Joseph Cross (Vincent Lindon) dirige un chantier de BTP en cours d’achèvement. Mais après avoir reçu un coup de téléphone, il le quitte à la hâte pour rouler jusqu’à Paris. Dans sa voiture, muni de son seul téléphone sans fil, il expliquera à ses collègues et à ses proches la raison de son choix.
J’avais décidé avant de le voir que j’adorerais ce film. Parce qu’il se déroule du début jusqu’à la fin dans la voiture de Cross, sans jamais la quitter. parce qu’on n’y verra qu’un seul acteur – même si on s’amusera à deviner l’identité des autres dont on entendra seulement la voix (j’ai confondu Micha Lescot et Eric Caravaca). Et parce que j’adore ce genre de « dispositifs », ce genre de défis que des scénaristes audacieux se lancent à eux-mêmes : faire tenir un film tout entier dans un canot de sauvetage (Lifeboat), dans une cabine téléphonique (Phone Game) ou dans un cercueil (Buried).
Certes le pari cinématographique est tenu. Le film, d’une remarquable brièveté (une heure et seize minutes à peine), se déroule tout entier dans une voiture. Il faut tirer un coup de chapeau au directeur de la photographie et au monteur pour avoir réussi à filmer des plans qui ne sont jamais monotones ou répétitifs.
Le problème vient plutôt du scénario. Pour fonctionner efficacement, il aurait dû reposer sur une énigme qui se dévoile lentement et multiplier les rebondissements. L’énigme ? Elle est dévoilée au bout de quelques minutes à peine où l’on comprend les motifs de cette longue équipée automobile. Les rebondissements ? Il n’y en a aucun, le film se contentant de mettre en scène Cross face à sa femme, ses enfants, son second, dépassé par la tâche qui lui a été laissée, son patron, furieux de son abdication.
Jusqu’au titre du film lui-même qui me laisse dubitatif. Où est le choix qu’il nous promet sinon dans celui que Cross a fait dès la première minute du film et dont il ne déviera pas ?