Dans la Savoie des années 70, Jeanne (Clara Pacini), une jeune orpheline, fugue de son foyer. Elle trouve refuge dans un hangar de la ville voisine qui abrite, le temps d’un tournage, les décors d’un film, La Reine des neiges. La diva Cristina Van der Berg (Marion Cotillard) interprète le rôle principal et fascine Jeanne.
Née en 1961, diplômée de l’Idhec, l’ancêtre de la Fémis, Lucile Hadzihalilovic est l’auteur d’une œuvre rare, d’une grande cohérence, constituée de quatre longs métrages à peine. Tournant le dos aux engagements politiques et sociaux de ses camarades de promotion (Laurent Cantet, Robin Campillo, Dominik Moll…), elle a opté pour un cinéma purement esthétique, hors du temps, flirtant avec le conte. L’enfance et les démons qui la hantent constituent son terreau de prédilection : Innocence, son premier film sorti en 2005, se déroulait dans un pensionnat de jeunes filles, Evolution, son deuxième en 2016, mettait en scène de jeunes garçons soumis à d’inquiétantes expérimentations, Earwig son troisième en 2023 avait pour héroïne une jeune femme édentée appareillée avec un dentier en verre.
La Tour de glace est tout aussi bizarre, tout aussi envoûtant que ces précédents films. Il est construit autour de la fascination qu’exerce sur la jeune Jeanne, une star de cinéma qu’on croirait tout droit sortie d’un magazine de mode. Marion Cotillard – qui en faisait la promotion sur France Télévision devant Léa Salamé avant d’être maladroitement interrogée sur son couple – y est plus impériale que jamais. Son interprétation convoque les grandes figures du cinéma : Marlene Dietrich, Greta Garbo, Delphine Seyrig dans Les Lèvres rouges…
On peut se laisser hypnotiser par cette œuvre hypnotisante. Le Monde s’y est laissé prendre qui y voit un chef d’œuvre. J’avoue hélas être totalement hermétique à ce cinéma-là où je m’ennuie ferme, d’autant que le film dure presque deux heures. Envoutant et scintillant pour Le Monde, La Tour de glace m’a semblé surtout ennuyeux et kitsch.