Sur le papier, le dernier film de Wang Xiaoshuai avait tout pour séduire. Une retraitée, qui voue sa vie à ses deux fils, est rattrapée par son passé. Red Amnesia joue sur plusieurs registres. Thriller : qui est l’auteur des menaces anonymes qu’elle reçoit ? Portrait de femme : une veuve hantée par des hallucinations. Chronique sociale : le choc des générations dans la Chine contemporaine. Drame historique : comment la Chine panse-t-elle les plaies de son passé ?
Red Amnesia est coupé en deux par un déplacement dans l’espace qui est aussi un saut dans le temps. Aux deux tiers du film, l’héroïne retourne au Guizhou, une région du sud de la Chine où elle a été exilée durant la Révolution culturelle. S’y dévoileront le crime qu’elle avait alors commis et l’identité de celui qui entend lui en faire payer le prix.
Je suis totalement passé à côté de ce programme alléchant. Red Amnesia m’est resté opaque. Je n’en ai pas compris le scénario filandreux, peinant à distinguer les scènes d’hallucination des scènes bien réelles. Et j’ai trouvé que le départ au Guizhou privait le film de son unité.
Mon incapacité à comprendre et à apprécier ce film m’inquiète car elle n’est pas isolée. J’avais eu la même réaction face à The Assassin au début de l’année et face au dernier film de Jia Zhangke, pourtant porté aux nues par la critique en décembre dernier. Est-ce de ma part le symptôme d’un rejet systématique du cinéma chinois construit selon des schémas qui me sont définitivement étrangers ?