La réalisatrice Sandrine Mercier a grandi à la campagne. Comme beaucoup de Français, elle a quitté son village natal pour faire sa vie. La quarantaine, elle décide d’interroger son choix en plantant sa caméra dans une petite ville du Gers, dans cette « diagonale du vide » qui coupe la France en deux. Elle y filme son alter ego, Anaïs, une jeune lycéenne de dix-sept ans qui, après son bac, a décidé de partir d’étudier les langues étrangères à Pau.
Elle y filme également la fanfare municipale dans laquelle Anaïs joue de la flute traversière, dirigée par Thierry, un professeur de musique dévoué corps et âme.
Se souvenir des tournesols creuse un sillon qui n’a rien de très novateur. On ne compte plus les documentaires ou les œuvres de fiction qui suivent, pendant quelques semaines ou pendant quelques mois, des lycéens à un moment charnière de leur vie. Je cite souvent Chante ton bac d’abord, sorti fin 2014, qui m’avait particulièrement séduit ; mais on pourrait en citer d’autres : Château rouge, La Générale, Allons enfants… Pas plus tard que le mois dernier, Guillaume Brac lui en consacrait encore un, particulièrement réussi, sur une classe de terminale d’un pensionnat drômois, Ce n’est qu’un au revoir.
La semaine dernière, le film qui ouvrait le festival de Cannes, Partir un jour, avait aussi pour héroïne une jeune femme qui revenait au bercail et interrogeait sa décision d’en partir quelques années plus tôt. Et La Venue de l’avenir racontait l’histoire d’une jeune Normande montée à Paris à la Belle Époque.
Dans cette avalanche de films, Se souvenir des tournesols, malgré la joliesse de son titre et la sincérité de ses personnages, ne se distingue pas. Il souffre d’un handicap paradoxal : son héroïne, Anaïs, est trop jolie pour le rôle. On comprend ce qui, dans sa beauté, a attiré l’œil de la réalisatrice. Mais hélas, rien sinon sa plastique parfaite n’a d’intérêt dans son personnage trop lisse.