Black Panther ★★☆☆

À la mort de son père, le prince T’Challa (Chadwick Boseman) monte sur le trône du Wakanda. Ce petit pays enclavé d’Afrique connaît, à l’abri des regards envieux du monde extérieur, une prospérité enviable grâce aux réserves de vibranium que renferme son sous-sol.
Mais l’autorité du nouveau roi est bientôt menacée par son cousin, Erik « Killmonger » Stevens (Michael B. Jordan) qui a grandi aux États-Unis et entend rompre avec l’isolationnisme du Wakanda une fois qu’il sera monté sur le trône.

On m’a tant rebattu les oreilles avec Black Panther que j’ai fini par aller le voir près de deux mois après sa sortie. Pourtant je n’aime guère les films de super-héros dont je trouve les débordements pyrotechniques inutilement bruyants et les scénarios d’une affligeante pauvreté. À mon grand soulagement, Black Panther ressemble moins à un film de super-héros qu’à un film d’espionnage façon James Bond dont le héros, lesté de son lot de gadgets ingénieux (un masque de panthère et des super tongs), se déplace d’un continent à l’autre (de la Californie au Wakanda en passant par la Corée du sud – histoire de séduire le public asiatique) pour traquer un super-vilain.

Mais c’est surtout l’arrière-plan politique qui m’intéressait. On a déjà beaucoup glosé sur le sujet. Black Panther serait même le film ayant suscité le plus grand nombre de tweets de l’histoire du cinéma.
Inutile donc de rappeler que Black Panther, dont la quasi-totalité des acteurs sont noirs, est le premier super-héros noir de la franchise Marvel pourtant vieille de plus d’un demi-siècle et qu’il marquera de ce fait une étape importante dans le Black Empowerment – tout comme la place donnée aux femmes témoigne d’une attention accrue portée aux questions de genre.
Inutile de souligner l’engouement qu’a suscité dans la diaspora africaine et sur le continent noir l’image d’un pays africain épargné par la colonisation, libre de gérer ses ressources naturelles sans ingérence extérieure, et ayant brillamment réussi son développement sans renoncer à son authenticité.
Inutile aussi de critiquer l’Afrique caricaturale et fantasmée symbolisée par le Wakanda afrofuriste, qu’il s’agisse des décors construits en carton-pâte dans les studios d’Atlanta en y mélangeant les chutes d’Iguazu en Amérique latine et les chutes Victoria en Afrique australe ou des acteurs dont les caractéristiques empruntent aux coiffures zouloues, aux tenues masaïs et aux scarifications oromos.

Les deux héros incarnent deux conceptions de la question noire et des moyens de la résoudre. L’approche non violente du roi T’Challa rappelle Martin Luther King, celle plus violente de Killmonger évoque Malcom X. Mais c’est à un parallèle plus audacieux, sans doute plus improbable, qui m’est venu à l’esprit et que je n’ai trouvé nulle part dans l’immense littérature qui prolifère autour de Black Panther : le rapprochement avec Staline et Trotski qui, au lendemain de la mort de Lénine, prône, pour le premier l’avènement du socialisme dans un seul pays (à l’instar du roi T’Challa qui n’entend pas révéler au monde les bénéfices qu’apporte au seul Wakanda le vibranium) alors que le second était favorable à la révolution mondiale (comme Kikllmonger qui veut utiliser les richesses du Wakaneda pour défendre la cause des Noirs partout où ils sont opprimés).

La bande-annonce

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