Ninjababy ★☆☆☆

Rakel a vingt-trois ans, des rêves plein la tête (devenir astronaute, garde-forestier ou dessinatrice de BD), une vie de bâton de chaise entre soirées copieusement arrosées et amants d’un soir, et un mal au bide qui se révèle bientôt, à sa plus grande stupéfaction, être un fœtus de six mois. Les délais légaux pour avorter sont largement passés. Que faire de ce bébé dont Rakel ne veut pas et qui déjà s’invite dans sa vie sous les traits d’un cocasse personnage de BD ? Le faire adopter par sa sœur qui essaie désespérément de concevoir ? responsabiliser son père génétique, un adulescent égocentrique ? Ou l’élever avec Mos, le professeur d’aïkido dont Rakel est en train de tomber amoureuse ?

Ninjababy nous vient de Norvège – un pays dont l’existence sur la planète cinéma se réduit hélas à un seul réalisateur connu, Joachim Trier (Oslo, 31 août, Julie (en 12 chapitres)…), et un seul acteur, Anders Danielsen Lie. Ninjababy est l’adaptation d’une bande dessinée – ou plutôt faut-il aujourd’hui écrire d’un roman graphique – de Inga Sætre publiée en 2011.

Ninjababy utilise la même technique que celle qu’on voit dans Tout le monde aime Jeanne – et qu’on trouvait déjà il y a près de quarante ans dans le clip iconique du groupe norvégien A-ha Take on Me où une lectrice charmée voyait le charmant garçon de la BD qu’elle lisait prendre vie : des images animées sont surajoutées aux plans filmés et ces personnages imaginaires dialoguent avec les acteurs bien réels. Un moyen graphiquement innovant et scénaristiquement malin de donner corps aux sentiments intérieurs des personnages sans recourir à la voix off.

Rakel incarne un personnage bien de son temps : une jeune femme indépendante qui ne veut pas que la fatalité lui impose un enfant qu’elle n’a pas souhaité. Rakel a ce mélange de dureté et de douceur (dans l’amour naissant qui se noue avec le timide Mos), d’égoïsme et d’altruisme (dans sa relation avec son bébé qu’elle ne veut pas abandonner à n’importe qui) qui la rend éminemment sympathique. Trop peut-être. Le thème de la grossesse non désirée a été si souvent traité au cinéma (4 mois, 3 semaines, 2 jours, Juno, Never Rarely Sometimes Always) qu’il ne surprend guère. Qu’il soit ici traité avec humour et tendresse, sur un mode comique qui dépare avec celui, plus grave sur lequel on le voit d’habitude abordé, ne suffit pas à lui donner beaucoup d’intérêt.

La bande-annonce

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