Collin est Noir. Il est, pour trois jours encore, en liberté conditionnelle et doit se soumettre à une stricte discipline pour espérer retrouver une vie normale. Son meilleur ami, Miles, un Blanc d’origine hispanique, qui n’a pas les mêmes raisons que Collin de craindre les foudres de la justice, l’entraîne sur la mauvaise pente. Alors qu’il enfreint le couvre-feu auquel il est assujetti après une nuit de beuverie, Collin est le témoin involontaire de violences policières : les dénoncer mettrait en péril sa conditionnelle mais ne rien dire serait une insulte à l’exigence de justice.
Le résumé que je viens de faire de Blindspotting pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un thriller autour d’une bavure policière et du dilemme dans laquelle elle place son héros. Or Blindspotting n’est pas cela, ou plutôt n’est pas que cela. Les deux co-scénaristes, Daveed Diggs et Rafael Casal, qui en interprètent les deux rôles principaux, avaient l’histoire en tête depuis une dizaine d’années et ont chargé la barque au risque de la faire sombrer : Blindspotting évoque donc non seulement les violences policières mais aussi la gentryfication d’Oakland et les discriminations dont sont victimes ses minorités visibles. Le tout sur le mode mineur d’une chronique urbaine façon Spike Lee.
On pourra certes se laisser prendre au charme et à la coolitude de ces deux héros. Mais on pourra tout autant considérer que leurs mésaventures manquent de relief et se laissent oublier sitôt vues.