L’institut catholique Notre-Dame du Nil est un pensionnat qui forme les jeunes filles de l’élite rwandaise. En 1973, les tensions qui minent la société, divisée entre Hutus et Tutsis, s’y font déjà sentir.
Le roman de Scholastique Mukasonga a obtenu le prix Renaudot en 2012. Largement autobiographique, il racontait la vie des jeunes pensionnaires d’un établissement catholique dont l’innocence se brisait sur le racisme qui monte. Atiq Rahimi le transpose à l’écran. Cet artiste d’origine afghane, qui circule entre littérature et cinéma, est lui aussi un réfugié installé en France. Son roman Syngué Sabour avait obtenu le prix Goncourt en 2008. il en avait supervisé l’adaptation à l’écran en 2012. On comprend ce que le Franco-afghan a trouvé dans le roman de la Franco-rwandaise : le dévoilement d’une violence atavique jamais exorcisée.
Le génocide rwandais a déjà donné lieu à plusieurs films : Hôtel Rwanda de Terry George, Shooting Dogs de Michael Caton-Jones, Un dimanche à Kigali de Robert Favreau, Lignes de front de Jean-Christophe Klotz…
Notre-Dame du Nil ne se déroule pas en 1994 pendant le génocide, mais vingt ans plus tôt. L’idée du film et celle du livre est de dénoncer l’idéologie raciste qui fera vingt ans plus tard le terreau du drame et de la dépister jusque dans les rangs innocents d’un pensionnat de jeunes filles. On y voit quelques adolescentes archétypiques, plus ou moins insouciantes : Gloriosa, la meneuse de bande, fille de ministre, Veronica, la rêveuse, Frida, la starlette, Modesta, la métisse….
Le film est gravement handicapé par deux défauts rédhibitoires. Le premier est la médiocrité de son interprétation. Les jeunes actrices ânonnent leur texte sans charme ni talent. Le second est la confusion du scénario qui essaie sans y réussir de suivre le destin de trop de caractères sans nous permettre de nous attacher à aucun sinon à celui de la « méchante » Gloriosa.