Julie, une réalisatrice d’une cinquantaine d’années, vient séjourner quelques jours avec sa mère Rosalind dans un hôtel chic de la campagne anglaise. Il s’agit d’un manoir où Rosalind a jadis passé une partie de son enfance. Julie travaille à l’écriture de son prochain film qu’elle souhaite consacrer à sa mère. Les deux femmes sont froidement accueillies par la réceptionniste qui n’accepte qu’après un long conciliabule de les loger dans la chambre au premier étage que Julie avait réservée. La première nuit se passe mal pour Julie, réveillée par des bruits étranges. Pourtant l’hôtel semble curieusement vidé de tout occupant.
La réalisatrice britannique a dû attendre d’avoir dépassé la soixantaine pour que son quatrième film, le diptyque The Souvenir lui permette enfin d’accéder à une célébrité toute relative de ce côté-ci de la Manche. Tilda Swinton y interprétait la mère de l’héroïne. Elle relève ici le défi d’interpréter simultanément les deux rôles de Julie et de Rosalind – avec la même robe vert d’eau que celle qu’elle portait déjà dans The Souvenir.
Sa performance dans ces deux rôles-là force l’admiration : bien sûr, le costume, le maquillage, la coiffure permettent de distinguer immédiatement les deux personnages, mais Tilda Swinton, d’une intonation de voix, d’un silence, réussit, par son seul talent, à leur donner une identité bien distincte. C’est bien sûr l’atout principal du film.
L’inconvénient est qu’il n’en compte guère d’autres. Eternal Daughter emprunte à la veine fantastique sinon horrifique en situant son intrigue dans un manoir lugubre plongé dans la nuit et dans la brume. Cet environnement crée bien sûr une ambiance sombre. Julie est réveillée par des fantômes dont on attend l’apparition sans que cette attente suscite vraiment ni effroi ni impatience. Très vite, on devine le ressort sur lequel le scénario repose. L’intérêt qu’avait suscité le film s’est, sitôt né, déjà évanoui. Dans la brume de la campagne anglaise.