Ali a douze ans dans l’Iran d’aujourd’hui. C’est un enfant des rues abandonné à lui-même depuis la disparition de son père et l’internement de sa mère en asile psychiatrique. Avec trois camarades, Mamad, Abofazl et Reza, Ali multiplie les rapines. Hashem, le parrain du quartier, lui assigne une mission : retrouver un trésor enfoui sous l’Ecole du soleil. Pour mener à bien sa tâche, Ali et ses trois amis doivent s’inscrire à l’école, qui accueille des enfants sans ressources, et feindre d’en suivre l’enseignement.
Le cinéma iranien jouit en Occident d’un statut paradoxal. Les films iraniens qui y ont le plus de succès sont ceux signés de réalisateurs en conflit plus ou moins larvé avec le régime : Jafar Panahi (Taxi Téhéran, Trois visages), Mohammad Rasoulof (Un homme intègre, Le diable n’existe pas), Ashgar Farhadi (Une séparation, Le Client, Un héros), Ali Souzandeh (Téhéran Tabou). Rien de tel avec Majid Majidi dont la biographie ne porte pas la moindre trace d’une tracasserie policière, d’une mise en résidence surveillée ou d’un refus de visa. De là à le suspecter de faire le jeu du régime des mollahs, il n’y a qu’un pas qu’on s’abstiendra de franchir en se bornant à considérer son dernier film sans le juger sur ses non-dits politiques.
Deux cartons placés au début du film pourraient néanmoins exacerber nos préjugés. Le premier, inutilement bien-pensant, le dédit aux 145 millions d’enfants exploités à travers le monde. Le second invoque le Tout-puissant, dont on comprend mal pourquoi il faut qu’il y soit mêlé.
Des films sur la délinquance juvénile, on en a déjà vu beaucoup, depuis longtemps et sous toutes les latitudes : Los Olvidados au Mexique, Orange mécanique, Sweet Sixteen ou This is England au Royaume-Uni, Les Quatre Cents Coups ou La Haine en France La Cité de Dieu au Brésil, Thirteen aux Etats-Unis, Gomorra en Italie, Beasts of no Nation en Afrique de l’ouest, etc.
Difficile de faire du neuf sur un thème aussi éculé qui creuse jusqu’à l’épuisement toujours la même trame : abandonnés à eux-mêmes des gamins sans repères ont sombré dans la violence mais trouveront le chemin de la rédemption à condition de croiser l’adulte ou la structure qui saura les écouter.
Les Enfants du soleil remplit sagement ce cahier des charges. Il y est aidé par son héros, le jeune Rouhollah Zamani, découvert grâce à un casting sauvage, dont l’énergie lui a valu le prix Marcello Mastroianni du jeune espoir à la Mostra de Venise 2020. À la seule lecture du pitch, je m’étais imaginé la fin du film. Mon intuition péremptoire s’est révélée erronée et le dernier quart d’heure des Enfants du soleil a réussi à me surprendre.