Le Quatrième Mur ★★☆☆

Georges (Laurent Lafitte), un metteur en scène parisien, a promis à Sam, un ami juif mourant, homme de théâtre comme lui, de mener à bien le projet que ce dernier a entrepris au Liban : y monter Antigone avec des acteurs de toutes les communautés.

David Oelhoffen, habitué aux films testostéronés (Les Derniers Hommes en Indochine, Frères ennemis dans le 9.3, Loin des hommes en Algérie) adapte le roman de Sorj Chalandon, prix Goncourt des lycéens en 2013. L’auteur est devenu si célèbre (chacun de ses livres est désormais un best-seller), Le Quatrième Mur fut si populaire (j’ai découvert à ma grande surprise que beaucoup d’amis étaient entrés dans son oeuvre par ce titre-là) que son adaptation à l’écran était assurée d’attirer un large public.

J’ai gardé du livre un souvenir excellent, mais hélas trop brumeux pour savoir si le film lui était ou pas fidèle. En particulier, je ne me souviens pas de cette fin-là, et remercie par avance mes amis moins amnésiques que moi de me dire en mp ce qu’il en est.

On voit d’abord Georges arriver au Liban en 1982 et y découvrir stupéfait un pays déchiré par la guerre. La naïveté comme la nécessité de son projet lui sautent aux yeux : rien de plus futile que de monter une pièce de théâtre dans un pays en guerre, rien de plus nécessaire en même temps que de faire jouer ensemble des acteurs issus de communautés qui se haïssent. Le candide Parisien est pris sous sa coupe par un Druze bourru (Simon Abkarian égal à lui-même) et par sa famille aimante. Il a choisi pour le rôle d’Antigone une jeune enseignante palestinienne (Manal Issa, la révélation de Peur de rien, qu’on avait revue sans déplaisir dans Ulysse et Mona, Mon tissu préféré. et Memory Box) avec laquelle il a tôt fait de nouer une idylle.

À cette première partie, rythmée par les répétitions de la pièce, qui deviennent vite répétitives, succède une seconde, plus dramatique. On ne dira pas quel en est le facteur déclenchant, même s’il ne faut pas être grand clerc pour le deviner quand on sait que l’action se situe à Beyrouth à l’été 1982. Le drame qui éclate – c’est le cas de le dire – est glaçant. Il leste le film (et le livre ?) d’une gravité inattendue et, scénaristiquement parlant, bienvenue. Rien n’aurait été plus bisounours qu’une fin bien-pensante qui aurait vu, le soir de la première, les acteurs triompher devant un Liban enfin réconcilié. Dieu (oui, mais lequel ?!) merci, la fin de ce Quatrième Mur est autrement plus sombre.

La bande-annonce

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