Kajillionaire ★★☆☆

Old Dolio (Evan Rachel Wood) a vingt-six ans. Renfermée sur elle-même, cachée derrière ses immenses cheveux blonds, perdue dans un survêtement trop grand pour elle, Old Dolio est la fille unique d’un couple de vieux marginaux qu’elle n’a jamais quittés. Le trio vit à Los Angeles misérablement, dans un local insalubre dont il peine à régler le loyer, de menus larcins, d’arnaques minables, d’économies de bouts de chandelle. Cet équilibre précaire va céder avec l’apparition de Mélanie (Gina Rodriguez), une jeune et jolie Portoricaine.

Artiste touche-à-tout, Miranda July s’était fait connaître en 2005 par un premier film ébouriffant, Moi, toi et tous les autres, immédiatement récompensé à Cannes par la Caméra d’or et par le Grand Prix de la semaine de la critique. Depuis, plus rien, sinon un deuxième long en 2011 passé inaperçu.

L’annonce de son troisième film avait de quoi faire saliver d’autant que la bande-annonce était particulièrement excitante. On y retrouvait Evan Rachel Wood, l’une des actrices les plus prometteuses et les plus jolies de Hollywood, méconnaissable dans un rôle de quasi-autiste. On reconnaissait Richard Jenkins – que je confonds systématiquement avec Bill Murray – et Debra Winger – l’une des stars montantes des années quatre-vingts qui disparut à quarante ans de l’écran pour n’y revenir que très sporadiquement. Et surtout, on était intrigué par cette histoire d’arnaqueurs foutraquement dysfonctionnels.

Dans quelle direction le film nous entraînerait-il ? Une fable surréaliste sur l’incommunicabilité de nos sociétés contemporaines ? Une arnaque méticuleusement huilée orchestrée par un trio rompu à ce genre de pratiques ? Un drame familial ?

On comprendra progressivement que Kajillionaire (un anglicisme tintinnabulant désignant des multi-milliardaires dont je n’ai toujours pas saisi le rapport avec le sujet du film) est un récit d’émancipation. Il raconte comment, au contact de Mélanie, Old Dolio réussit à se séparer de ses parents, à rompre une relation toxique et à trouver sa propre voie.

En résumant le film ainsi, j’en éclaire le sens. J’en réduit aussi peut-être la valeur. Non qu’il s’agisse d’un spoiler à proprement parler. Mais, une fois que le film est sur ses rails, il perd une grande partie de son intérêt. Certes, il aura mis une bonne demie heure pour y parvenir. Pendant tout ce premier tiers, avant l’apparition du personnage de Mélanie, on se familiarise lentement avec ce trio particulièrement déconcertant. C’est la meilleure partie du film qui remplit les promesses de sa bande annonce.

Mais l’apparition de Mélanie, un personnage presque normal, plein de vie et de sensualité, en modifie le ton et le sens. Le film perd le côté un peu branque que lui donnait son trio de marginaux. Il prend une direction qui ne réserve guère de surprise, même si la scène finale, reconnaissons-le, est particulièrement réussie.

Du coup, je suis sorti de la salle partagé. D’un côté séduit par ce trio original, à mille lieux de l’image idyllique que Hollywood renvoie usuellement de la famille nucléaire. De l’autre pas vraiment convaincu par la façon trop prévisible dont son héroïne saura s’affranchir de l’emprise toxique de ses parents.

La bande-annonce

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