Nous sommes à Paris au début des années 90. Emma (Lou Lampros) et Sammy (Théo Christine) vivent en couple et viennent d’avoir un petit garçon. Leur nouvel appartement est situé juste au dessus du studio de développement de Cyril (Victor Belmondo), un photographe talentueux en pleine ascension. Irrésistiblement attirés l’un par l’autre, Sammy et Cyril ont une liaison. Mais Cyril est séropositif.
Les tons de l’affiche de Vivre, mourir, renaître m’ont rappelé ceux des Nuits fauves de Cyril Collard. L’association d’idées doit sans doute beaucoup au sujet commun des deux films tournés à plus de trente ans de distance : les amours contrariées au temps du Sida, avec la mort qui rôde.
Que ce film-ci soit signé par Gaël Morel n’est pas anodin. Inconnu du grand public, Gaël Morel est né en 1972 et fut choisi en 1994 par André Téchiné pour jouer le rôle principal des Roseaux sauvages, le portrait largement autobiographique d’un adolescent faisant la découverte de son homosexualité sur fond de guerre d’Algérie. Gay lui aussi, Gaël Morel traversa les années Sida avant de se tourner avec succès vers la réalisation (À toute vitesse, Prendre le large…). Il reste très engagé dans le combat pour les droits LGBT.
Vivre, mourir, renaître pourrait être un marivaudage bisexuel, un Jules et Jim AC/DC (pour reprendre la jolie traduction croate de « à voile et à vapeur ») s’il n’était lesté de l’ombre portée par la menace du Sida. En voyant sa bande annonce, je maugréais in petto, lui faisant le procès de tout nous dévoiler du film. J’avais tort de ronchonner : l’histoire qui y est racontée n’est pas celle que j’avais présagée. Sa construction, ses rebondissements, ses bifurcations m’ont rappelé par leur richesse et les surprises qu’ils ménagent le dernier Ozon que j’avais vu juste avant.
Le trio d’acteurs qui porte le film m’inspire des sentiments contrastés. Ils sont tous plus beaux et plus séduisants les uns que les autres. Au point de soulever un questionnement métaphysique : le cinéma a-t-il le droit (ou le devoir) de filmer des acteurs aussi beaux ? Ne risque-t-il pas ainsi de se couper de la réalité ? Depuis que le cinéma existe, il a toujours mis sous les feux de la rampe les acteurs et plus encore les actrices les plus photogéniques. À cette aune, la stupéfiante Lou Lampros est à couper le souffle. Mais il faut reconnaître que Victor Belmondo, qui toute sa vie devra se battre pour faire oublier son patronyme, et Théo Christine, avec ou sans T-shirt, ne sont pas mal non plus….
Un commentaire un peu léger de votre part je trouve cher Yves … sur un film qui traite d’un sujet lourd si
peu traité dans le cinema français : la mortifère époque du SIDA et qui le fait avec énormément d’amour et de délicatesse … ça ferait du bien aux ados ( si choqués par le consentement) de voir un tel film !