Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde ★★☆☆

Adi, dix-sept ans, est pensionnaire à la ville. Son baccalauréat en poche, il passe les vacances dans le petit village de pêcheurs de ses parents, perdu dans un bras du delta du Danube. Une nuit, il y est sauvagement agressé. Le chef de la police locale identifie rapidement les deux auteurs de l’agression ; mais la découverte de leur mobile va le conduire à chercher à étouffer l’affaire, avec la complicité des propres parents d’Adi et du prêtre de la paroisse.

Le cinéma roumain filme décidément à l’os. Depuis la Palme d’or ô combien méritée de Christian Mungiu, 4 mois, 3 semaines, 2 jours, nous viennent régulièrement de ce pays des films dérangeants qui dénoncent la corruption de l’administration et placent ses personnages face à des dilemmes moraux insolubles. Emanuel Parvu, un acteur dans la force de l’âge, a d’ailleurs joué dans plusieurs d’entre eux : Contes de l’âge d’or, Baccalauréat, Dédales… J’avais beaucoup aimé ces deux films-là : Baccalauréat racontait les compromissions d’un père déterminé à aider sa fille à décrocher le sésame qui lui ouvrirait la porte de ses études supérieures, Dédales la disparition d’une jeune moniale et l’enquête policière menée pour la retrouver.

Présenté en sélection officielle au dernier festival de Cannes, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde souffre, à mes yeux, du handicap de cette lourde généalogie. Je reconnais volontiers que ce défaut est excusable et qu’il ne vaudra pas pour ceux des spectateurs qui iront le voir sans avoir vu au préalable d’autres films roumains.

J’articulerai à l’égard de ce film, au demeurant remarquablement écrit et joué, deux autres griefs. Le premier est d’avoir pour mobile une situation qui, pour désolante qu’elle soit, est passablement banale et surtout politiquement très (trop ?) correcte : l’homophobie ordinaire d’une campagne reculée. Le second de se conclure par une fin prévisible, où tous les protagonistes trouvent leur compte, quitte à bafouer la Justice.

La bande-annonce

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