La Chute de l’empire américain ★☆☆☆

Titulaire d’un doctorat en philosophie, Pierre-Paul Daoust (Alexandre Landry) est d’une intelligence supérieure. Mais loin d’être un atout, cette qualité l’a selon lui empêché de trouver sa place dans la société. Il végète dans un emploi de livreur quand un enchaînement hasardeux de circonstances le met en possession du butin considérable d’un hold-up. Que faire de cet argent tombé du ciel ?

Comme l’annonce son affiche, La Chute de l’empire américain est le troisième volet d’une trilogie commencée vingt ans plus tôt. Si Le Déclin de l’empire américain (1986) avait pour thème le sexe et Les Invasions barbares (2003) la mort, La Chute… parle de l’argent et de son pouvoir corrupteur.

J’ai découvert Denys Arcand adolescent. Je me souviens de mon enthousiasme devant Le Déclin… et, trois ans plus tard, Jésus de Montréal. Tout me plaisait dans le cinéma iconoclaste de ce réalisateur québecois : son refus des convenances, son humour corrosif, sa façon ironique de s’emparer des sujets les plus graves et l’exotisme que possède, de ce côté-ci de l’Atlantique, le vocabulaire fleuri de ses acteurs.

Trente ans plus tard, la recette est éventée. La mayonnaise ne prend plus. Si Denys Arcand n’a rien perdu de sa rage contre les inégalités sociales et contre le capitalisme qui enrichit scandaleusement une minorité et laisse sur le trottoir des hordes d’itinérants (québécisme pour SDF), sa façon de le dénoncer fonctionne à vide.

Il invente une histoire abracadabrante autour du butin échu à Pierre-Paul. Pour écouler cette manne, le livreur-philosophe s’entoure d’un repris de justice (Rémy Girard), d’un avocat véreux (Pierre Curzi) et d’une ravissante escort (Maripier Morin qu’on espère revoir très vite). L’enchaînement des situations vise un double but sans toujours l’atteindre : nous faire rire et réfléchir sur le pouvoir corrupteur de l’argent. Mais le scénario souffre d’un vice rédhibitoire : sous couvert d’épingler une société dominée par l’argent, il fait le paradoxal éloge de sa possession.

La bande-annonce

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