La Nuée ★★☆☆

Jeune veuve, Virginie (Suliane Brahim) s’occupe seule de sa fille et de son fils. Dans une ferme du Lot-et-Garonne, cette jeune agricultrice écoresponsable élève non sans mal des sauterelles dont elle tire une farine hyper-protéinée destinée à l’alimentation animale. Mais sa production n’est pas suffisante pour couvrir ses coûts. Tout change lorsque Virginie découvre par hasard que ses bêtes, trop peu charnues, enregistrent une croissance monstrueuse si on les nourrit avec du sang. Prête à tout pour sauver son exploitation, Virginie se lance dans une surenchère productiviste.

Pour son premier long-métrage, le jeune réalisateur Just Philippot réussit un pari audacieux : mélanger drame rural et film fantastique. Le drame rural, c’est celui que vit Virginie (formidable Suliane Brahim, pensionnaire de la Comédie-Française, dont la ressemblance avec Charlotte Gainsbourg est troublante), façon Petit Paysan. Comme le héros du film multi-primé de Hubert Charuel, Virginie ne réussit plus à joindre les deux bouts au point d’en perdre son équilibre mental et de mettre en danger ses enfants que pourtant elle adore. Elle ignore la main tendue par son voisin, Karim (Sofian Khammes), un vigneron débrouillard secrètement amoureux d’elle et préfère se lancer seule dans un engrenage dangereux.

Le film fantastique, c’est celui qu’annoncent le titre et l’affiche. Il aura fait fuir tous les entomophobes (le mot du jour !), chez qui araignées et cafards provoquent une peur panique. La Nuée serait pour eux une rude épreuve – il est d’ailleurs interdit aux moins de douze ans – qui filme en gros plans ces insectes normalement phytophages, mais qui peuvent parfois devenir prédateurs. Moins réussis, sans doute faute de moyens, les plans larges de nuées de sauterelles que, dans une veine hollywoodienne un peu racoleuse, nous laissait augurer le titre.

Le premier film de Just Philippot fait mouche (humour Télérama). Il nous rappelle Grave, dont il partage la profondeur psychologique et la dérangeante obsession de la chair. Mais il souffre d’un scénario trop lâche qui échoue à installer et à maintenir la tension. On y comprend trop vite qui est le pire monstre du film et on assiste, sans réellement s’y passionner, à son inexorable dérive jusqu’à une conclusion trop convenue qui achève de nous décevoir.

La bande-annonce

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