or. Vincent Cassel la méritait tout autant. Je n’ai jamais aimé sa tête de fouine et son jeu faussement décontracté, mais je dois reconnaître qu’il est parfait dans le rôle.
Elle n’est pas une gourde enamourée ; il n’est pas un pervers narcissique ; ils forment un couple incapable de vivre ensemble, incapable de rompre. Plutôt que Mon roi emprunté à Elli Medeiros, With or without you de U2 les aurait mieux résumés.
Je suis complètement d’accord avec votre analyse du film (avec, peut-être, une petite réserve concernant César et Rosalie, mais sans grande importance). J’ajouterais que ce que j’ai apprécié, c’est la description d’un couple dont chacun est ancré sur sa vision de ce qu’est la vie commune : ils ont chacun leur point de vue et chacun est incapable d’essayer de comprendre le point de vue de l’autre.
Ping Jeanne du Barry ★★★☆ | Un film, un jour