Le Président des États-Unis, sentant sa fin prochaine, inquiet de la politique que suivra après sa mort son vice-président, décide de remplacer son Secrétaire d’État par Robert Leffingwell (Henry Fonda). Mais son choix doit être approuvé par le Sénat. Sa nomination se heurte à l’opposition vindicative du vieux sénateur Seabright Cooley (Charles Laughton) qui reproche à Leffingwell ses sympathies pro-communistes.
Réalisé en 1962, adapté d’un prix Pulitzer, tourné dans les locaux même du Sénat avec une pléiade de stars qui pour certaines avaient été visées dix ans plus tôt par le maccarthysme, Tempête à Washington est un monument un peu indigeste dédié à la démocratie américaine, une sorte de manuel de droit constitutionnel illustré. Son titre original, Advise and Consent, renvoie d’ailleurs directement au pouvoir du Sénat d’approuver les nominations présidentielles, telles celles du ministre des affaires étrangères dont il est ici question.
Il est l’oeuvre d’Otto Preminger, un juif austro-hongoris réfugié aux États-Unis en 1935 qui signa quelques uns des films les plus marquants de l’âge d’or d’Hollywood : Laura (1945) avec Gene Tierney qu’on retrouve dans un petit rôle dans Tempête à Washington, Rivière sans retour (1955) avec Marilyn Monroe et Robert Mitchum, L’Homme au bras d’or (1955) avec Frank Sinatra, Autopsie d’un meurtre (1959) avec James Stewart, Exodus (1960) avec Paul Newman… Dans Tempête à Washington, il confie son tout dernier rôle à Charles Laughton, immense acteur et réalisateur d’un film unique, La Nuit du chasseur, qui éclipse largement Henry Fonda qu’on voit à peine et qui occupe pourtant la tête d’affiche.
Trop fidèle au livre dont il était inspiré, épais de huit-cents pages, Tempête à Washington dure plus de deux heures. S’il multiplie les rebondissements, parfois à la limite de la crédibilité (cellule communiste clandestine, liaison homosexuelle cachée…), il ne le fait pas au rythme auquel les films et les séries contemporaines nous ont désormais habitués. On pourra trouver le temps un peu long. N’en reste pas moins le témoignage magistral d’une certaine époque du cinéma hollywoodien et de la démocratie américaine in progress.
Très dur ! Le film de Preminger m’avait au contraire enthousiasmé à sa sortie, et il a contribué à me donner le goût de la politique. Qu’il ait vieilli pour les habitués des séries contemporaines, c’est plutôt (à mes yeux) un compliment.