Xavier de Lauzanne, reporter au long cours, a choisi de retourner au Cambodge qu’il connaît bien pour y avoir consacré un précédent film à l’association Pour un sourire d’enfant. Il y raconte l’histoire du Ballet royal du Cambodge, une forme d’art sacré longtemps pratiqué à la cour du roi.
Le Ballet royal se produisit pour la première fois hors du Cambodge en France en 1906. Auguste Rodin, qui était alors au sommet de sa gloire et au crépuscule de sa vie, assista à une de ses représentations à Paris et en fut fasciné. Il décida de le suivre à Marseille et, pendant la semaine qu’il passa en sa compagnie, dessina plus d’une centaine d’aquarelles.
La dramaturgie est rigoureusement codifiée. Quatre personnages principaux interagissent. La gestuelle des danseuses, muettes, au visage hiératique, est leur seul langage.
L’histoire du Ballet royal reflète celle du Cambodge, protectorat français qui accède à l’indépendance en 1953 et qui constitue un îlot de prospérité avant de sombrer dans la guerre civile en 1970. En particulier, le Ballet royal a été frappé, comme l’ensemble de la population cambodgienne, par les crimes de masse commis par les Khmers rouges. 90 % des membres du Ballet royal auraient péri entre 1975 et 1979.
Le documentaire de Xavier de Lauzanne, qui suit le fil de l’histoire, collecte des images d’archives et interviewe quelques grandes figures, notamment la princesse Buppha Devi, la fille du roi SIhanouk, qui fut danseuse, puis chorégraphe et même ministre de la culture, a le grand mérite de nous faire découvrir cet art. Il suit la création du spectacle Métamorphoses, supervisée par la princesse, présenté en 2013 avant de venir à Paris en 2018, et notamment ses deux actrices principales.
Il a toutefois l’inconvénient rédhibitoire de son format guindé, qui conviendrait mieux à une longue publicité de l’office de tourisme cambodgien ou au making-off de Métamorphoses qu’à une œuvre de cinéma.