Valentine Verda a suivi pendant sa dernière année d’enseignement Christine, une enseignante de SVT en classe de seconde au lycée Emile-Dubois dans le 14ème arrondissement à Paris. Professeure principale d’une classe de seconde, Christine s’est tout particulièrement attachée à deux de ses élèves en difficultés : Imane, une jeune fille survoltée, et Salah, un redoublant sur le point de basculer dans la délinquance.
On ne compte plus les documentaires sur le lycée ni les fictions qui le prennent pour cadre. J’ai tendance à fuir les seconds : je n’ai vu ni L’école est à nous, ni La Cour des miracles – même si j’avais beaucoup aimé La Vie scolaire ou bien sûr Entre les murs. En revanche, j’ai un goût particulier pour les premiers que je rate rarement, sans doute attiré par la nostalgie régressive du vert paradis de mes amours enfantines. Au printemps dernier, j’avais beaucoup aimé – et je recommande – Allons Enfants qui filmait une classe de hip hop au lycée Turgot à Paris. Je cite souvent avec enthousiasme Chante ton bac d’abord qui suivait des lycéens de Boulogne-sur-mer durant l’année précédant leur bac.
Cette Générale – du nom de la première générale qui est le graal de tous les lycéens de seconde – est un peu moins enthousiasmante. Elle n’en est pas moins juste et attachante.
La principale vertu de Valentine Varela et de son montage est de rendre justice à ses personnages sans les héroïser : les enseignants comme leurs élèves sont filmés dans leurs vérités, sans encenser leurs qualités (la patience des premiers a ses limites, l’ingénuité des seconds aussi) ni noircir leurs défauts.
Sa caméra a réussi à filmer des scènes étonnantes, comme celle où Imane est surprise en flagrant délit de tricherie ou celles où Salah et sa mère sont reçus par la directrice.
Ce qui frappe dans ce film – mais cette réflexion classe immédiatement celui qui l’énonce – est le désordre et le chahut qui règnent dans ces classes de seconde. On comprend mieux dans quel état les enseignants en ressortent, essorés et amers. On comprend mieux aussi le mode de relation, particulièrement trivial, qu’ils nouent avec leurs élèves, qui est le seul qui leur soit probablement audible.
Ce qui frappe enfin c’est la lucidité avec laquelle ces enseignants considèrent leur métier. Ils déplorent la politique démagogue permettant à tous les élèves qui le souhaitent l’accès au baccalauréat, reculant de quelques années une inéluctable sélection. Mais loin de baisser les bras, loin de céder au laxisme ambiant, ils continuent à enseigner leurs matières et surtout, à entourer de leur aimante vigilance les jeunes dont ils ont la charge. Chapeau !
Merci pour ce commentaires. Je n’ai pas vu le documentaire mais je vous remercie pour ce que vous dites en filigrane du métier d’enseignant.