Journaliste brillante, formée à la dure par le rédacteur en chef du Morning Post, Walter Burns (Cary Grant), qu’elle a épousé avant de s’en séparer, Hildy Johnson (Rosalind Russell) a décidé de quitter le métier pour se marier à un modeste employé de bureau d’Albany. Apprenant la nouvelle, Walter Burns, qui brûle de reconquérir son ancienne épouse, cherche à la retenir en lui demandant de couvrir les dernières heures d’un condamné à mort dont il est persuadé de l’innocence. Hildy, que la passion du journalisme n’a jamais quittée, accepte cette mission et va se retrouver impliquée dans la rocambolesque évasion du prisonnier.
La Dame du vendredi est peut-être un des films hollywoodiens les plus mythiques. Howard Hawks adapte une pièce de théâtre de 1928 The Front Page sur la presse, la justice et la corruption de la politique dont l’action en trois actes se déroulait dans la salle de presse du tribunal de Chicago au-dessus de la potence où un condamné à mort allait être pendu. La pièce n’avait rien de drôle ; mais Hawks en transforme radicalement le sujet et l’esprit en changeant le sexe de son personnage principal, Hildy Johnson, confié sur les planches à un homme. La Dame du vendredi – traduction calamiteuse de His Girl Friday, allusion à peine voilée au Vendredi de Robinson – devient une screwball comedy loufoque à souhait, célèbre pour ses dialogues à la mitraillette.
La Dame du vendredi est aussi un film profondément féministe qui met son héroïne en valeur, dès son premier plan où on la voit traverser majestueusement la salle de presse du Post. Le rôle avait été proposé à Ginger Rogers, Claudette Colbert ou Carole Lombard. Il échut à Rosalind Russell qui n’acquit pas la célébrité de ses concurrentes mais n’en est pas moins éblouissante.
Il est sacrilège de trouver à redire à ce chef d’oeuvre de la comédie américaine. Cary Grant y est d’un charme étincelant. Les dialogues sont un feu d’artifice. Pour autant, à mon grand désarroi, j’avoue que je m’y suis un peu ennuyé. Je m’y suis ennuyé comme je m’ennuie devant La Joconde. Parce que la perfection, à un tel niveau, lasse. Parce que l’oeuvre est trop lisse, trop impeccable, trop prévisible aussi, pour provoquer chez moi une surprise, une interrogation.