C’est ça l’amour ★★★☆

La quarantaine bien entamée, Mario (Bouli Lanners) vit seul avec ses deux filles. Sa femme vient de le quitter. Niki, l’aînée, qui fêtera bientôt ses dix-huit ans, supporte vaillamment la séparation. Frida, la cadette, la vit plus mal. Mais, de tous, c’est Mario qui est le plus désemparé.

Il y a cinq ans, Claire Buger avait réalisé avec Girl Party un premier long métrage bouleversant, l’histoire d’une prostituée vieillissante au crépuscule de sa vie. Elle confirme cette première réussite avec son deuxième film, toujours tourné à Forbach, sa ville natale, mais cette fois ci avec des comédiens professionnels au premier rang desquels Bouli Lanners.

Il est formidable dans le rôle de Mario, cet homme déboussolé par le départ de sa femme, ce père aimant, follement attaché à ses filles. Son amour est si grand qu’il manque basculer dans la folie, maintenant le film sur le fil d’une violence contenue prête à exploser. À la fois nounours et mastodonte, Bouli Lanners a le physique de l’emploi, incarnant à la fois la force et la faiblesse.

Le sujet du film est tristement banal. Il a été traité plus souvent qu’à son tour dans le cinéma, et en particulier dans le cinéma français. Qu’on pense par exemple récemment à Jusqu’à la garde ou à Nos batailles. Le premier racontait avec une glaçante efficacité le harcèlement moral et physique d’un homme sur son ex-femme. Le second – qui n’est pas sans présenter bien des points communs avec C’est ça l’amour – faisait le portrait d’un homme s’efforçant de reconstruire sa vie après la disparition de son épouse.

C’est ça l’amour ne se résume pas au seul personnage de Mario. Film polyphonique, il répond à la question qu’il pose (pourquoi l’absence d’un point d’interrogation à la fin du titre ?) à travers plusieurs personnages. Si on ne la voit guère, Armelle incarne en deux ou trois plans une femme fatiguée, qui aime toujours ses enfants mais ne supporte plus de vivre avec son mari. L’aînée, Nikki, est plus positive, dans ses relations avec ses parents comme avec son copain. La cadette, Frida, est la plus émouvante. Déboussolée par le départ de sa mère, l’adolescente rebelle exprime son désarroi en désobéissant à son père. Parce qu’une camarade de classe lui témoigne de l’amitié, elle se déclare homosexuelle.

La difficulté d’un tel scénario est de lui trouver une fin. C’est ça l’amour s’en était trouvé une, bouleversante, sur fond d’adagio du concerto pour piano de Mozart. Hélas, la réalisatrice a cru bon d’y rajouter une autre scène finale dont elle aurait pu se passer.

La bande-annonce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *