En 1953, dans le West End à Londres, La Souricière, une pièce de théâtre écrite par Agatha Christie, fait un tabac. Un producteur américain en a acheté les droits. Le réalisateur américain (Adrien Brody) qui a traversé l’Atlantique pour travailler avec le metteur en scène anglais est sauvagement assassiné. Un inspecteur de police londonien porté sur la bouteille (Sam Rockwell) est chargé de l’enquête. Une jeune policière zélée mais inexpérimentée (Saoirse Ronan) le seconde.
On a vu tellement de whodunit (une si parfaite expression anglaise à laquelle n’existe aucune traduction adéquate) que le genre, avec ses personnages caricaturaux et ses scènes obligées est devenu indigeste, sauf à lui donner un sacré coup de jeune. Murder Party s’y était essayé en France début 2022 ; À couteaux tirés aux États-Unis fin 2019.
Coup de théâtre prend le parti réussi mais risqué de la mise en abyme. Il s’agit d’un whodunit dans un whodunit : une enquête policière pour élucider un crime commis dans le cadre de l’adaptation au théâtre – et potentiellement à l’écran – d’un roman policier. Une piste s’esquisse rapidement : une clause du contrat signé à Hollywood prévoyant que l’adaptation cinématographique ne pourrait être réalisée que six mois après la fin de l’exploitation, son producteur américain aurait tout intérêt à en interrompre les représentations. Mais, bien évidemment, cette piste est trop évidente pour être la bonne.
Coup de théâtre réussit à merveille à jouer avec les codes du genre. Il nous offre, comme nous nous y attendions, les mêmes ingrédients que ceux qu’on retrouve habituellement dans un whodunit : l’assassinat d’un des personnages, l’enquête confiée à un policier roué et sympathique, la réunion de tous les coupables potentiels pour un dénouement où sera révélée la culpabilité de l’un d’entre eux… Mais il le fait avec un second degré délicieux, comme s’il disait : « Je suis bien obligé de passer par là… mais mon film est plus malin qu’il n’en a l’air ».
L’exercice a ses limites. Coup de théâtre ne révolutionne pas l’histoire du cinéma. Mais il constitue un divertissement intelligent et a sa place dans l’histoire qu’on croyait achevée du whodunit.