« Much loved » suit au quotidien quatre prostituées à Marrakech : Hlima qui débarque du bled, Randa qui préfère les femmes aux hommes, Soukaina, romantique au cœur tendre, et Noha qui fait office de grande sœur. Sans oublier Said, le silencieux homme à tout faire, tour à tour chauffeur, coursier et garde du corps.
Nabil Ayouch filme la société marocaine et ses hypocrisies : les femmes se voilent dans la Casbah mais se dévoilent sitôt refermées les portes des riads de Marrakech où de riches Saoudiens libèrent leurs pulsions réprimées.
Tout y passe : la corruption de la police, les violences faites aux femmes, la tartufferie des hommes face au déni de leur homosexualité, la pédophilie… Les officiels marocains ne l’ont pas supporté et en ont interdit la sortie dans leur pays. Agressée à Casablanca, l’actrice principale, Loubna Abidar, a dû prendre le chemin de l’exil vers la France.
« Much loved » n’évite pas la complaisance dans la description un brin répétitive des nuits de Marrakech. Il aurait pu sans peine être amputé de son dernier quart d’heure. Mais ce beau portrait de femmes – qui rappelle « Le Harem de Madame Ousmane » ou l’exceptionnel « Party Girl » – laisse une empreinte durable, forte et belle.
Ping Le Bleu du caftan ★★★☆ | Un film, un jour