Chroniques chinoises, dont le titre original An Unfinished Film est plus parlant, est un vrai-faux documentaire qui raconte le tournage de deux films inachevés. Le tournage du premier, un drame sentimental, s’est interrompu à la fin des années 2000 faute de financement. Le producteur et le réalisateur décident de réunir l’équipe du film pour l’achever dix ans plus tard. Mais ce second tournage sera lui-même à son tour interrompu par l’épidémie de Covid et par le confinement.
Chroniques chinoises présente un double intérêt.
Le premier est de nous plonger au cœur d’une équipe de production en pleine réalisation d’un film, comme l’était l’équipe libanaise de Danses sur un volcan ou l’équipe française de Coupez !
La seconde, de loin la plus intéressante, est de nous faire revivre les premiers jours du Covid. Le film nous montre comment les autorités chinoises ont brutalement réagi à l’épidémie en confinant sans préavis tous les cas-contacts. Cette présentation devrait faire réfléchir tous ceux qui, en France, criaient à la dictature, leur montrant ce qu’est une vraie dictature. Mais au-delà du cas chinois, ce documentaire nous fait revivre des heures que nous avons tous traversées et qui nous auront marqués à jamais : où étions-nous quand l’épidémie a éclaté ? comment y avons-nous réagi ? avec indifférence ? avec panique ? comment avons-nous vécu le confinement et parfois l’éloignement de nos êtres chers ?
Le Covid aura été, dans nos histoires individuelles et dans l’histoire du monde, un événement exceptionnel. Il est passionnant de voir comment le cinéma s’en empare, ce qu’il a à en dire, comment il entend le raconter…. Je réfléchis au plan en deux parties et deux sous-parties d’un article intitulé « Covid et cinéma » : I. Le Covid a arrêté la production cinématographique (A) et l’a mise au défi de se réinventer (B) II. Le cinéma a fait du Covid depuis 2020 un de ses thèmes de prédilection, soit qu’il nous raconte le déroulement de la crise (A), soit qu’il en fasse une métaphore du monde à venir (B).